Prologue

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Dring ! Dring ! Mon alarme me réveilla en sursaut de ma nuit agitée. Le bruit résonnant toujours dans mes oreilles, mon doigt se posa sur le bouton et j'appuyai trois fois. Je m'assis sur mon lit et je jetai un coup d'œil à la fenêtre. Le soleil était levé depuis quelques heures déjà et les oiseaux gazouillaient, heureux de ce chaud matin de fin d'août. Je posai mes pieds sur le tiède plancher de bois franc de ma chambre et je me levai. Je m'avançai jusqu'au miroir devant moi. Un, deux, trois pas. J'y étais. Je replaçai rapidement mes cheveux bruns avant de me diriger vers la porte. Juste avant de sortir, je vérifiai si le chauffage était arrêté. Je m'apprêtais à fermer la porte derrière moi lorsque j'eus un doute. Et si j'avais mal vu? Je regardai le thermostat. Il était bel et bien arrêté. Par précaution, je m'approchai de la plinthe chauffante et je pus constater qu'en effet, elle ne fonctionnait pas. Sûre de moi, je sortis de la pièce et je fermai ma porte. Puis, je l'ouvris et je la refermai. Je refis cela encore une fois avant de finalement me diriger vers les escaliers. En descendant, je comptai les marches. Il y en avait dix. Parfait.

Je passai par le salon et me rendis dans la salle à manger. Ma mère y était déjà en compagnie de mon petit frère Maxime. Leur disant bonjour, je m'assis à la table, où un bol de céréales m'attendait. Avec ma main droite, je mangeai trois cuillerées. Ensuite, subtilement, je pris la cuillère avec ma main gauche et je fis de même. J'échangeai de main à cette fréquence jusqu'à ce que j'eu fini mes céréales. Rassasiée, je déposai mon assiette dans le lave-vaisselle, puis je montai me changer.

Après quelques minutes d'indécision, j'enfilai un pantalon noir et mon chandail préféré. Je me rendis ensuite dans la salle de bain où je me brossai les dents, tout en échangeant la brosse de main en main. Lorsque je sortis de la pièce, je fermai ma porte trois fois, comme à l'habitude. Je me rendis au bas des escaliers. J'avais encore compté dix marches.

J'allai ensuite voir mon frère qui était à présent en train de jouer dehors, profitant de sa dernière journée de vacances. Je m'assis sur le balcon, et je l'observai durant quelques instants. Il me lança ensuite le ballon bleu, et je jouai un peu avec lui.

À un certain moment, mon père m'appela du salon et il me demanda d'aller acheter des tomates et des concombres à l'épicerie, car il n'en restait plus dans notre réfrigérateur. Je chaussai donc mes souliers, et je sortis de la maison. À peine étais-je rendue dans la rue que je réalisai que j'avais oublié mes clés à l'intérieur. Je devais les avoir avec moi, car il était possible que ma famille soit toute allée voir la partie de basket-ball de Maxime. Je retournai donc les chercher, et je les mis dans ma poche. J'aimais bien marcher dehors. Les odeurs de la nature et les jappements des chiens arrivaient toujours à me réconforter. Je pris une grande respiration d'air frais, et je me mis en route. Un peu plus loin, je me demandai si mes clés ne seraient pas tombées quelque part. Je touchai ma poche : elles étaient toujours là. Et si j'avais mal tâté ? Je les sortis pour m'assurer que je les avais vraiment. Je les remis à leur place et je continuai à avancer. Mon doute du début refit surface plusieurs fois et, à chaque fois, ma main se posait sur ma poche. Finalement, après quelques minutes, je parvins enfin à me convaincre que je les avais, et le reste du trajet se fit calmement.

À l'épicerie, tout se passa bien. J'avais facilement trouvé les légumes que je recherchais et j'étais maintenant dans une file, attendant pour payer. Les chocolats sur le comptoir me donnaient grandement envie d'en acheter, mais je n'avais pas assez d'argent. J'avais en main 10$ et je savais que le tout me coûterait sept dollars. Doutant, je recomptai le prix des légumes. C'était vraiment sept dollars. Le coût n'aurait pas monté subitement depuis la dernière fois que j'étais venue, n'est-ce pas ? Mon tour approchait rapidement. Je décidai d'aller voir le prix à côté des légumes, car mieux vaut prévenir que guérir. Je m'apprêtais à y aller lorsque ce fut mon tour. La caissière prit mes deux sacs et me demanda sept dollars. Soulagée, je lui remis ce montant. J'avais eu peur pour rien. Je pris mes sacs légers et sortis de l'épicerie.

De retour chez moi, j'écoutai de la musique, tout en rangeant ma chambre jusqu'à environ midi. À cette heure, je me rendis à la cuisine dans le but de faire des sandwichs pour ma famille qui allait revenir bientôt. Je sortis huit tranches de pain et je les mis dans le grille-pain. Je coupai des tomates que j'avais achetées plus tôt, ainsi que de la laitue. Les tranches de pain étant prêtes, j'étendis du fromage sur quatre d'entre elles, déposai les légumes et mis la deuxième tranche sur chacun d'entre eux. Je m'assurai que j'avais vraiment débranché le grille-pain quelques fois et qu'il ne chauffait plus, ce après quoi j'attendis ma famille pour que nous puissions tous manger ensemble.

Quelques minutes plus tard, nous étions tous assis à table et chacun, ayant faim, mangeait rapidement.

— Donc, dit mon père, vous commencez l'école demain ?

Mon frère, enjoué, s'empressa de répondre.

— Oui, j'ai tellement hâte de me faire de nouveaux amis !

En effet, nous avions déménagé à Laval cet été. Je m'étais grandement chicanée avec mes parents sur ce sujet, mais cela n'avait jamais influencé leur décision. Je ne voulais pas changer d'école. Je n'avais pas d'amis dans mon ancienne, mais au moins les gens me laissaient tranquille. De plus, je m'étais attachée à cet endroit. Le fait de commencer à aller à une nouvelle école pour ma dernière année de secondaire ne m'enchantait pas du tout.

— Et toi ? me demanda ma mère. Tu n'as pas envie d'y aller ? Qui sait, tu te feras peut-être des amis.

— Peut-être, marmonnai-je.

Ayant fini de manger, je me dirigeai vers ma chambre. Durant cette dernière conversation, mes mains avaient commencé à trembler. Je ne voulais pas rencontrer de nouvelles personnes. En entrant dans ma chambre, je claquai la porte derrière moi. Mais, lentement, je l'ouvris et la refermai quatre autres fois. Je passai mon après-midi à écouter des vidéos sur YouTube.

Vers cinq heures, les odeurs de la lasagne que ma mère cuisinait atteignirent mes narines. Je descendis donc les escaliers et m'accotai sur le comptoir. Elle sortit la lasagne du four et le ferma. Du coin de l'œil, je m'assurai qu'elle l'avait vraiment éteint. Je plaçai la table et ma mère appela Maxime et mon père. En m'asseyant, je regardai encore le four, il était arrêté. Du moins, je le pensais.

Ce doute m'empêcha de participer à la conversation qui était en cours. Si le four était toujours en train de fonctionner, il pourrait mettre le feu à la maison. J'attendis que ma famille se soit levée de table avant d'aller vérifier, je ne voulais pas qu'ils remarquent quelque chose. Je m'approchai du four et l'observai. Le bouton « On » n'était pas allumé. J'appuyai sur « Off » pour en être sûre. J'allais me diriger vers le salon lorsque je me demandai si je n'avais pas pesé sur le mauvais bouton et que j'avais mis le four en marche. Je retournai voir et vérifiai. Je n'avais pas appuyé sur le mauvais. Par prudence, je pesai encore dessus et sortis. Il était fermé, j'en étais sûre. Mais si... ? Je rebroussai chemin et retournai au four. Cet épisode se reproduisit une dizaine de fois avant que je puisse enfin respirer.

— Ce n'est que dans ma tête, me dis-je à voix basse, il ne va rien se passer.

Dans le salon, je me laissai tomber sur le canapé à côté de mon père qui regardait une partie de hockey. Quelques heures plus tard, mes yeux peinant à rester ouverts, j'allai enfiler mon pyjama, programmai mon alarme pour qu'elle sonne à 6h30 demain matin et me couchai. Évidemment, ne pouvant certainement pas arriver en retard à ma première journée d'école, je vérifiai si elle était bel et bien en marche un bon nombre de fois avant de finalement tomber dans un sommeil profond.

CroireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant