5016 - Onzième chapitre

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Nathanaël Armani, malgré les apparences, est un homme de bonne intention. Il a beau apprécié plus que coutume les présences féminines, il est capable à tout pour rendre heureuse sa fiancée. Kinae Lorell, prochainement Armani, ne peut que le confirmer : le Dirigeant est toujours dans ses pattes, durant son temps libre du moins. Il ne se passe pas une heure sans qu'il ne se rend pas dans ses appartements, pour s'assurer que tout va bien.

La chevelure de Kinae retombait en cascade sur les épaules de la jeune femme, laissant le loisir au Dirigeant de la contrée de l'observer, s'imaginait ces quelques mèches effleurer sa peau. Aucune autre femme ne lui procurait cette sensation, ces sentiments. Il le savait. Même Diana, qui pourtant était une jeune femme plus qu'attirante, ne le ferait flancher. Il ne pouvait pas affirmer à cent pour-cent qu'il ne l'a tromperait jamais, mais il ferait tous les efforts possibles pour ne pas faire souffrir Kinae. Pour ne pas laisser son côté séducteur prendre le dessus sur son amour pour elle. Seule cette femme goûterait à sa séduction, personne d'autre. Il l'espérait du moins.

— J'espère que ça va aller, déclara-t-elle, j'espère faire bonne impression auprès de notre invitée.

Le dirigeant Armani sourit face à cette parole : rare était les femmes qui ne jalousaient pas les autres, à croire que Kinae avait une confiance absolue et aveugle envers son fiancé.

— Elle va t'adorer, lui affirma-t-il.

La belle blonde s'approcha de lui et déposa sur ses lèvres un tendre baiser. Doux, serein et charmant décriraient à merveille le ressenti de Nathanaël qui ne connaissait pas ce calme et cette stabilité, avant elle. Il se souvint de la première fois qu'il l'avait vu, assise sur ce banc de pierre, dans le centre de Milano. Elle avait un carnet entre ses mains, un carnet où elle écrivait ses pensées, ce que lui inspirait chaque chose. Il l'ignorait, à l'époque, que ce petit carnet était un échappatoire pour la jeune fille. Il s'était alors approcher d'elle, la belle blonde ayant attirer son attention. Elle avait senti son regard sur elle, elle espérait que cette personne vienne lui parler. Elle était mal, ce jour-là. Il était perdu, lui. Ces deux âmes s'étaient trouvés, et aucune des deux ne voudraient s'éloigner.

— Tu vas finir par me rendre fou de toi, encore plus que je ne le suis déjà.

Kinae lui répliqua que c'était son but, mais que ce serait pour plus tard : Diana Marshall attendait dans la salle d'à côté. Et Kinae détestait se faire désirer trop longtemps.

— Aller mio amore,  allons-y.

Sur ces derniers mots, les deux protagonistes sortirent de la pièce.

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Diana était le regard tourné vers la fenêtre lorsque que les représentants de la Contrée apparurent, aussi bien ne les vit-elle pas tout de suite. Elle pensait à Rhydian et pour la première fois, elle n'avait pleuré en l'imaginant près d'elle. Néanmoins, son coeur se comprimait toujours et elle avait toujours l'impression de saigner de l'intérieur tout la douleur qu'elle gardait pour elle.

Elle avait tout perdu. Sa famille, sa réputation. Sa vie, tout simplement. Maintenant, elle perdait Rhydian à petit feu.

— Bonsoir Diana Marshall, dit une voix féminine en la faisant sortir de ses songes.

— Bonsoir, lui répondit-elle en se retournant et en essayant tant bien que mal de ne pas faire ressentir sa fragilité. 

Kinae ne s'attendait pas à ce qu'elle lui réponde de suite et fut surprise de constater à quel point elle était une personne forte, malgré les dires de certains. Nathanaël lui avait expliqué qu'elle était insolente, lors des premières rencontres. Pourtant, c'était une toute autre personne qu'elle rencontrait aujourd'hui. Elle lança un regard interrogateur à son futur mari et ce dernier dévisageait fortement la femme devant eux. Cela la fit sourire et elle finit par regarder, à nouveau, Diana qui avait l'air neutre face à la situation.

— Je suis honorée d'enfin te rencontrer, je m'appelle Kinae Lorell. J'espère que tu te plait, ici.

— On peut dire ça, j'ai seulement quelques questions à vous poser. Ce ne sera pas long.

La future dirigeante acquiesça et s'approcha de son interlocutrice afin de mieux la sonder.

— Je t'écoute.

-

Alessio était allé dans son bureau afin de se changer les idées en travaillant. Il avait rendu visite à ses troupes, terminé quelques dossiers et fait du rangement. Rien n'y faisait : il n'arrêtait pas de penser à Diana. Cette belle franco-italienne aux cheveux d'ébène. Aux yeux envoûtants et transperçants.
Il pris alors un carnet qu'il n'avait pas ouvert depuis longtemps. Les pages avaient légèrement jaunies alors que la couverture était quasi intact. Il l'ouvrir minutieusement et observa tous les croquis à l'intérieure. Tout, ce qu'il avait arrêté afin de se consacrer pleinement à Nathanaël et la Contrée. Tout ce que sa place, prôner par tous, lui avait enlevé.
Il se souvint du jour où il avait décidé de tout stopper. Son père lui avait dit que ce n'était pas ce qui ferait de lui un homme respecté et fort. Que ce n'était pas comme cela qu'il allait seconder le fils prodige.
Rien qu'à penser que son ami et demi-frère était le préféré de son paternel le rendait triste. Mais en repensant à lui, il se demanda si son père n'avait pas plutôt tord. C'est vrai, le dessin avait été son seul échappatoire à sa réputation d'illégitime, de batard ou d'erreur. Même si toute sa famille le considérait comme membre, ce n'était pas le cas du peuple. Il ne pouvait nier les regards en biais des curieux. Alors s'il se sentait lui-même, un crayon à la main, il assumerait. Il s'assumerait. De toutes manières, tu n'es plus là pour me le reprocher papà, pensa-t-il avant de coucher ce qu'il ressentait sur une feuille de papier. Au fond de lui, il savait que c'était le meilleur choix qu'il pouvait prendre.

Les courbes se faisaient de plus en plus précises, les traits de plus en plus réels. Le regard de plus en plus vivant, au fur et à mesure que son dessin avançait. Le tracé se finalisait peu à peu.

Un bruit ramena le bel italien à la réalité : quelqu'un frappait à la porte de ce dernier.

— Entrez, répondit-il après un petit temps d'hésitation.

Il ne s'attendait pas à voir son frère arriver dans la pièce, Nathanaël Armani, quelque peu déboussolé. Il s'assit alors, en face du bureau de son bras droit, et plaça son visage entre ses mains : le simple fait qu'il ait toqué prouvait qu'il n'était pas dans son état normal.

— Diana a demandé à voir Kinae. Tu le savais ?

Il hocha négativement à la tête avant d'attendre la suite.

— Elle lui a demandé des renseignements sur nous.

— Nous ? questionna Alessio, quelque peu surpris.

Nathanaël acquiesça et expliqua comment s'était déroulé leur entrevue : au départ, la jeune femme s'était rendu dans le bureau de Nathanaël et ne le voyant pas, elle avait cherché un domestique afin de prévenir le Dirigeant qu'elle souhaitait lui parler. A lui et à sa fiancée. Kinae avait été touchée qu'elle demande à la rencontrer.

— Attend, le coupa-t-il, elles sont toujours entrain de parler ?

— Oui, elles m'ont fait sortir de la salle.

Alessio ne répondit plus rien à cela et soupira légèrement, vite suivis par Nathanaël. Les deux frères et amis se dévisagèrent longuement avant d'éclater de rire. Le Dirigeant lança subitement à son second :

— D'ailleurs, n'aurais-tu pas quelque chose à m'avouer quant à la belle franco-italienne de l'Ancien Monde? 

Ne sachant que répondre, sa respiration se bloqua. Ne sachant ce qu'il avait à dire, ses yeux devinrent ronds comme des billes.

Puis il daigna se livrer à son plus fidèle confident.  

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⏰ Dernière mise à jour : Aug 22, 2017 ⏰

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