L'Hybride

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Après une longue heure de discussion qu'ont entretenu les deux adolescents, l'heure du dîner n'allait plus tarder à arriver et le jeune homme se décida à partir afin de souper avec sa mère. Après de longues étreintes en guise d'au revoir, le jeune homme rentra chez lui, laissant la brunette seule face aux milliers de questions qu'allaient lui poser ses tuteurs au cours du repas. Elle alla dans la salle à manger encore rayonnante de l'après-midi qu'elle venait de passer en compagnie de son ami, ne se doutant pas encore de ce qu'il l'attendait. Une fois assise sur sa chaise et servie d'une salade de carotte, elle fut bombardée de questions les plus étranges et privées les unes que les autres. C'était surtout Anne qui posait les questions, s'inquiétant fortement du fait que la jeune hybride naïve et inconsciente côtoie un garçon, qui plus est un démon aux dernières nouvelles.
-Je suis assez intelligente pour savoir qui cotoyer ou non !

- Je ne dis pas que tu n'es pas intelligente, je te dis juste que je pense que ce n'est pas une bonne idée que tu côtoie un démon...

- Ce n'est même pas un vrai démon !

- Aerin, ce n'est pas raisonnable.

-C'est toi qui veux que je me fasse des amis alors maintenant que j'en ai ne m'embêtes plus !

- Aerin, écoute moi bien. Tu es la première à savoir que certains démons sont prêts à tout pour arriver à leur fin. Durant ton enfance tu as eu la chance de tomber sur des démons civilisés et appréciables. Qui te dis que celui que tu côtoies en ce moment fait parti de ces démons là et non pas de ceux qui tuent sans remord ?

-Mais ça se voit ! Il est gentil, et il est adorable avec sa mère.

- Aerin, tu avais toi aussi l'air gentille et adorable quand nous t'avons adoptée.

-Je le suis. Avec les gens que j'aime. Les gens de l'orphelinat étaient devenus une famille, je les aimais, vous m'avez arrachée à eux. Je vous déteste.

Xavier mit fin à cette discussion avant qu'elle ne dégénère. Le repas se termina sur ces dernières paroles et Aerin alla faire une ballade nocturne. La jeune fille se dirigea vers le coeur d'une forêt qui n'était qu'une simple campagne dépourvue de civilisation à plus d'une heure de marche du domicile de ses tuteurs. Elle s'installa sur une branche d'arbre à une hauteur convenable d'environs 10 mètres, et se détendit profitant de l'air frais de la nuit et des bruits de la nature. Elle s'éclipsait presque tous les soirs dans cet endroit à l'écart de la ville pour prendre un bol d'air frais. De plus, au beau milieu de la campagne, se trouvait au milieu d'un parterre de fleurs, une vieille porte en bois invisible pour des yeux d'humains. Celle-ci menait au souterrain tant adoré par Aerin et où l'orphelinat dans lequel elle a été recueillie se trouvait. La jeune fille se contenta d'observer la porte en rêvant de pouvoir y retourner. Malheureusement pour elle, il fallait une clef spéciale afin d'ouvrir cette porte enchantée et c'était ses tuteurs qui avaient la pleine possession de celle-ci. La jeune hybride se laissa plonger dans ses rêves en pensant au lendemain car elle s'était mise d'accord avec Viktor afin de redescendre l'après midi au souterrain. Alors qu'elle commençait à somnoler, elle entendit un bruit qu'elle connaissait depuis toujours : des ailes poussaient l'air présent dans cette forêt. Vue leur mouvement rapide, la jeune fille devina que les ailes étaient longues et fines. Elle ne bougea pas, guettant le danger et attendant patiemment qu'il s'approche d'elle. Son coeur commençait à avoir un rythme de plus en plus rapide et irrégulier et ses yeux, bien qu'elle essayait de les contrôler, devenaient de plus en plus clairs et recherchaient de plus en plus vivement une silhouette entre les branches d'arbres. Elle prit discrètement sa dague dans sa main et la tint fermement.

- Montre-toi, nous avons certainement beaucoup de choses à nous dire. murmura la jeune fille d'une voix qui s'assombrissait peu à peu.

Elle entendit à nouveau du bruit, tout prêt d'elle mais elle avait beau chercher, elle ne voyait rien. La jeune fille voulait se maîtriser, rester calme mais le sentiment d'impuissance et de vulnérabilité qui l'envahissait l'empêchait d'agir calmement. Un rire nerveux s'échappa d'elle et un petit sourire se dessina sur son visage. Elle ne semblait plus elle-même et venait de perdre le contrôle de son être. Sa voix était totalement rauque et ses yeux luisaient dans l'obscurité tellement qu'ils étaient clairs. Autour d'elle le mouvement s'arrêta et une voix retentit, des mots dans une autre langue résonnèrent, une langue qu'Aerin n'avait plus entendu depuis très longtemps, la langue des elfes.