J'ignorais totalement comment j'allais me sortir du guêpier dans lequel Mademoiselle Robs – la nouvelle prof de littérature – m'avait involontairement placée.
Sous prétexte de faire connaissance et de lier de nouvelles amitiés, elle avait décidé d'organiser ce qu'elle appelait un « Noël mystère » avec les élèves de ma classe de terminale. Dans la limite de trente dollars, chaque élève devait offrir de façon anonyme un présent à un camarade de classe désigné par le hasard.
Enfin la prof avait insisté sur le mot « anonyme » jusqu'à la petite fête d'échange qui aurait lieu le dernier jour avant les vacances de Noël.
Nous avions maintenant un peu moins de trois semaines pour trouver un cadeau « personnalisé » à offrir à la personne tirée au sort.
J'avais attendu d'être assise dans la petite Audi bleue que mes parents m'avaient offerte quand nous avions emménagé cet été à Marseilles, pour déplier le petit papier que j'avais tiré en cours et découvrir à qui je devais faire un cadeau. Parmi les vingt-trois élèves de ma classe, j'étais tombée sur LE prénom que je redoutais.
Thomas Hawkins !
Je soupirai et laissai ma tête retomber lourdement sur le volant.
Comment était-ce possible ?!
J'avais été l'avant-avant-dernière à piocher !
Sur les trois noms qu'il restait dans cette saleté de pochette, quel était le pourcentage de chance que ce soit le sien qui me tombe sous la main ?
Thomas Hawkins ! Je devais faire un cadeau à Thomas Hawkins !°O°
Une semaine était passée depuis ce stupide tirage au sort, et j'avais beau secouer mes neurones dans tous les sens, je n'avais toujours pas la moindre idée de ce que je pourrais offrir à Thomas.
J'avais été jusqu'à demander conseil à mon père. Il m'avait regardée en haussant les épaules avant de me dire.
— Offre-lui une canne à pêche. Tous les jeunes du coin semblent aimer la pêche.
L'image de Thomas en tenue de camouflage, assis seul au bord de l'Illinois apparut aussitôt dans mon esprit et cette idée me parut réellement... irréaliste.
Je n'imaginais pas, mais alors pas du tout Thomas en train de pêcher.
Je n'avais pas osé en parler à ma mère. Son radar « de super-maman » se serait mis en alerte et elle ne m'aurait pas lâchée jusqu'à ce que je lui avoue tout un tas de trucs que je n'étais pas prête à reconnaître.
J'allais devoir trouver quelque chose de plus personnel. Et seule.
Bien entendu, comme toutes les filles du lycée, je savais QUI il était.
Thomas était le mec à la fois populaire et discret qui attirait l'attention de toutes les filles. Le meilleur lycéen de notre promotion, toujours attentif en cours. Il obtenait les meilleures notes sans donner réellement l'impression d'avoir à fournir d'efforts pour ça.
Et évidement, il était beau comme un Dieu.
Comme toutes les filles, des papillons s'envolaient dans mon ventre quand je le voyais. Sans parler de mon cœur qui menaçait d'exploser les rares fois où nous parlions, même si ce n'était qu'un simple « salut » poli quand j'arrivais en cours. Mis à part ça, je ne le connaissais pas vraiment.
On partageait seulement quelques cours : biologie avancée, sport, maths et, bien sûr, littérature.
Alors j'avais passé la semaine suivante à l'observer à la dérobée pour essayer de deviner sa personnalité afin de trouver un cadeau qui pourrait lui plaire. Je n'avais rien découvert de plus que ce que je savais déjà.
Il venait au lycée avec son frère cadet dans sa voiture bleue.
Il était habillé à la mode et avec classe sans être bling-bling.
Il était poli et intelligent.
Et il devait être frileux.
Depuis que la température ne dépassait pas les 10 degrés en journée, il ne mettait pas un pied dehors avant d'avoir enfilé son bonnet, toujours le même. Un simple bonnet noir en laine.
À défaut d'une meilleure idée, je pourrai toujours lui prendre un ensemble bonnet, écharpe et gants assortis.
C'était pas vraiment un cadeau très personnel mais je ne voyais pas quoi lui offrir d'autre. Il ne me restait plus qu'à trouver où acheter tout ça.
À Marseilles, je n'étais pas sûre de trouver ce que je cherchais et sur internet, je ne pourrai pas « tester » la qualité de la laine.
Je prévoyais donc une très prochaine expédition shopping à Ottawa ou à Morris. J'espérais ne pas avoir à pousser jusqu'à Joliet, ce n'était pas réellement loin mais avec la circulation, il me faudrait facilement deux heures et demie juste pour faire l'aller-retour.
Jusqu'au dernier moment je l'avais observé dans l'espoir de trouver une meilleure idée. En vain.
Trois jours avant les vacances, n'ayant toujours pas eu de révélation, j'avais pris la route pour Ottawa directement après mon dernier cours.
J'avais déjà fait trois boutiques de prêt-à-porter masculin avant de trouver ce que je cherchais : un coffret contenant une belle écharpe et un bonnet assortis. À la fois classe et discret. J'étais persuadée que l'ensemble irait parfaitement à Thomas. La laine noire était si douce et chaude, et le fin liseré bleu ferait ressortir ses beaux yeux saphirs.
Je demandai à la vendeuse de me faire un joli paquet cadeau. Avec ma chance et mon adresse naturelles, je me serais amputé au moins deux doigts en voulant le faire moi-même, et le rendu final n'aurait pas été aussi joli.
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L'étoile de Noël
RomantizmDeux jeunes adolescents aussi timides l'un que l'autre, un Noël mystère organisé par la nouvelle prof... vous savez ce qu'on dit : "Parfois le hasard fait bien les choses." Et si c'était un coup de pouce du destin pour les aider à faire le premier...