L'Hybride

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Le soir, aucune activité n'était prévue car les animateurs se doutaient bien que tous seraient épuisés du voyage. A l'heure du couvre-feu, Aerin se rendit dans sa chambre. La jeune avec qui elle la partageait était déjà là, assise sur son lit en train de sécher ses cheveux à la serviette, ayant sans doute pris une douche tardive. Aerin sortit de sa malle son pyjama qui était composé d'un large t-shirt un peu plus propre que celui qu'elle avait porté la journée et d'un short. Elle alla s'assoir sur son lit, et brisa le silence d'une voix qui paraissait timide.

- Tu.. tu peux te retourner s'il te plaît ? Et regarder le mur..

-Pourquoi ?

-Pour que je me change.. je.. je suis mal à l'aise de me changer devant quelqu'un...

-Comme tu veux.

Sur ces mots, Angel se tourna dos à Aerin et fixa le mur, comptant le nombre de tâches, craquelures et fissures dans la peinture. Une fois la jeune fille changée, elle le fit savoir à sa colocataire afin qu'elle puisse se retourner. Un silence pesant se réinstalla. Aerin se coucha dans un soupir sur son lit et regarda du coin de l'oeil Angel qui, une fois ses cheveux secs, était tête plongée sur un écran lumineux, son téléphone. Une fois son message envoyé, elle mit son portable sous l'oreiller et se décida à aller dormir. L'autre, quant à elle, passa de longues heures à contempler les étoiles en silence avant de s'endormir à une heure extrêmement tardive.

Il était sept heures du matin. Le même animateur que la veille vint chercher les filles et découvrit avec stupeur Aerin, dos à la fenêtre grande ouverte, déjà prête et qui semblait être réveillée depuis un bon moment bien qu'elle avait les cheveux complètement ébouriffés. Angel, quant à elle dormait encore. La brunette sortit en vitesse des dortoirs et, sans prendre la peine d'aller prendre un petit déjeuner, alla directement se poser sur le banc à l'entrée de la forêt afin de profiter de l'air humide et frais du matin ainsi que du spectacle qu'offrait le ciel qui était teinté de rose et de bleu d'où quelques nuages se dessinaient. Elle observa ses 'semblables' qui se dirigeaient comme un troupeau, cernes sous les yeux et marques des draps encore présentes sur leur joue, vers le réfectoire où, depuis son poste d'observation, Aerin apercevait des viennoiseries, des céréales ainsi que des oeufs et du bacon. Une silhouette se dirigea vers elle, vêtue d'une chemise sous un gilet ainsi que d'un jeans. C'était Viktor qui avait l'air plus frais que le reste des jeunes. " Qu'est ce qu'il me veut celui-là encore ?" se demanda-t-elle. Le jeune homme s'assit sur le banc et lui adressa un " Salut " avant de s'étirer.

- Il y a un problème ? demanda la brunette, de sa voix toujours aussi douce et paisible.

- Pardon ?

- Tu dois avoir une raison de vouloir m'adresser la parole. Pourquoi est-ce que tu me parles ?

- Je te parle parce que j'ai envie de te parler, c'est tout, il n'y a rien de plus. Je t'ai vu assise toute seule sur ce banc, alors je suis venu te voir.

Elle le regarda puis lui esquissa un sourire.

- Je n'ai pas besoin de ta pitié.

-De la pitié ? Ce n'est pas de la pitié. J'ai simplement envie de te parler et de te connaître.

Elle n'abandonna pas son sourire niais.

- Tu devrais plutôt aller avec les idiots qui composent ce voyage. Ils ont besoin qu'on leur donne de l'attention, pauvres personnes qu'ils sont, en quête de reconnaissance et d'un public encore plus bête qu'eux.

Viktor la regarda un moment, puis lui proposa un marché :

-Si tu arrives à me dire de quelle couleur sont mes yeux je te laisse tranquille.