Double lame

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     Le bruit des vagues s'écrasant contre les rochers. Personne aux alentours. Le soleil se couche. Je viens ici tous les soirs. C'est mon endroit secret. Je regarde le solei, écoute les vagues, loin des soucis quotidiens. Cette falaise, ces récifs, cette baie, elles m'appartiennent. Comme des centaines de fois auparavant, j'observe minutieusement ce qui m'entoure. Les rochers, comme à l'habitude, sont rongés par les années, érigés comme des pics, pointus, presque menaçants. Le sable en contrebas est jaune, mais il vaut mieux ne pas s'y rendre, le nombre de bouts de verre et de coquillages coupants est incroyable. L'eau, quant à elle, est toujours aussi impressionante. D'un bleu sans fin durant les belles heures de la journées, elle se teinte de sang aux coucher du soleil; elle est rouge, presque opaque. Mais ce que je préfère de loin dans ce paysage, c'est le soleil, profond, chaleureux et protecteur. J'ai toujours eu l'impression qu'il me comprenait tellement mieux que père et Jon. Ou même que n'importe lequel des domestiques d'ailleurs. Cependant, ce soir, le soleil ne me réchauffe pas. J'ai beau le regarder encore et encore, mon coeur reste tout aussi froid. Jon est meilleur. Il l'a toujours été. Que ce soit à l'école ou à la maison lors des entraînements, il gagne toujours. J'espèrais que ma plage et mon soleil me réconforteraient, comme c'est le cas tous les jours, mais c'est plutôt l'inverse qui se produit en ce moment. Je frissonne. Il faut que je rentre, père sera fâché sinon.

     Je prend le chemin retour. J'habite sur une île, au large d'Isragas. Il y a des forêts un peu partout, beaucoup de plages, et tout de même pas mal d'habitants. 80 000 je crois, je ne suis plus sûr. Jon saurait lui. Sur le chemin du retour, je me sens mal à l'aise. Il y a quelque chose d'étrange. Pourquoi est-ce que je me sens oppressé? Je marche un peu plus vite. Je regarde ma montre, 18H38. Il devrait encore faire jour, alors pourquoi fait-il si sombre? Si noir? Voyons, je dois être plus fatigué que je ne l'aurais imaginé. Il y de cela une heure ou deux, Taru nous faisait esquiver ses coups. Jon s'en est superbement bien sortit....contrairement à moi. J'ai des bleus un peu partout, surtout au niveau du torse, là où Taru m'a touché à de nombreuses reprises avec l'extrémité de son bâton. Père complimente toujours Jon et jamais moi, mais ce n'est pas juste. Jon possède une quantité de magie absolument titanesque, près de 200 kis  tandis que la mienne ne dépasse même pas les 28 kis. C'est injuste.

     Je vois le portail de la maison. J'espère que c'est Thomas qui le gardera, comme ça peut-être m'offrira t-il un bonbon. Je me met à courir à l'idée du savoureux bonbon. En arrivant au portail, personne ne m'attend. Un doute me prend. Serais-je revenu trop tard? Si c'est le cas, je dois m'apprêter à recevoir la punission de père. Je pousse le portail. Thomas, Fares et Rebecca sont au sol, sur le sable blanc qui recouvre le jardin figé. Mais, pourquoi est-il tout rouge? Je m'approche de Thomas. "Thomas, tu sais si père m'attend?" Pas de réponse. je le secoue. "Thomas!". Toujours aucune réponse. J'ai peur. J'essaye de réveiller Fares et Rebecca, sans plus de succès. Je cours dans la maison. En passant la porte, je trébuche sur quelque chose. Aïe, je me suis râpé le coude. Je me retourne pour voir sur quoi j'ai buté. Jon. Je sens des larmes le long de mes joues. Non. Non! Je viens de comprendre. 

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⏰ Dernière mise à jour : Jan 05, 2014 ⏰

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