Mes larmes coulaient encore sur la lettre qu'elle m'avait laissée la semaine précédente. Un simple mot doux disant qu'elle ne trouverait plus de sourire aussi beau que le mien, que la lueur dans mes yeux lui manquerait, mais aussi et surtout, qu'elle m'aimait. Elle m'aimait. Dans ce cas pourquoi ne pouvait-elle plus me revoir ? Étais-je si différente de son monde ? Peut-être que le fait que je sois une simple mortelle ne jouait pas en ma faveur... Pourrais-je la revoir un jour ? Je l'ignorais. Et pour être honnête, je ne voulais pas vraiment le savoir. La vérité m'effrayait tant.
Je marchais donc dans les rues froides et désertes de New York, aucune destination en tête, aucune envie à part d'oublier. Oublier le mal-être, oublier le malheur, oublier ce que j'avais pu faire, et apprendre à renaître. Je me dirigeais vers la maison de Camila sans vraiment m'en rendre compte. Sûrement l'habitude.
La pluie commençait à tomber. Je mis alors mes mains dans les poches de mon manteau puis sentis un petit objet plat à l'intérieur. « Son pendentif. » pensais-je. Puis, je réfléchis longuement et serrai cet objet précieux de ma main glacée. Qu'aurait-elle pensé si elle avait été avec moi ? Que m'aurait-elle dit en cet instant ?
Une vie heureuse est possible, une vie mouvementée l'est également, et les deux sont compatibles. J'avais eu cette chance, cette chance d'avoir ma vie remplie d'un bonheur presque irréel jusqu'à cette nuit. Cette chance de rester moi quoi qu'il arrive. Cette chance de réaliser mes rêves. Elle m'avait donné cette capacité à aimer et à offrir sans attendre en retour. Une vie parfaite, un Moi parfait. Trop parfait peut-être, mais je ne l'ai probablement jamais méritée puisque j'ai osé la faire souffrir, l'anéantir, la tuer. Elle ne m'en voulait pas, ne me l'avait jamais reproché car elle m'avait toujours aimée. Toujours protégée, au risque de sa vie. Voler une âme, comment quelqu'un peut-il être si cruel ? Je ne le savais pas, je ne savais plus. Peut être l'avais-je su ? Mais je ne le crois pas. En tout cas, je l'eus été. Moi, une adolescente, j'avais enlevé la vie à mon âme sœur. J'avais pris, non sans remords, le dernier souffle qu'elle avait eu. Elle m'avait donné ce dernier souffle afin de me faire revivre dans cette chambre où j'étais enfermée depuis des mois, peut être même des années. À mon réveil, mon amour n'était plus. Mon âme sœur était partie vers d'autres horizons que je ne pouvais atteindre.
Camila. C'est un si joli nom. J'aurais aimé le prononcer encore et encore seulement, chaque fois que j'essaye je ne peux retenir mes larmes.
Depuis cette nuit, tous mes projets semblaient s'écrouler un par un. Je n'ai plus été capable d'aimer. Je n'aime plus personne à part elle. Camila. Peu importe mon nom où mon âge. Finalement mes envies, ma joie, ma tristesse, tout cela ne comptait pas. Elle me protégeait et me protège encore, je le sais, je le sens. Son souffle froid qui berce mes nuits.
Elle m'a dévoilé son secret, ses ailes. Maintenant j'en suis certaine, les Anges existent. Moi, Lauren Jauregui, j'honorerai à jamais cette magnifique jeune femme qui m'avait tant donné même avant de me rencontrer. Je t'aime ...
