Chapitre 12

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Pdv Hanna Clide

Ça fait maintenant un mois que je me suis réveillée de mon coma. J'ai eu du mal à émerger mais maintenant je suis entièrement réveillée. Et je suis aveugle. Le médecin en charge de mon cas a dit que ce pouvait être passager comme ça pouvait être définitif. Les séquelles étaient presque une évidence après autant de temps dans le coma mais le nerf optique n'a pas été touché lors de l'accident. Je me suis énormément refermée sur moi même et je ne parle plus à personne. Jason passait ses jours et ses nuits avec moi ainsi que mes parents, mes frères et ma sœur, mais un jour j'ai pété un plomb et les médecins m'ont montée en psychiatrie. Depuis, mes visites sont restreintes et je passe mes journées allongée dans mon lit, à écouter les cris et les plaintes des patients du service psychiatrique de l'hôpital. Je ne fais plus rien et je suis dans un état léthargique.

Une fois de plus, je ferme les yeux et laisse mes larmes couler, et je pense à Jason. Je m'en veux. Je lui ai crié dessus et il n'est pas venu me voir depuis.

Tara, l'infirmière, entre dans ma chambre et signale sa présence. Je ne bouge pas pour autant.

Tara: bonjour ! Comment vas-tu ? Il fait vraiment beau aujourd'hui, le soleil brille et c'est magnifique.

Elle s'arrête de parler et se rend compte de sa connerie. J'en sais rien du temps connasse ! Je suis aveugle !

Tara: désolé. Je vais changer tes bandages.

Je sens son parfum à la vanille envahir mes narines, alors qu'elle prend mon poignet et défait la bande qui l'entoure.

Tara: ton frère passera dans l'après midi. Ton grand frère, Preston je crois. Il est marrant, il me drague je crois.

Tara est vraiment jeune. Elle n'a que vingt quatre ans et est déjà infirmière. Elle est gentille et elle m'a raconté une fois qu'elle avait eu un bébé a seize ans et ses parents l'ont mise à la porte. Sauf qu'elle a perdu son bébé et depuis elle s'occupe d'elle seule et elle s'est concentrée sur ses études. Elle a sauté deux classes. Une vraie intello. Et mon frère lui a tapé dans l'œil. Et c'est réciproque.

Tara: voilà ! Un beau bandage ! Tu sais ma belle, des patients fous, j'en ai vu. Beaucoup plus que tu ne le crois. Et je peux te dire que tu es très loin d'être folle. Tu as juste besoin de temps pour te faire à... ça.

A ça ? Au fait d'être... aveugle ? C'est pas d'un séjour chez les fous dont j'ai besoin c'est de mes yeux !! Mais ça je crois que personne ne le comprend.

Tara: Hanna, tu peux me parler tu sais, je suis tenue au secret médical.

Comment lui en parler ? Je vais lui dire quoi ? Ma vie est foutue ? J'ai tellement mal que j'étouffe ? J'ai envie de mourrir ? Tout à la fois ? Non. Elle ne comprendrait pas et me prendrais réellement pour une folle. Et ce centre pue le désinfectant. Vivement que je sorte d'ici.

Tara: je comprends. Si tu as besoin de parler, à moi ou à qui tu veux, on est la. Tu ne seras en aucun cas jugée, crois moi. Bon, j'ai fini, j'y vais. La patiente d'à côtés s'est ouvert la jambe sous prétexte que ce n'était pas la sienne. Il y a plus grave que toi ici, Hanna. À demain.

J'entends la porte de ma chambre se fermer signe que Tara est partie. J'inspire, je ferme les yeux, et profite de ce calme. Je suis tellement fatiguée par mes nombreuses nuits d'insomnie que je m'endors.

Pdv Jason HOPE

J'arrive devant l'hôpital et me gare. Je coupe le moteur et souffle en m'affalant sur mon siège en cuir. Je regarde l'enceinte où Hanna est enfermée depuis je ne sais même plus combien de temps. Je ne suis pas revenu depuis longtemps et j'avoue qu'elle me manque énormément. Mais le fait qu'elle se referme autant sur elle même m'insupporte. Elle est aveugle, certes. Mais ce n'est pas une raison pour se laisser aller comme ça. Je soupire puis descends de mon Audi et avance vers l'entrée. Je me repère aux panneaux et prends l'ascenseur jusqu'à l'étage de la psychiatrie. Les portes se referment et la boîte métallique entamé sa montée. Je réfléchis à ce que je fais la. Je suis venu sur un coup de tête, je ne sais même pas si elle voudra me voir. Le ding se fait entendre et les portes s'ouvrent, dévoilant un long couloir blanc ou des gens en robe de chambre se baladent accompagnés d'un proche ou d'un membre du personnel. J'avance et vais jusqu'au bureau où je vois une jeune femme brune au téléphone. J'attends qu'elle ait terminé sa conversation et lit une brochure sur les cures de je ne sais pas trop quoi. La jeune femme raccroche et je range le papier avant de relever la tête vers son regard vert émeraude et son sourire chaleureux. Elle a l'air vraiment gentille.

Infirmière: je peux vous aider ?

Moi: peut être, j'espère. J'aimerais voir Hanna Clide.

Infirmière: oh, vous êtes de la famille ? Je ne vous ai jamais vu ici avant.

Moi: n-non, je suis son petit ami. Enfin je crois.

Infirmière: vous croyez ?

Moi: je n'en suis même pas sur. Elle s'est tellement... refermée, que je ne suis même pas sur de compter à ses yeux.

Infirmière: c'est justement ça le problème. Elle n'a plus l'usage de ses yeux. Et plus que jamais, elle a besoin de soutien, que vous lui montriez que vous l'aimez, qu'elle compte pour vous. Et même si elle ne parle pas, elle ressent beaucoup de choses.

Moi: vous avez sûrement raison... dr Willis. Dis-je en regardant son badge.

Infirmière: juste Tara. Je vous accompagne jusqu'à la chambre d'Hanna ?

Moi: s'il vous plaît.

Tara: suivez moi.

Elle entame la marche, moi sur ses talons. On arrive devant une porte verte caca d'oie. C'est moche. Ils n'ont aucun goût. Elle toque pour signaler sa présence je suppose et entre dans la chambre. Elle me laisse passer et je la remercie. Elle sort ensuite de la pièce et je referme la porte derrière moi. Je m'avance jusqu'à Hanna qui est allongée dans son lit, dos à moi. Je regarde son visage, elle dort. J'embrasse son front et m'éloigne un peu. Je la reconnais à peine. Elle qui avait tant de vie en elle, est comme un zombie. Elle a d'énormes poches violacées sous les yeux et une peau si pâle qu'on la confondrait presque avec les murs blancs de la chambre. Je m'assois sur le fauteuil près d'elle et attends son réveil, en lui tenant doucement la main et en caressant sa joue.

HOPE (terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant