26. Damien

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Son corps tremble contre le mien, entre mes bras. Elle sanglote dans mon t'shirt, ses poings fermement serrés dans celui-ci pendant que mes larmes s'évanouissent dans ses cheveux. Je ne peux pas, je ne peux pas la laisser partir, la laisser seule. Je ne peux pas vivre sans elle, ces quelques jours me l'ont prouvé. Je n'ai fait que de boire, de ruminer, et de penser à elle, à ce bébé. Je savais qu'elle le garderait, je le ressentais au plus profond de moi.

—Je suis désolé, je suis désolé.

Je prends son visage entre mes mains, l'obligeant à me regarder. Ses larmes me tuent, vraiment. De mes pouces je les ramasse, dépose un baiser sur sa bouche. J'en frémis, elle m'avait manqué.

—Je t'aime Elisa, ne pars pas s'il te plait.

Elle hoche la tête et main dans la main, nous remontons les marches qui mènent jusqu'à chez moi. On doit discuter, on doit parler de cette vie qui nous attend même si on ne l'a pas désirée.

******

Au lieu de s'installer dans le canapé, je l'amène directement dans ma chambre. Je lui enlève doucement son manteau et l'attire dans le lit.

—J'ai juste envie d'être près de toi, murmuré-je.
Elle enlève ses chaussures, s'allonge et je l'attire dans mes bras, là où est sa place.

—Je suis désolé bébé, répété-je.

—Moi aussi.
Ses larmes coulent sur ses joues, encore. 

—J'ai peur. J'ai peur de devenir père, ça me fout la trouille. Je n'ai jamais pensé à le devenir si tu veux vraiment savoir, mais si tu me promets...
Ses yeux bleus plongent dans les miens, me troublent, me font revivre.

—Si tu me promets de m'aider à être un bon père, je le ferai. Je le ferai avec toi, Je l'élèverai avec toi quand je serai à terre. Mais tu dois m'aider bébé parce que je suis mort de trouille.

—Mais moi aussi j'ai peur Damien, j'ai aussi peur que toi parce que moi non plus je ne m'imaginais pas avec un bébé.

—Je t'aime Elisa, la coupé-je. Je suis désolé d'avoir agi comme un enfoiré. Je n'aurais pas dû.
Elle esquisse un petit sourire en coin qui me fait l'adorer encore plus.

—Ouais, t'as été un bel enfoiré. Surtout dans tes messages de nuit.

Je ris, me cache dans ses cheveux humides, gêné.

—J'étais mort bourré, je ne pensais pas tout ça bébé. Je suis fou de toi et ce bébé, on doit le gérer ensemble comme on l'a fait ensemble.

Ses petits bras se resserrent autour de mon cou et les miens autour de sa taille. Je ne sais pas si ça ira, ni si je serais capable de gérer ce bébé convenablement, ni même si cet enfant s'attachera à moi à cause de mes absences, mais je ne peux pas être heureux sans Elisa. Alors pour elle, je ferai du mieux que je peux.

—Merci, sanglote-t-elle, merci. Parce que là, j'ai peur. J'ai peur d'être enceinte, j'ai peur de ce qu'on a fait, de ce qu'il m'attend. Et j'ai eu le cœur brisé en croyant t'avoir perdu. Je t'aime Damien, je pense que tu ne te rends pas compte à quel point je t'aime.

Mon cœur se gonfle d'amour pour elle, pour ses paroles, pour ses gestes, pour ses larmes et nos peurs communes. Je voudrai tant lui dire qu'ensemble on va y arriver, que je serai là de toute façon, mais ma gorge est nouée de sanglots que je refuse de laisser sortir, par fierté.

—Continue à m'aimer bébé, j'ai besoin de toi dans ma vie.

Et c'est vrai, comment pourrais-je vivre si la femme qui détient mon cœur s'en allait ?

******

Un peu plus tard dans la soirée, je m'allonge avec Elisa devant la télévision. J'ai besoin de récupérer le temps perdu, bizarrement. Je m'en veux d'avoir agi ainsi, alors qu'elle et moi on s'aime. Je n'aurais pas dû la laisser seule, je n'aurais pas dû lui dire toutes ces choses débiles.

—Tu es enceinte depuis combien de temps ?
Elle parait surprise par question, à en voir sa bouche ouverte et ses yeux écarquillées.

—Attends je vais te montrer un truc.
Elle se lève et je la regarde, sourcils froncés, fouiller dans son sac.
Elle en sort l'enveloppe de tout à l'heure, et un carnet avant de revenir s'installer entre mes jambes.

Du carnet, elle prend une sorte de disque en papier et fait tourner un plus petit dessus.

—En fait, dit-elle doucement, je dois mettre cette flèche sur le jour où j'ai eu mes dernières règles. C'était là, ajoute-t-elle en pointant le vingt-quatre juillet.

Je ne peux pas m'empêcher de réfléchir en vitesse, suis rassuré quand je me dis que j'étais en mission. Ce bébé est bien le mien alors, rien à voir avec mon connard de frère.
—Donc je suis enceinte d'à peu près deux semaines et demi. Ce bébé n'en est pas encore un. Il ne ressemble qu'à un point clignotant. C'est tout. Et j'ai entendu le coeur, un tout peu parce que à ce stade là, ce n'était même pas certain qu'on puisse l'entendre.  Par contre, souffle-t-elle, la gynécologue dit qu'il y a énormément de fausses couches à ce stade, et qu'avant dix semaines, c'est mieux de ne rien dire.

Je hoche la tête silencieusement, pensant à ce qu'une fausse couche impliquerait encore.

—Montre, dis-je en prenant son carnet. J'y lis ce que la gynécologue a inscrit, m'arrête sur les pointillés recouverts de mon nom à « nom du père ». Mon cœur s'accélère sous la pression que ça m'apporte mais d'un côté, je ne peux pas m'empêcher de sourire en lisant qu'Elisa ne le cache pas.
Mais pourquoi le ferait-elle de toute façon ? Elle m'aime, et... Putain je vais être papa. Moi Damien Burns, vais être père !
—Il est mis que tu dois prendre des vitamines.

Elisa se retourne vers moi, le sourire aux lèvres et je tends mes jambes quand elle grimpe sur mes cuisses. Je lâche le carnet sur le sol, pose mes mains sur ses hanches. Je suis amoureux de cette femme, fou amoureux même.

—Tu sais que je t'aime Dam ?

—Même après ces jours-ci ? demandé-je.

Elle frôle mon nez du sien, tendrement puis pose son front contre le mien.

—Encore plus Damien. Tu as la trouille mais t'es là, avec moi.

—C'est parce que je suis amoureux de toi que je veux bien essayer. Sinon, j'aurais été encore plus enfoiré que je ne l'ai été. 

—Alors tu vas te faire pardonner mon commandant.

Je ris quand elle me dit ça d'une voix douce et chaude. Elle est en train de m'allumer.

—Viens, on va refaire le lit.

—Sérieusement ? dit-elle en éclatant de rire. T'as pas d'autres excuses que « refaire ton lit » pour m'attirer dans ta chambre ?

—Non, susurré-je contre sa bouche, on n'a pas besoin d'excuse pour baiser. Pas encore.
Elle glousse quand je me lève en la soulevant. Et là, je me dis que ça y est, j'ai enfin retrouvé la femme que j'aime. Elle est là, avec moi et pour toujours. 

Un jour trop tardOù les histoires vivent. Découvrez maintenant