32. Elisa

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Les images défilent, filmées par des hélicoptères,  sous mes yeux remplis de larmes.

Non. 

Je ne peux pas croire ça. Je ne peux pas croire que c'est son bateau à lui, qui part en fumée dans cette étendue d'eau. 

Je hurle devant la télévision qui diffuse en boucle ce film. C'est un film, hein ? Pitié, je vous en prie, dites-moi que c'est un putain de film ! Je n'entends même pas ce que les journalistes disent, mes sanglots résonnent beaucoup trop fort dans la pièce. Je n'arrive pas à réaliser que mon Dam... Non. 

Je hurle encore tant la douleur m'assaille, me déchire le cœur, l'âme. Je ferme les yeux, priant le ciel et ses divinités pour que ce soit juste un putain de cauchemar, pour que rien de tout cela ne soit réel. Mais quand je les ouvre, la télévision affiche toujours la même chose : Ces navires de la Navy Seals qui brûlent, à cause des bombardements dont ils ont été la cible. 

Je me recroqueville dans un coin du canapé, cache mon visage entre mes genoux. 

Les mots « guerre, terrorisme, morts, introuvables, explosions, et bombes » que la journaliste ne cesse de répéter tournent en boucle dans ma tête. Je vais vomir, je vais mourir, je vais étouffer. Mon téléphone vibre dans ma main, et j'espère que ce soit son texto, qu'il me dise qu'il va bien, qu'il n'a rien.
« J'arrive »

C'est Mélanie, ce n'est pas lui. Je pleure encore plus, terrassée par la douleur, par la peur que j'ai. Je serre mon portable dans mes mains, supplie, prie, hurle, sanglote.

—Je t'en supplie Dam, pleuré-je, t'avais promis... Je t'en supplie bébé.... T'avais dit que tu reviendrais... 

Mes sanglots déchirent le silence dans lequel est plongé son appartement. Mon cœur est tellement douloureux que je suis certaine qu'il est en train de se briser en mille morceaux dans ma poitrine. Je ne peux pas, je ne peux pas le perdre...

—Je t'en supplie bébé... Je t'en prie...
Je pleure à m'en déchirer les cordes vocales, je pleure toutes les larmes de mon corps, fixe la télévision en espérant l'apercevoir, ce qui est insensé.

—Dam...Tu ne peux pas m'faire ça, sangloté-je. T'avais promis bébé...

D'une main tremblante, je compose son numéro. Son téléphone était allumé, il n'a pas eu le temps de l'éteindre, j'en suis sûre.

—Vous êtes bien sur le répondeur de Damien Burns, laissez votre message...

Je raccroche, recommence.

—Vous êtes bien sur le répondeur de Damien Burns, laissez votre message...

—Bébé, décroches... Je t'en supplie Dam, dis-moi que tu vas bien, dis-moi que tu n'as rien...

Je recommence des dizaines de fois, jusqu'à ce que les larmes m'épuisent.

******

—Tu devrais couper ça, dit doucement Mélanie.

Je secoue la tête, ne quittant pas la télévision des yeux même si les larmes me brouillent la vue.

Mon mouchoir fermement tenu en boule entre ma main, me protège la paume, dans laquelle j'enfonce mes ongles. Je n'arrive plus à penser, mes yeux me brûlent à force d'avoir pleuré. Je les ferme, revois son beau visage alors qu'il me parlait hier soir. Son sourire, ses fossettes, ses yeux... Non...
Mes larmes ruissèlent encore, un peu plus nombreuses à chaque fois. Je retiens mes sanglots, pourtant, ils me nouent la gorge, écrasent mon cœur et mon ventre d'un poids ingérable.

Un jour trop tardOù les histoires vivent. Découvrez maintenant