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Les cocktails, je n'aimais pas ça. Le café je n'aimais pas ça. Par contre, j'adorais le thé, les jus de fruits, les milkshakes, les chocolats... Tout ce qu'aime les enfants plus ou moins.
Quand on grandit, en général, on préfère les boissons alcoolisées et les autres qui nous étaient interdites jusqu'à présent. Mais moi, à croire que je n'avais pas grandi de ce côté là.
Et puis, je n'aimais pas trop la nourriture des fast-foods, une fois de temps en temps ça peu être sympa, oui.. Mais pas 4 fois par semaine. J'aime cuisiner et manger ma nourriture. D'ailleurs, si je n'habitais pas en ville, je pense que j'aurai mon propre petit potager.
Mais, bizarrement, pour quelqu'un qui déteste le café, n'importe quel café, le « Space Baby Latte » avait attiré mes papilles.
Sonia avait attiré mon regard.

Dans la cuisine, nous étions assis à côté, j'observais les verres de ces cafés Latte assez spéciaux alors qu'elle sortait de son sac à dos blanc plusieurs verres, des colorants, paillettes comestible, pailles de toutes formes.

— Jackson, goûtez ceux qui sont sur la table et dîtes moi ce que vous en pensez, s'il vous plaît. Me dit-elle après avoir fini de sortir son matériel.

— Très bien.. Mais tutoyez-moi, s'il vous plaît.

— Dans ce cas, toi aussi.

Je souris doucement tout en prenant entre mes doigts, un café Latte au dégradé jaune et vert. Les mêmes nuages trônaient au milieu du brevage. Je portais la paille à ma bouche, puis sirotais doucement. Un fort goût d'ananas me prit la bouche, mais ce n'était pas ça qui me dérangerait, c'était l'amertume du café : le lait totalement inaperçu.

Uhm..

— Soit totalement honnête !

— Eh bien... Il n'y a pas assez de lait, l'acidité du fruit n'est pas désagréable du tout mais ne va pas du tout avec ce café, d'ailleurs, beaucoup trop amère.

— D'accord.. Le manque de lait, fit-elle tout en se précipant à son sac pour en sortir des post-it et un crayon de papier rose.

Elle y nota « ⚠ + de LAIT ⚠ » puis le colla au verre. Elle hocha la tête en le fixant avant de m'en donner un autre. Celui ci était brun.

— Celui-ci est presque bon, mais le chocolat n'est pas assez présent.

Ok !

Elle refit la même chose.
« ⚠ + de CHOCOLAT ⚠ »

— Oh ? Il est vraiment beau celui-là.

Mon attention avait été attiré par un vert turquoise, tacheté de rose pâle. Sa technique me bluffait réellement.

— Lui, ne le boit pas, il est spécial..

— On verra bien !

Je lui souris, avant de prendre une bonne gorgée du « Space Baby Latte ».

— Aux lichees ? Woah ! Il est vraiment bon ! Presque autant que celui aux pêches.

Elle me fixait un instant avant de rire en me pointant du doigt. Elle sortit son miroir de poche et me le mit sous le nez après avoir vu ma tête : Que passa ?
Ma langue et le bas de ma lèvre inférieure était tachetés de rose, formant de petits pois de couleur.

— Je t'avais dis ! T'en fais pas, ça part à l'eau.

— Mais ! Tu es une sorcière où quoi ?

J'attrapai son miroir en riant moi aussi, observant de plus près ce rose étrange.

— Si j'en étais une, je serai là sorcière des Cafés Latte, quelle magnifique profession !

Son sourire radieux me rendait légèrement soule. Je me levais rapidement, me dirigeant vers l'évier avant passait ma main sous l'eau froide pour ensuite la frotter à ma lèvre. Bain de bouche oblige. Je recrachais le liquide transparent au reflet rose à cause des tâches avec grâce et glamour.

— Tient, marmonna Sonia, adossée au plan de travail, en me rendant un torchon, désolée.

— Désolée ? Pourquoi ?

— De te faire rester le soir, tu dois être fatigué.

— Oui.. Mais c'est amusant.

Elle posa sa main sur mon épaule avant de mon sourire.

— Rentre alors, tu as bien travaillé.

— Tu es sûre ?

— Oui oui ! Quoi, tu n'as pas envie de partir ?

Je me tue. Il était clair que l'envie de rentrer chez moi, rester seul et m'ennuyer me passait. Et puis sérieusement, je préfèrerai lui tenir compagnie.
Alors qu'un silence inconfortable s'installait entre nous, elle jeta un œil à sa montre.

— Je vais y aller aussi, je pense. Souffla-t-elle en balayant la pièce du regard.

— Je vais t'aider à ranger, ça sera plus rapide.

Elle me souria en guise de merci et commença à ranger son matériel, je le fois avec elle. J'évitai aussi de la regarder, je devais la rendre mal à l'aise...
Après que la table ait été totalement vidé, je passai un coup de chiffon pour la faire “ briller ”.

— Tu veux que je te raccompagne chez toi Sonia ? Demandai-je presque timidement, attrapant la veste pour la mettre.

— Attend, je te corrige. Tu veux que je te raccompagne chez toi Jackson ? J'ai une voiture tu sais.

Aah... T'as... Tué mon effet de mec cool.

La faire rire, la faire rire était la chose la plus merveilleuse qu'il m'arrivait. Je suis un homme heureux. C'est comme ci on m'insuflait un parfum de pêche sous le nez, c'est magique.
Nous quittions le café, Élise nous avait totalement dévisagé, marmonnant des choses incompréhensible tout en astiquant le bar. Je n'ai pas compris pourquoi elle était de si mauvaise humeur, elle qui allait si bien quand j'étais arrivé plus tôt dans la soirée.
Elle me guida jusqu'à sa voiture, elle m'ouvrit la porte passager tel un gentlemen. J'aurai voulu faire ça moi.

— Merci beaucoup Jackson, de bien vouloir être mon cobaye.

— Mais tout le plaisir est pour moi, tes boissons sont délicieuse.

Le paysage de nuit défilait lentement, lampadaire par lampadaire, banc par banc. Un ponpon bleu était accroché à son rétroviseur et une danseuse hawaïenne bougeait sur le devant de son tableau de bord.

— Comment fais-tu pour les faire ? Demandai-je sans indiscrétion en me recoiffant dans le rétro du côté passager.

— Ah ah ! Secret de sorcière.

Un rire presque étouffé franchit la barrière de ses lèvres alors que l'on s'approchait de mon chez moi.

— Le magicien ne révèle jamais ses trucs, c'est un fait.

Je sortis les clés de mon appartement tout en remarquant qu'elle venait de s'arrêter.

— Bonne nuit, Jackson ! À la prochaine !

— Oui, toi aussi. Bye Sonia.

Après un échange de sourire, elle quitta les lieux.

J'avais l'impression d'avoir rêvé. Que tout ceci n'avait été qu'illusion pur et simple.
Mais, alors que je m'apprêtais à passer la seuil de l'immeuble, un détail me trotta à l'esprit.

Je ne lui ai jamais communiqué mon adresse.

space baby latte Où les histoires vivent. Découvrez maintenant