Suis-moi, je te fuis Fuis-moi, je te suis

Prologue

Le soleil se couche en colorant les montagnes entourant la vallée. C'est magnifique....
J'ai toujours été émerveillée par les reflets d'or et de cuivre que l'astre laisse sur les sommets aux neiges presque éternelles. Petite, je contemplais ce spectacle de la lucarne de ma chambre en rêvant à ce que pouvait être la vie là haut. Je me prenais à rêver d'être l'une des brebis qui montaient dans les pâturages au printemps, ou encore l'un de ces tout jeunes chiens qui courent au devant des troupeaux.

Souvent, la voix de mes parents ou le klaxon d'une voiture me tirait de ma rêverie. Désormais ce n'est plus que le calme plat autour de moi.

Je passe une main dans mes cheveux flamboyants en jetant un dernier regard à ma ville somnolente. L'ombre des montagnes l'a déjà avalée. Déjà les lampadaires s'allument, les fenêtres s'éclairent. C'est beau. Comme si des centaines de bougies luisaient dans le soir. Je me surprends à sourire : Les gens rentrent chez eux, retrouvent leurs familles.... Ils vont se revoir ce soir, s'embrasser, discuter, manger tous ensemble et aller se coucher en se demandant si la vie n'est pas plus douce ailleurs. Qu'ils ont tord. Rien ne vaut son vrai chez soi.....

Je sais de quoi je parle...

Et lentement, je me retourne vers les bois et avance, toujours plus haut. Je vais m'y réfugier en attendant le jour.

Je n'ai pas d'autre endroit où aller.

Je m'assois sur la mousse dans le sous bois et sors un briquet de ma poche. Ce sera ma seule lumière et ma seule chaleur cette nuit.... Et probablement pour les autres aussi.... Un murmure traverse mes lèvres :

"Joyeux anniversaire Shinei...."

Je ferme les yeux et essaie de m'endormir. Sans voir les deux yeux qui me fixent dans le noir... ni la lame qui luit dans la lune naissante.