L'âme du magicien

La Lady Obscure

Nerveux, je cognai à la porte. D’ailleurs, pourquoi le suis-je? En effet, je n’ai aucune raison d’être nerveux. Et pourtant, mes mains sont pleines de sueur et mes vêtements collent à ma peau. Sarah a du s’en rendre compte, puisqu’elle remarque toujours tout, mais, en invitée modèle, elle ne le montre pas. Disons qu’elle n’est pas le genre de femme  démonstrative et chaleureuse. Je dois avouer qu’elle est tout le contraire d’Alissame, avec son visage pourtant si doux figé dans une expression sévère et son attitude froide et détachée. La porte s’ouvre, me sortant de mes réflexions. Parcs était derrière, un sourire éclatant sur le visage. Je ne l’avait jamais vu ainsi. Il me regarda, me serra la main, et se tourna vers Sarah.

-Ah! Sarah! Bienvenue! Je suis content que tu sois venue!

-Je n’aurais jamais manqué l’occasion d’aller prendre l’air!

Parcs éclata de rire, le genre de rire que tu te boucherais les oreilles tellement il est fort, si tu ne voulais pas rester poli!

Parcs se pencha vers Sarah et posa un baiser sur sa joue.

-Entrez, entrez! Qu’attendez-vous?

Je laissai mon épouse entrer avant moi, puis la guidai jusqu’à la table à manger, au deuxième étage. Elle s’assit sur son siège de sa démarche gracieuse, après avoir fait la prière au créateur tout-puissant.

Soudain, Alissame sorti de l’ombre, avec son air jovial, comme toujours. Elle était magnifique, ses longs cheveux flamboyant donnant l’impression de flamme avec sa peau laiteuse et sa longue robe noire. Quoi que sa robe fût simple et unie, une duchesse s’en serait contentée! J’écarquillai les yeux sous cette vision divine. Affublée ainsi, ma cousine aurait facilement pu rivaliser avec Sarah!

-Tout va bien, crétin chéri? Me demanda Alissame

-Oui, oui, dit-je, réalisant que je devais avoir l’air sérieusement atteint mentalement, la bouche ouverte, la détaillant de la tête aux pieds.

-Tant mieux! S’exclama-t-elle

Elle s’approcha de Sarah, et tendit sa main, que celle-ci serra avec ravissement, toujours heureuse de connaitre une nouvelle personne. Elle s’assit finalement, et se mit à placoter comme une petite fille avec sa nouvelle amie. Soudain, Parcs sorti de la cuisine, des assiettes dans les mains. Il servit les invités, et finalement, il s’assit. En regardant sa fille, il s’exclama :

-Ma lady chérie! Tu es ravissante!

-Merci, papa!

Sarah éclata de rire, et la conversation reprit de plus belle.

Moi, je n’y participai pas. Je regardai plutôt sa détestable de cousine. Si on enlevait ses paroles familières, elle avait tout d’une noble. Sa façon de tenir une fourchette, sa manière de marcher, de tenir son dos, de manger, tout le démontrait.

-Pourquoi l’appelez-vous «Votre Lady Obscure D’amour»? Fit la voix de sa femme, le faisant sortir de ses pensées avec un sursaut.

Je dressai l’oreille, soudain intéressé.

-Elle m’a dit que chez elle, c’était son titre.

-Pourquoi? Alissame n’a rien d’obscur…

-Eh bien, il parait que c’est à cause de son apparence étrange.

-Ou bien parce qu’elle parle aux crevettes. Dis-je, abrupt

Les trois personnes dans la pièce me fixèrent, mais contrairement à son père et à mon épouse, qui me regardait avec des sourcils froncés, Alissame me regardait avec ahurissement.