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Il est quatorze heures quand Anaïs, accompagnée de Jordan, Arthur et Nolan rigolent entre eux, ils viennent enfin de finir le lycée. Ils doivent rejoindre les autres.

Ils sont neufs. Cinq filles, quatre garçons.

Ils marchent dans la rue, mais Ana ressent une présence "maléfique" autour d'elle. Bien sûr, elle ne peut le révéler aux autres sans leur expliquer comment elle le sait. Alors, elle marche sans rien dire, mais ses amis ne sont pas dupes et Jordan et Arthur lui posent la question en coeur. Elle rit, les regarde et leur répond qu'il n'y a pas à s'inquiéter. Pourtant, son pressentiment ne fait que s'alourdir à mesure que le temps passe.

La présence est presque collée à eux lorsqu'elle se retourne discrètement. C'est un homme. Anaïs se dit que si elle agit maintenant, elle risque d'exposer son terrible secret aux yeux de ses amis. Dans ses souvenirs danse la genèse de cette longue histoire. Elle se revoit, ce matin-là, le jour de ses quinze ans.

-J'en ai marre ! Pourquoi les cours commencent-ils à 8 h ? On ne pourrait pas avoir une dérogation ? Au moins le jour de ses 15 ans ?

J'avalais mes céréales en me plaignant.

- Ça va bien se passer, ma poupée ! Arrête de t'angoisser comme ça.

Facile à dire pour quelqu'un qui n'est pas née le lendemain de la rentrée...

Surtout, l'entrée au lycée...

Je vivais seule avec ma tante, Rafaella. J'étais enfant unique. A vrai dire, j'ai été adoptée à ma naissance, par la sœur de ma mère. Elle est morte en me mettant au monde, et je n'ai jamais su qui était mon père. J'avais toujours eu de très bon rapport avec ma tutrice, je l'avais même surnommé Ima, « maman » en hébreu.

Ma tante était photographe et journaliste reporter. Elle voyageait beaucoup et m'emmenait souvent avec elle. Ces petites missions d'une durée maximum d'une semaine me permettaient de m'évader. Ma chambre était recouverte de photographies de ces escapades. Tout en me servant un verre de chocolat, je continuai de me plaindre. Alors que j'allais pour chauffer mon bol au micro-onde, Ima me stoppa.

- Il ne marche plus, j'ai voulu me faire de la soupe dans la nuit mais il a malheureusement rendu l'âme.

Plus rien ne me choquait, la soeur de ma mère avait tendance à être un peu folle, mais c'est ce qui faisait son charme.

En tout cas, j'avais envie de chocolat chaud. Vraiment envie. Je sais que ça paraît stupide, mais c'était une des rares choses me remontant le moral.

Serrant la tasse entre mes mains, je me mis à espérer que le lait soit chaud. Ma tante m'embrassa sur le front et partit s'habiller. J'étais d'humeur morose et me mis à me concentrer d'avantage. Lorsque je goûtai le lait, j'eus presque l'impression qu'il avait été chauffé. Je le voulais brulant.

La tasse devenait de plus en plus chaude. Le lait commença à bouillir et à déborder. En un instant, la tasse se brisa. Le liquide me coulait des mains mais je ne ressentais aucune brûlure. Je restai debout, comme anesthésiée.

Ima courut dans la pièce, alarmée par le bruit. Elle me demanda ce qu'il s'était passé mais j'étais paralysé, comme immobile, bredouillant des mots sans sens. J'étais incapable de lui prodiguer une explication logique.

- Ma chérie, j'ai comme l'impression que tu prends cette histoire de rentrée beaucoup trop à cœur. Détends-toi un peu, tu es belle, adorable, drôle, gentille et même comme ça tu es sexy.

On rigola en regardant mon pyjama Snoopy.

- Va t'habiller et détends-toi un peu du string.

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⏰ Dernière mise à jour : Sep 06, 2019 ⏰

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