Un jour trop tard

10.Elisa

J'arrive à New-York après plus de vingt et une heures de vol et c'est complètement épuisée que je grimpe dans le premier taxi qui s'arrête devant moi. La pluie tombe abondamment sur la ville de la pomme, m'enfonçant un peu plus dans ce sentiment de déprime. J'ouvre la vitre du taxi, cherchant de l'air frais. Je me sens humiliée, vraiment même si c'est moi qui ai trompé Alex. Je me sens humiliée par Damien, surtout. J'avais tellement cru ressentir une sorte de connexion, un désir partagé mais je m'étais bien trompée.

Il m'a tendu ce piège, pour se venger de son frère et moi comme une imbécile, j'y ai sauté à pieds joints. Je le hais. Je les hais tous les deux.

La première chose qui m'a choquée en arrivant ici, c'est ce magazine people qui relatait les faits de notre mariage foiré et de mon infidélité. Ces sales rapiats de journalistes déforment la vérité, me surnommant la croqueuse de diamant, insinuant que la relation entre Damien et moi a commencé bien avant mon union. Évidemment, c'est moi la fautive –et ce, même dans la vraie vie – mais je n'aime pas qu'ils se mêlent de ce qui ne les regarde pas, tout en inventant des choses.

Je m'enfonce sur la banquette, regarde par la vitre le paysage qui défile avec une lenteur extrême. New-York et ses interminables bouchons. Ce n'est pas un mythe, cela existe bien. Les voitures roulent parechoc contre parechoc, les coups de klaxons fusent dans tous les sens, me donnant une migraine. Je n'ai pas réussi à dormir et je commence à le ressentir. Mais je suis tellement bousillée par mes idées qui s'entremêlent et se heurtent, qu'il est impossible de fermer les yeux pour y trouver du repos. Je triture la croute qui se forme sur ma lèvre, et grimace en l'arrachant. Ça pique, ça brûle et ça saigne aussi.

J'ai besoin d'être seule, de réfléchir au calme, loin des frères Burn, loin de tout ce qu'a été ma vie ces huit dernières années. J'ai trompé mon mari, pendant ma lune de miel. Il m'a battue en représailles. Je frissonne, essuie les quelques larmes sur mes joues. Je voudrais tellement revenir en arrière, annuler ce mariage, partir loin et ne jamais avoir rencontré Damien.

Cet homme a bouleversé ma vie, en même pas une semaine. Je me sens tellement pathétique d'avoir craqué pour lui et sa belle gueule sans le connaître.

∞

Le taxi s'arrête, je règle ma course et descends précipitamment. Le chauffeur m'imite et me tend ma valise qui était dans le coffre avant de repartir. Je reste sur le trottoir, tentant de me calmer. Je ne veux pas effrayer Logan en débarquant avec une tête de boxeuse qui a pleuré.

La rue de Mélanie est calme, ce qui contraste étrangement avec le bruit de la ville qui est seulement à quelques pâtés de maisons d'ici. Des enfants jouent sagement sur le trottoir, à deux maisons de la sienne. Je finis par grimper les quatre marches en pierre, sonne à la porte en serrant la poignée de ma valise entre mes mains.

—Bonsoir, dis-je à Sophia.

La gouvernante m'ouvre grand la porte en souriant.

—Bonsoir madame Elisa.

Je souris à mon tour, entre et dépose ma valise à côté du guéridon.

Logan me saute dessus, hurlant à pleins poumon un « Ouais » bien sonore.

Je n'ai jamais aimé les enfants, mais faut reconnaitre que Logan, le fils de Mélanie me fait littéralement craquer.

—Comment vas-tu bonhomme ?

Il serre ses petits bras autour de mon cou, et j'avance dans la maison à la recherche de sa mère.

—Je vais très bien ! T'es plus en vacances ?