Chapitre 9

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Hugo se leva un samedi matin, il faisait un peu chaud et le mois de juin était déjà bien avancé. C'était un week-end tranquille et Corentin lui avait proposé de sortir un peu. Voir Paris, en profiter avant l'arrivée annuelle des touristes, et puis pourquoi pas rencontrer une fille, car selon lui c'était mauvais de rester seul trop longtemps. Il faut dire que Hugo n'avais pas aimé depuis son entrée au lycée. Il y avait eu cette fille en seconde, et puis elle avait trouvé quelqu'un d'autre, alors il n'avait pas insisté. Depuis, les seules filles qu'il fréquentait lui avaient été présentées par Corentin et ne dépassaient jamais le stade de l'amitié. Ça ne lui manquait pas du tout, mais son ami disait qu'il fallait que ça change.

Ils passèrent la matinée à marcher. Explorant les vieilles rues, marchant sur le pont des arts ou bien longeant les quais. Puis ils s'arrêtèrent dans une crêperie proche de la Tour Eiffel. Comme toujours, Corentin faisait la conversation, et Hugo l'écoutait, accompagnant parfois son récit d'un hochement de tête ou d'un sourire.

Pendant qu'ils parlaient du prochain match de l'équipe de basket, son portable vibra. Hugo le sortit de sa poche, et comme il s'y attendait, c'était Marie.

Marie - Coucou Hugo ! Comment vas tu aujourd'hui ? Moi je suis un peu perdue dans mes révisions à vrai dire... Si tu as le temps de m'appeler dans l'après-midi, ça me ferait vraiment plaisir de te parler.

Le sourire aux lèvres, il regarda Corentin tout en répondant à Marie que bien sûr, il l'appellerait dès qu'il serait rentré chez lui.

Depuis leur dernier appel, les choses s'étaient passées calmement. Elle avait pu éviter Nathan au maximum en prétextant dès qu'elle le pouvait - sans que ce soit réellement un mensonge - un examen de sciences, ou bien encore un d'histoire. Il l'avait donc laissée en paix pendant quelques jours, et elle, plongée dans ses révisions à cause du bac qui arrivait bien trop rapidement, n'avait pas vraiment eu le temps de souffler, et de s'inquiéter par la même occasion. Elle envoyait régulièrement des messages à Hugo pour lui dire quel chapitre elle travaillait ou bien tout simplement pour parler avec quelqu'un et se changer les idées. Il essayait de la contenter au maximum, tout en sachant pertinemment qu'une fois sa période d'examens terminée, l'excuse des révisions ne seraient plus valable, et Nathan redeviendrait un problème préoccupant. Hugo essayait de vivre tranquillement de son côté. Sans oublier Marie, il voulait tout de même conserver une certaine indépendance par rapport à toute cette histoire.

Corentin lui fît un signe de la main.

« Eh ! Tu m'écoutes ? T'es complètement dans la lune depuis plusieurs semaines. Qu'est-ce qu'il se passe ? »

Était-ce le bon moment pour tout lui dire ? Hugo était partagé. Corentin était capable de très bien réagir et de l'aider, de le soutenir. Mais il était aussi capable de se moquer et de le trouver totalement ridicule.

Bien sûr, il savait qu'il serait obligé de lui dire un jour. Il ne pouvait pas éternellement cacher à son meilleur ami le fait qu'il parlait quotidiennement avec une fille, sans la connaître et qu'il la considérait malgré tout comme une véritable amie. Sans plus réfléchir, il se décida à tout lui avouer.

« Écoute Corentin, a-t-il commencé, ça fait longtemps déjà que j'hésite à te le dire. Je pense que c'est le moment maintenant.

— Oh, là tu m'inquiètes, répondit l'intéressé. Allez, raconte moi, tu as toute mon attention.

— Ok. Bon, ça fait à peu près un mois maintenant que je parle avec une fille, et...

— Mais c'est génial, le coupa-t-il ! Elle est d'ici ? Dis m'en plus ! Quel est son nom, tu l'as rencontrée comment, elle ressemble à quoi ?

— C'est un peu ça le problème, reprit Hugo gêné, je ne la connais pas, je ne l'ai jamais vue. »

Surpris, Corentin fouilla les yeux de son meilleur ami, y cherchant un indice de mensonge, de plaisanterie. Mais Hugo était très sérieux et ses yeux ne le trahirent pas.

Il raconta l'histoire à Corentin, essayant de ne rien oublier. Il lui parla de cette fille qui hantait ses pensées, de son petit copain qui la rendait folle et de toutes les choses qu'ils avaient évoqué. Il raconta bien sûr comment il avait fait sa connaissance, ce qui fit beaucoup rire Corentin.

« Ahaha ! Je me souviens de ce jour-là ! Tu ressemblais à un zombie et j'avais même parié avec les autres que tu t'endormirais en cours. J'ai perdu d'ailleurs. Enfin bref. Quel est le nom de cette charmante inconnue, demanda-t-il ? »

Hugo sourit. Il adorait ce prénom.

« Marie, elle s'appelle Marie. »

*

Corentin fut d'abord un peu étonné après toutes ces révélations. Ce n'était pas le genre de secret qu'il s'attendait à découvrir chez son meilleur ami. Et finalement, avec le recul, il réalisa qu'il était heureux pour lui, malgré l'étrangeté de la situation.

En fin de compte, c'était un peu pour cette raison qu'ils étaient amis, parce que Hugo était étrange, original, bien différent des autres. Il savait lui rappeler où se trouvait la réalité des choses et il avait besoin de lui pour garder les pieds sur terre. Alors que son ami lui parlait de Marie, Corentin ne put s'empêcher de sourire.

« Pourquoi tu souris comme ça, questionna Hugo, soudainement inquiet de devoir subir la moquerie de son interlocuteur ?

— Je suis simplement heureux pour toi, répondit le blondinet avec honnêteté. »-

*

Une fois le repas terminé, les deux jeunes sortirent de la crêperie, et continuèrent leur marche dans la ville. Ils parlaient et riaient, comme si la discussion autour de cette fille leur avait permis de se rapprocher d'avantage.

Ainsi le temps passa vite et se consuma sans même qu'ils s'en rendent compte. Vers 18 heures, Hugo jeta un coup d'œil à sa montre, et il se rappela tout à coup qu'il devait joindre Marie.

« Je suis désolé mais je vais devoir rentrer, je lui ai promis que je l'appellerai dans l'après-midi. Je suis déjà en retard. On se voit lundi, lança-t-il ?

— Avec plaisir, et tiens moi au courant, j'ai hâte d'en savoir plus sur ta "Juliette". »

Après une accolade, Corentin marcha vers la station de métro la plus proche tandis que Hugo partait dans la direction opposée pour rejoindre l'arrêt du bus qui le ramènerait chez lui.

Les mots que je t'envoieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant