8. Règles

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«Le meilleur, c'est que c'est une histoire vraie, s'exclama Antonio.

- Le pire tu veux dire, bouffon, ricana Miranda en souriant d'un air béat à Farouk.»

Celui-ci, coincé entre Teteola et la chroniqueuse, se sentait visiblement à l'étroit et ne savait que faire pour repousser la jeune femme sans la vexer (lui dire qu'il était amoureux de son biélorusse adoré était apparemment quelque chose de vexant).

«En fait cette histoire héros, c'est tout simplement la mienne, car je suis un héros, vous me suivez ?

- Ah ah, fit Farouk (bien que cela ne fut en aucun cas drôle).

- Déja, il faut savoir que je suis né dans l'espace, et il faisait froid la bas. Mes parents biologiques étaient de Suède mais ils sont morts.

- Ah ah, dit à nouveau Farouk.

- Du coup, je suis allé en Thaïlande. J'avais quatre ans quand j'ai rencontré mes parents adoptifs, deux tortues des îles Galapagos qui...

- Tortues ? réagit Teteola.

- Oui. Pablo et Minnie. Ils étaient très gentils.

- Tu sais quoi ? Ferme-la.

- En plus, Minnie, c'est un nom de souris, avança Miranda en caressant langoureusement le bras de Farouk.

- Non mais son vrai nom était Fernanda, on l'appelait Minnie pour rire.

- Mais ce que tu dis n'a aucun sens, dit Eleonore en levant les yeux du tiroir de Mireille qu'elle était en train de fouiller (c'était toujours intéressant de savoir qu'elle écrivait des lettres parfumées à Jean-Michel des statistiques).

- Oh regardez un iguane ! s'exclama Antonio pour détourner la conversation.

- Ah ah, dit Farouk en regardant. »

Personne ne tua Antonio, mais personne non plus ne peut expliquer pourquoi (même pas moi et pourtant je suis un narrateur de qualité)

«Bon ! lança Eleonore en se mettant sur ses pieds. Je n'ai pas envie de faire quoique ce soir parce que je suis fatiguée... donc je vais vous laisser croupir ici pour la soirée. Mais vu que je reste, et que vous êtes formidablement lourds, au sens propre comme au figuré dans le cas de Teteola...

- Je ne suis pas gros. J'ai une peau épaisse (assez épaisse apparemment pour pouvoir le comparer à un tractopelle mais passons).

- ... On va établir des règles.

Antonio applaudit. Les autres le regardèrent, interloqués.

- Mais t'as un grain ou quoi pauv'type ? Farine va, s'exclama Miranda avec la délicatesse qui la caractérisait.

- Règle numéro un ! hurla Eleonore. Pas de grossièretés. La prochaine fois que tu dis "farine", c'est dix euros pour le sapin de l'an prochain.

- Je pourrais le décorer ? s'enquit Antonio avec espoir.

- Règle numéro deux ! On ne m'interromp pas. J'ai un flingue donc c'est moi qui décide. Et j'ai mal à la tête.

Farouk leva la main, donnant un grand coup dans la bouche de Miranda au passage (il était trop innocent pour que cela soit calculé mais avouez que vous l'avez soupçonné) et Antonio le regarda d'un air benêt. Eleonore fit un signe de tête vers lui.

- Et si on a envie de faire pipi ? demanda-t-il avec sérieux.

La chroniqueuse s'écarta un peu de lui, la main contre sa bouche endolorie.

- Règle numéro trois, continua l'agent de police en ignorant sa question, arrêtez de vous plaindre. Sérieusement. On dirait des gosses de quatre ans. C'est bon vous avez compris ?

Ils hochèrent tous la tête.

- Bien sage.

- Euh...

- Et quatrième règle : ne vous entretuez pas. C'est Noël après tout.»

Cual es la fecha de hoy ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant