space baby latte

5

_ Qu'est ce que j'ai fais... Qu'est ce que j'ai fais... Qu'est ce que j'ai fais...

Une douce voix flottait dans l'endroit clos, semblant se frotter à mes oreilles. Mes paupières papillonnèrent, me laissant entrevoir Sonia, assise sur le rebord de sa lucarne. Elle laissait rentrer le soleil, et aussi la fraîcheur du matin, sa fenêtre grande ouverte.

_ Mh...

Je bougeai doucement, enlevant la serviette mouillée qu'elle avait, j'imagine, déposé sur mon front pour faire descendre une quelconque fièvre, faisant glisser la couverture posée sur moi parterre.

_ O-Oh ! Jackson !

Elle se leva rapidement, venant s'agenouiller en face de moi.

_ Tu t'es réveillé ! Je suis tellement soulagée !

J'eus cru un instant qu'elle m'enlaçait, mais non, je divaguais encore un peu. Un mal de crâne avait décidé de faire son nie dans ma tête,  me laissant juste assez de place pour que je puisse réfléchir presque clairement. Sonia se tourna vers sa table basse, attrapant un verre de liquide bleu assez inquiétant.

_ Uhm... C'est quoi ? Du doliprane ? Me permis-je de demander, pas rassuré par la couleur peu commune du breuvage.

_ Oui, oui. Bois juste.

Je pris doucement le verre entre mes doigts, l'observant d'un peu plus près et le reniflant aussi.

_ Jackson, c'est pour ton mal de crâne, bois !

Elle fronça les sourcils, attendant impatiemment que j'ingurgite ça. Je portai alors doucement son médicament à mes lèvres. Le goût n'est pas si désagréable, l'odeur l'était un peu plus.

Je l'entendis soupirer, puis sourire. Elle passa le dos de sa main, son front en sueur. Elle semblait stressée. Comme-ci quelque chose n'allait pas.

Et c'est à ce moment là que je me suis rendu compte que le soleil ne rentrait pas vraiment pas dans l'appartement, la fraîcheur du matin oui, mais pas les rayons de lumière. Je me suis redressé afin de me regarder par la fenêtre.

_ Le ciel est orange. Haha.

Je regardais ensuite Sonia, elle avait les yeux posés ailleurs, grattant sa nuque. Elle était visiblement embarrassée.

_ Hehe... Pour...Pourquoi le ciel est orange Sonia ? J'ai dormi si longtemps ? C'est l'apocalypse ou quoi ?

Elle avala sa salive, avant de prendre une grande inspiration, plongeant son regard dans le mien.

_ Écoute Jackson, c'est compliqué mais.. Je vais la faire simple. Tu n'es pas chez toi en ce moment... Enfin en soit, tu es chez moi mais... C'est plus profond.. On est plus vraiment dans ta réalité..

Me tenant à l'accoudoir du sofa, je me relevais. J'avais de grosses courbatures au niveau des genoux, comme-ci ils pouvaient flancher à n'importe quel moment. Je marchai doucement vers sa fenêtre, me penchant lentement.

Ma vision était incroyable.

_ Wo-Woaah.

C'était pas la Terre. Jamais de la vie. 

L'air sentait l'abricot frais, avait un goût épicé et une mélodie jazzy se laissait écouter. 

_ Jackson... Il faut que je te ramène et- 

De haut de son appartement, on pouvait voir un marché. Et sur les pavés bruns se faisaient entendre les sabots de chevaux, tirant de petites carrioles qui transportaient toutes sortes de produits inconnus pour moi. Les cris des vendeurs bourdonnaient dans mes pauvres oreilles même si j'étais loin d'eux. 

_ Jackson ! Ecoute moi non sang ! 

Sonia, elle aussi criait à côté de moi... Mais, pour une fois d'ailleurs, mon attention n'était pas portée sur sa magnifique personne, plutôt sur ce spectacle qui était dressé devant moi. 

_ Ne m'oblige pas à t'assommer Jack'. 

Et tandis qu'une femme chevauchant un balais passait sous mes yeux, une lourde masse sembla s'écraser contre mon crâne. Une vague salée s'empara de mon corps et l'odeur d'abricot s'évapora, partant en poussière au soupir de Sonia. Une lueur scintillante fut la dernière chose que je vis avant de tomber dans l'inconscience. Je sentis une douceur m'envelopper, douceur que j'aurais voulu embrasser moi aussi, mais impossible de faire un geste ni d'ouvrir les yeux. Le jazz semblait déjà lointain et le goût du paprika avait quitté mes papilles.. 

Cette endroit me manquait déjà, celui qui avait piqué ma curiosité et qui n'était sûrement qu'un rêve.