Conseil num. 1 : Rester en vie, c'est mieux tu peux me croire.

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Pour tout te dire, j'aimais bien ma vie. En fait, j'étais content, je me plaignais rarement et loin de moi l'idée de me suicider ou quoi que ce soit d'autre.

Maintenant, je me maudis. Enfin, je maudis ce qu'on a fait de moi : un être dépendant et facilement exploitable.

Je hais le 18 juin plus précisément. C'est un peu mon vendredi 13 à moi.
Cette même soirée où on m'a suivit alors que je sortais d'un rendez-vous plutôt réussi avec Mindy, une potentielle petite amie. Je me souviens, il faisait à peine nuit. Je sifflotait l'air de "mamamia" du groupe ABBA.
J'avais une vie un peu cliché, je me rends compte.

J'aimais bien ma petite vie cliché pourtant, et aujourd'hui encore je continues à me demander "pourquoi moi"?! Pourquoi ils sont arrivés, pourquoi ils m'ont choisis ?!
Est-ce qu'ils avaient besoin de faire ça ?Si on réfléchit bien, ok je n'ai rien sentit, je n'ai rien vu venir, VLAM on me cogne la tête contre le sol en même pas une seconde, puis plus rien.
Apres le plus rien vient l'enfer. Vient moi. Vient le zombie.

Difficile de savoir pourquoi. Par contre, je peux t'expliquer le comment.

Je ne sais pas de quelle époque tu es Franckie, mais tout a commencé en 2018. L'année mortelle comme j'aime l'appeler.
C'était l'année dernière. Il y a eu une énorme épidémie mortelle, portant le doux nom de Metasone. C'est arrivé comme ça, avant on ne savait même pas que ce genre de maladie existait. J'ai vécu l'hécatombe, imagines juste un instant des millions et des millions de personnes de tout âges et tout genre confondus, mourants, soufrants, potentiellement "contaminé". Mon grand frère, Lewis a lui aussi été touché. J'ai cru qu'il allait mourrir lui aussi, comme beaucoup d'autres. On pensait tous qu'une fois la maladie détectée c'était terminé. Seulement, comme par miracle "ils" ont trouvés un antidote.

De quel "ils" je parle ? De Max Corporation. Une grande entreprise spécialisée dans la recherche médicale. Alors que tout semblait perdu, les chercheur de cette entreprise pas très connue ont découvert comment traité les personnes atteintes de Metasone.
Grâce à eux, Lewis a survécu. Ils ont sauvés des millions de personnes dans le monde entier et pour la plus grande partit, bénévolement.

Depuis son intervention, Max Corp. est devenue imbattable. On clame son nom dans toutes les langues, on achete leurs produits, la population ne jure que par leurs médicaments.

Moi, j'avais mon frère et c'est tout ce qui m'importait. Puis la vie est redevenue comme avant. Je continuais les cours dans le lycée public de Jackson. Je pensais vraiment que tout allait se passer pour le mieux, que la roue avait tourné de notre côté.

Sauf que pas de chance, je suis de nature naïve et un peu trop optimiste.

Il a suffit d'une pub, de la curiosité et d'un téléphone pour que j'en arrive là.

- Découvrez la nouvelle application révolutionnaire signée Max Corporation, l'entreprise américaine la plus prestigieuse du 21ème siècle.
Ouais bon, faut pas abuser non plus hein. Ça fait que un an qu'ils sont connus.
- Vous en avez assez de vous inquiéter pendant des jours, de semaines voire des mois pour votre santé ?Non, je m'en balec totalement, je suis pas hypocondriaque moi.
- Vous avez peur pour votre porte-feuille lorsqu'il s'agit de payer un entretien médical ? J'ai surtout peur d'avoir compris que tu me prends pour un gros radin petite voie dans mon écran.
- Grâce à Max Médecine, le doute n'est plus permis. Soyez tranquille tout en ne dépensant pas un sou, recevez votre diagnostique complet gratuitement et à tous moments.
Max Médecine, c'est le progrès dans votre téléphone !

Sqzzzzz....

- Yotoutlemondec'estsqueeziecommentçavamoiçavasuperbienbonallezajourd'huijevousretr...
- Désolé mon pote, je regarderait ta vidéo plus tard. Là faut que j'aille voir cette appli, ça paraît trop beau pour être vrai ce truc.
D'un coup de pouce je suis sortit de YouTube pour aller dans l'appstore. Souvent, je m'amusais à installer des applications dans le but de me moquer après, de me dire "ça valait pas le coup" pour ensuite les désinstaler.
C'était l'une de mes occupations favorites lors des après-midi de mauvais temps, comme ce jour là.
Je me souviens, il pleuvait des cordes, et je peux te dire qu'à Houston c'est pas commun.
- Max Médecine, ouvre toi...
Sur cette super phrase d'accroche je tapais sur l'icône bleu affichant le logo de Max. Corp, suivit d'une seringue.
Ce logo, on le voyait partout depuis leur énorme coming-out.

L'appli s'étendit sur la totalité de mon écran Samsung galaxie 9.7, mon nouveau petit bijoux. Je suis resté pendant quelques minutes à attendre le chargement, devant une interface complètement blanche et une musique douce semblable à celles qu'on pourrait entendre dans les salle d'attente des médecins.
Puis enfin, au moment où je m'y attendais le moins, une jeune femme apparut sur le fond toujours blanc, suivit toujours de la marque de l'entreprise.
Elle était blonde, avec des cheveux courts au ras du coup, comme les femmes âgées. Elle portait une blouse bleu marine qui jurait sur sa peau d'une pâleur effroyable mais bizarrement attirante. Ses lèvres violettes s'étiraient en un fin sourire publicitaire tandis que ses yeux gris se plissaient légèrement.

- Bonjour.
Haha !! On se croirait au numéro du père noël ou devant une épisode de Dora ! Genre elle va m'entendre si je lui réponds...
- Je m'appelle Aria et suis désormais votre hôtesse dans l'univers utopique que vous offre Max. Corporation.
- Ouais, faut pas trop prendre la grosse tête non plus.
Comme je le présumais, ma remarque ne lui parvint pas, même si sa présence et sa voix, elles, étaient bien réelles et pas informatisées.
Elle s'avança sur la droite de l'écran et d'un claquement de doigts fit apparaître des champs pour entrer des informations. Propre.

- Tout d'abord, entrez votre nom de famille juste ici. Elle pointa de son index la fine ligne horizontale.
-Be..nett. Voilà miss, ensuite ?
- Veuillez entrer à cet endroit votre Prénom.
- Liam. C'est bon, on peut passer à autre chose ?
- Pour obtenir plus de bons diagnostiques, nous avons besoin de savoir votre âge.
- Pas de soucis. J'ai 17 ans.
- Nous avons presque terminé. Pourriez vous nous indiqué votre poids ainsi que votre taille ?
- 1m76 pour 63 kg tout rond. Ça te va blondie ?
- Patience, il ne nous reste que quelques informations désormais. Souffrez vous d'une quelconque maladie à longue durée ? Si oui, veuillez nous l'indiquer.
- Non, je ne suis point souffrant mademoiselle...
- Très bien. Maintenant, pour finaliser l'inscription nous aurions besoins d'une photo de vous de face et de profil.
- Hein ? C'est pas habituel ça...
Je suis resté perplexe quant à cette demande plus qu'étrange. D'habitude l'appli veut connaître ton adresse e-mail ou ta date de naissance, là elle veut carrément ta photo.
-Maintenant, pour finaliser l'inscription nous aurions besoin d'une photo de vous de face et de profil.
- C'est bon, j'ai compris, va pour la photo.
Avec une certaine réticence je tapais dû doigt sur "choisir une photo/video dans la phototèque". Je me souviens encore du portrait que j'avais choisi : le plus horrible et banal selfie de tous les temps. On pouvait même voir quelques de mes boutons d'acné et mon "presque" mono sourcil.
Tu sais Franckie, je ne juge pas, si toi même tu en as un y a pas de soucis. C'est juste que sur moi ça rendait horrible et dieu soit loué je m'en suis débarrassé depuis longtemps.
Bref, je ne vais pas débattre sur les poils facials parce que le reste est quand même plus important.

Ils avaient toutes les données qu'ils leur fallait, ma photo (de face et de profil, notes bien). Tout ce qu'il leur manquait c'était que j'accepte les conditions d'utilisation.
Tout ce qu'il me restait à faire c'était de taper du doigts la case prévue à cet effet. C'est ce que j'ai fait.

Tout s'est engendré à partir de là.
Sûrement que si je n'avais pas fait cette énorme erreur, je ne serais pas là, grelottant en pleine nuit dans une forêt que je ne connais même pas, à écrire un guide de survie pour zombie avec pour seule lumière celle du croissant de lune.

Sûrement.

Sûrement que ce soir de 18 juin, on ne m'aurait pas enlevé à ma famille, mes amis, au monde entier. On ne m'aurait pas tué aussi brutalement, on ne m'aurait pas fait injecté de substance chimique dans mon sang presque froid. On ne m'aurait pas enterré vivant, on ne m'aurait pas fait passé pour mort devant mes parents et Lewis, devant mes camarades de classes, devant toutes mes connaissances.
On ne m'aurait pas fait tout ça...

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⏰ Dernière mise à jour : Jan 08, 2017 ⏰

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Zom-B, manuel de survie.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant