"Pardonnez, si j'achève en peu de mots un récit qui me tue. Je vous raconte un malheur qui n'eut jamais d'exemple. Toute ma vie est destinée à le pleurer. Mais quoique je le porte sans cesse dans ma mémoire, mon âme semble reculer d'horreur, chaque fois que j'entreprends de l'exprimer."
L'Abbé Prévost, Manon Lescaut. 1731Depuis ce jour, ma vie n'est que souffrance.
Arriverais-je à m'en remettre ?
Quand est-ce que mon coeur oppressé de douleur sera enfin libéré de ce poids qui me ronge ?
Oh ! Comme je m'en veux de n'avoir rien pu faire !
Je sens mon âme s'éteindre peu à peu, hantée par ces cris incessants d'effroi et de supplice qui résonnent constamment dans ma tête. Les images du passé me reviennent sans cesse.
Des cicatrices recouvrant entièrement son corps fragilisé par toutes ces contusions laissées.
Chaque matin, c'était le même refrain. Je la voyais, les yeux rouges, gonflés, versant des torrents d'eau salées sur le reste de son visage pétrifié.
Mais qu' aurais-je pu faire ?
Une vague de peur s'engouffrait en moi, prenant possession de mon être et aucune parole ne pouvait s'en échapper.
Je restais là, immobile, complètement tétanisé, dépourvu de mes sens.
Ah ! Quel malheur ! J'aurais dû éviter ce désastre ! Quel fléau...
J'aurais du la délivrer de cet enfer.
Cette histoire me ronge de l'intérieur. Je suis destiné à vivre avec ce lourd secret, qui, chaque jour, m'angoisse, me fait perdre la tête, me tue.
Mon dieu, je t'en supplie ! Continuer ce récit serait me conduire à une mort certaine.
Elle ne mangeait plus. Sa chair, devenue bleuâtre, voire livide, semblait sans vie. J'ignorais qui et pourquoi on lui infligeait tant de souffrance mais je savais que je devais rester dans le silence. Je n'osais rien dire, par peur ou par lâcheté peut-être. Si elle savait comme je m'en veux ! J'aimerais tant pouvoir remonter le temps et faire disparaître toutes ces douloureuses blessures. Plus les jours défilaient, plus elle s'affaiblissait. Elle vivait un cauchemar éveillé et je n'étais pas en mesure de l'aider.
Ô ma tendre soeur ! Toi qui m'est encore si chère. Je savais bien que tes innombrables tourments briseraient le lien qui nous unissait. Ton cœur rempli d'amertume et de chagrin a fini par consumer tout ton être.
Devant mon impuissance, ton ultime regard, ce regard funeste, m'a poignardé en plein coeur, laissant apercevoir les portes du trépas...
Sentant mon âme défaillir, j'achève un récit qui m'est impossible de poursuivre. J'aimerais pouvoir tout effacer, tout oublier, mais par malheur, le monde sait bien que les souvenirs restent et demeurent au plus profond de notre coeur.
VOUS LISEZ
Sombres pensées
PoetryJ'ai écrit plusieurs poèmes assez sombres que j'aimerais faire partager , alors n'hésitez pas à me donner vos avis.