Ian se demandait si il rêvait. Son dos frôlait la pierre froide, gelée. Les écritures sur le mur prouvait bien qu'il n'avait pas été le premier à passer là. Des mots sans sens particulier s'alignaient, donnant une atmosphère malsaine à la pièce. La luminosité inexistante et les morceaux de peinture arrachés n'arrangeaient rien.
Le jeune homme grelottait. Pas seulement de froid. Il avait peur. Il savait que c'était ce soir. Ce soir. Il ne réalisait pas totalement. Il flottait dans une espèce d'inquiétude inconsciente.
Ian se souvenait encore de ce jour où tout avait basculé. Il pouvait décrire la ruelle dans les moindres détails, des mots ses mots exacts. Oui, ses mots à lui, lui qui gisait sur le sol quelques secondes plus tard. Pour une simple insulte.
Ian ne s'en sentait plus coupable. Mais il admettait qu'il avait légèrement abusé. Pour une simple insulte.
Le procès avait été un des plus courts de l'histoire. Tout accusait Ian, qui démentait pourtant de tout son cœur. Il pensait que ça le sauverait. Qu'ils le croiraient. Mais il n'en fut rien.
La sentence est tombée. Mort. Ian devrait mourir.
Il se souvenait des pleurs de sa mère. De ses cris déchirants. Il ne comprenait pas, l'information ne pénétrait pas son cerveau; il allait mourir.
Puis, laissé à l'abandon dans sa cellule, durant des heures et des heures, il comprit peu à peu.
C'était trop dur à accepter.
Non.
Il ne mourrait pas.
Il ne voulait pas.
NON.
Le vide se fit doucement autour de lui. Ses amis lui rendirent visite quelques fois, jusqu'à ce qu'il les quitte. Il aurait voulu qu'ils fomentent un plan pour le faire s'échapper. Au moins qu'ils essayent. Pour le geste, pour l'espoir. Un plan qui ne se mettrait jamais en place. Mais un plan tout de même.
Ils n'en firent rien, et il les jeta sans regret.
De toute façon, il allait mourir.
Quelle importance?
Ian était maintenant assis sur sa couchette. Le dos contre le mur froid, les yeux rivés sur les mots gravés sur le mur opposé. Il savait que les minutes étaient comptées.
Tic, tac, tic, tac. Ian comptait les secondes dans sa tête.
10...
60...
457...
La porte grinça. Ian ne tourna même pas la tête. Le gardien lui demanda de se lever, de le suivre, selon la procédure. Ian y obéit sans réfléchir. Il n'avait pas besoin de penser. Plus maintenant. C'était fini.
La chaise était confortable. Les électrodes pas trop dérangeantes.
Sa mère était assise au premier rang, son visage baigné de larmes.
De l'autre côté, sa mère. Elle le fixait avec une certaine satisfaction, mélangée à cette haine qu'elle affichait depuis le procès. Ian ne lui prêta aucune attention.
Dans le fond, derrière sa propre mère pleurante, certains de ses amis, dont il n'avait plus beaucoup de souvenirs, qu'il avait jeté sans regret.
Ian ne ressentait rien pour ce spectacle. Ni pour sa mort. Ni pour rien.
Le monde continuera de tourner. Rien ne changera.
L'obscurité brouillait sa vue, le laissant partir doucement. Le vide total s'installa. Puis. Plus rien.
Anyway the wind blows.
VOUS LISEZ
Cimetière verbal [RECUEIL DE TEXTES]
PoetryCi-gisent mes textes morts trop tôt. Tous mes textes qui n'auront jamais de fin. Tous ceux dont la vie ne dépasse pas un unique chapitre. Tous ceux me permettant de me vider intérieurement. Tous ceux dont le style est plus que médiocre. Qu'ils repos...