La Dernière Enchanteresse: L'Héritage d'Ailén

Chapitre III - Partie 1

- Sérieusement Asia, cet acteur est un génie ! s'exclama Camille. Et puis il est mignon en plus.

Elles étaient toutes les deux affalées sur le lit d'Asia, l'ordinateur portable de cette dernière posé sur le lit, un livre glissé en dessous pour qu'il ne chauffe pas trop. Camille avait décidé qu'elles passeraient leur samedi à regarder des films de Noël. Le fait que Noël était déjà passé depuis plus d'un mois ne semblait pas la déranger outre mesure. Elles venaient de terminer le deuxième film et les yeux d'Asia commençaient à sérieusement fatiguer à force d'être fixés sur un écran. De plus, la nuit précédente avait encore été rude. Ses cauchemars empiraient. Cela faisait presque trois semaines qu'elle s'était réveillée avec des marques sur les bras pour la première fois. C'était devenu systématique maintenant, si bien qu'elle était obligée de toujours avoir les bras couverts. Ses cauchemars devenaient plus violents, plus effrayants. Le corbeau continuait de l'attaquer, pour l'empêcher d'approcher Marah. Lors de son dernier rêve, une tempête faisait rage. Sa sœur s'était alors mise à lui parler. Elle ne faisait plus que la supplier de l'aider, on aurait dit qu'elle essayait de lui dire quelque chose d'important. Malheureusement, la voix de Marah avait été presque totalement recouverte par le bruit du vent qui soufflait autour d'elles. Asia n'avait entendu qu'un seul mot : bean sidhe.

- Allô, planète Asia, ici la Terre !

Asia sursauta quand Camille passa sa main devant ses yeux. Elle avait été tellement plongée dans ses pensées qu'elle en avait oublié que sa meilleure amie était là, à lui parler des films de Noël.

- Désolée, j'étais ailleurs. Dis, ça te dirait qu'on fasse une pause des films de Noël et qu'on aille faire un tour à la bibliothèque ? Histoire de nous reposer les yeux.

Camille parut un peu déçue mais accepta, après lui avoir fait promettre de regarder un dernier film en revenant. C'était la mère de Camille, une écossaise pleine de joie de vivre, qui gérait la bibliothèque. Elles s'emmitouflèrent dans leur manteau, et sortirent, leur bonne enfoncé jusqu'aux sourcils.

Dehors, il neigeait. C'était loin d'être une tempête de neige car seulement quelques petits flocons tombaient autour d'elles et ça ne tenait même pas au sol. Il n'avait pas neigé depuis des années mais Asia était toujours émerveillée par la neige. Cependant, elle espérait quand même que ça n'allait pas durer trop longtemps car les transports publics avaient une certaine tendance à être paralysés au moindre flocon, ce qui entraînait en général un véritable chaos.

Elles descendirent la rue tranquillement, en discutant des deux films qu'elles venaient de voir. Camille était absolument fascinée par l'acteur principal du deuxième film mais Asia préférait quand même le premier. Le village n'était pas très grand. C'était un vieux village de campagne, avec des maisons construites majoritairement en pierres et dont l'âge moyen était relativement élevé. Aussi loin qu'elle s'en souvienne, Asia avait toujours vécu ici avec sa famille. Ces rues, elle les connaissait par cœur et de par la petite taille du village, elle connaissait également une grosse partie de la population.

Quand la bibliothèque apparut enfin au bout de la ruelle qu'elles venaient d'emprunter, Camille se tourna vers son amie, les yeux pétillants.

- On fait la course ?

Sans attendre la réponse d'Asia, elle se mit à courir. Asia lui emboîta le pas. Bien qu'elle ait toujours été plus sportive que Camille, cette dernière l'avait prise par surprise et elle n'arriva pas à la rattraper. Elle arriva quelques secondes après son amie. Elle se plia en deux, posant ses mains sur ses genoux le temps de reprendre son souffle.

- Bien joué ! reconnut-elle.

Comme elle n'obtint pas de réponse, elle releva la tête pour regarder Camille. Celle-ci regardait quelque chose dans la bibliothèque à travers la porte en verre, les sourcils froncés. Asia tourna la tête pour voir de quoi il s'agissait et vit que la mère de Camille était en train de discuter avec un jeune homme aux cheveux noirs.