La Dernière Enchanteresse: L'Héritage d'Ailén

Chapitre II

- Marah ! m'écriai-je, de l'excitation dans la voix. Viens ! Vois voir ce que j'ai trouvé !

Ma sœur s'approcha et se pencha au-dessus de l'eau, cherchant ce qu'il y avait de si pressant. Je pointai du doigt ce que j'avais repéré.

- Oh ! fit-elle en le voyant enfin. Qu'est-ce que c'est ? Un bijou ?

En effet, au fond du bassin brillait ce qui ressemblait étrangement à une bague. Je l'avais repérée grâce à l'éclat qui sortait de la vase accumulée au fond du lavoir. Intriguée, je tendis la main pour l'attraper. L'eau froide me fit d'abord reculer. Nous n'étions qu'en mars et le soleil ne chauffait pas assez pour réchauffer l'eau. Je pris mon courage à deux mains et plongeai mon bras entier dans l'eau, me penchant un peu plus au-dessus du bassin.

- Attent... commença Marah.

Trop tard. La main qui me tenait sur le bord du bassin glissa et je plongeai la tête la première dedans. Heureusement, l'eau n'était pas profonde mais qu'est-ce qu'elle était froide ! Je sortis bien vite la tête de l'eau, de peur d'avaler la vase qui avait été remuée par ma chute. Sur le bord, je vis Marah, agenouillée, qui pleurait de rire en se tenant les côtes. Elle n'était pas loin de se mettre à rouler par terre.

- Oh Asia ! Si seulement... si seulement tu arrivais à voir ta tête ! arriva-t-elle à articuler. On dirait un phoque vexé !

Trempée, et néanmoins toujours assise dans le bassin, je joignis mon rire au sien. Cela dura presque trois minutes, sans pouvoir nous arrêter. Nous finîmes tout de même par nous calmer. Je me hissai de nouveau sur le bord du bassin. Assise, les pieds toujours dans l'eau – mouillée pour mouillée - j'ouvris la main droite, que j'avais réussi à garder serrée sur ma prise en tombant. A l'intérieure, outre de la vase, se trouvait la bague. Je la pris entre mes doigts pour l'observer. Elle semblait être en argent, ou bien en or blanc. La forme était celle d'un oiseau, tournant autour du doigt, tout en restant très fine, et à la place de l'œil brillait une minuscule pierre bleue. Elle était magnifique. Je la trempai dans l'eau pour enlever un maximum de saletés et la mis à mon majeur droit pour observer l'effet. Un jet d'eau froide en pleine figure me ramena à la réalité.

- Allez, Gollum, on se réveille !

Je me rendis compte que je tremblais de froid. Je me levai et Marah m'imita. Je lui montrai la bague de plus près.

- Je me demande bien à qui elle a pu appartenir, dit-elle.

Quant à moi, je me demandais surtout depuis combien de temps elle était là. Elle n'avait pas l'air abimée du tout, comme si elle était tombée dans l'eau à peine une heure plus tôt.

Noah passa la tête dans ce qui devait être autrefois une ouverture.

- On rentre, les fi... Asia, tu m'expliques ce que tu fais dans cet état ?

Je jetai un coup d'œil à Marah. Et le fou rire nous repris de plus belle.

Asia se réveilla en sursaut, ses écouteurs tombant sur l'oreiller. Dehors, il faisait déjà nuit. Elle regarda son réveil et vit qu'il était plus de minuit. Elle remarqua un papier posé au pied de sa lampe de chevet. Elle reconnut tout de suite l'écriture de sa mère :

On n'a pas eu le cœur de te réveiller. Si tu as faim,

ton assiette est dans le frigo.

Bonne nuit !

Elle sourit. Ses parents étaient des amours. Elle fut tout de même étonnée que Noah ne l'ai pas réveillée, rien que pour l'embêter. Il en était parfaitement capable. Laissant le papier traîner sur son lit, elle s'approcha de sa fenêtre et regarda derrière, vers la forêt. Le rêve qu'elle venait de faire n'était pas un cauchemar, pour une fois. C'était un souvenir.