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Dorante : Bourgeois, excentrique et égocentrique. Père de Célie.

Éponine : Servante de Célie.

Célie : Première fille de Dorante.

Adeline : Mère de Célie, épouse de Dorante.

Cette scène se déroule dans les années 1600.Alors que Célie devient une jeune adulte, elle se pose des questions sur le monde dans lequel elle vit et decide, de s'en aller vers d'autres lieux, afin de comprendre l'Homme.Elle est interceptée par Éponine, qui la trouve en train de faire ses valises.
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Éponine : Entre dans la chambre de Célie, reste devant la porte, choquée, mais parle calmement. Que faites-vous donc?

Célie : Ma chère Éponine, comme vous le voyez, je fais mes valises.

Éponine : Et où allez-vous donc?

Célie : Je n'en sais encore rien malheureusement.

Éponine : Par tous les dieux ! La jeunesse vous aurait-elle prit la tête ?

Célie : Loin de là voyons, c'est avec toute ma conscience que j'entreprends mon nouveau voyage.

Éponine : Vous excuserez ma curiosité.

Célie : Vous m'avez tout apprit.

Éponine : S'approche sereinement de Célie. Mais encore.

Célie : S'assied sur son lit et regarde sa tendre confidente. Voyez-vous, cela fait des années que vous m'inculquez des leçons de morale, de savoir vivre, comment devrais-je me vêtir, m'exprimer, observer, que pourrais-je ajouter de plus...

Éponine : S'assied à son tour et s'occupe en vidant progressivement la valise de Célie.

Célie : Parles en remettant dans sa valise ce que fait sortir Éponine. J'ai passé ma vie à écouter, à observer, à comprendre et à analyser.
Au final, je réalise que le monde dans lequel je demeure n'est peut-être pas le mien.

Éponine : Auriez-vous le mal du pays?

Célie : Loin de là. Après un grand silence. Je dirais plutôt, le mal de ce monde.

Éponine : Vous savez que vous pouvez tout me dire.

Célie : Il vient un moment dans la vie d'une jeune fille où elle est sensée devenir une femme. Appliquer parfaitement l'éthique et la morale, apprisent durant la majorité de sa vie.
Voyez-vous, je ne sais point si j'ai réellement cette foi de vouloir vivre comme le monde.
Vous m'avez apprit à être comme lui, mais je n'apprécie guère son fonctionnement.

Éponine : Pourquoi un tel dégoût pour ce qui fait de vous, ce que vous êtes Célie ?

Célie : Je pense que ce que je suis, enfin, ce que je suis sensée être, est sensé venir de l'intérieur de mon être et non du monde extérieur.
Qu'est donc un "moi" qui ne reflète que le "vous" ? Vous m'en voyez navrée, je vous admire et vous respecte, mais être vous, ne fait pas parti de mes ambitions.

Éponine : Si votre père vous entendait. Vous êtes si jeune. Vous ne devriez pas penser de la sorte.

Célie : Tendre personne, je ne souhaite plus que l'on me dise quoi faire !

Éponine : Vous me voyez affligée par votre manque de maturité, ne voulez-vous pas arrêter de penser?

Célie : Se lève. Arrêter de penser ? Arrêter de penser ! Voyez-vous, voici tout ce que je déteste. Cette très chère société idolâtre nos rois et nos princes, favorise la bourgeoisie, donnes des honneurs aux hommes, les femmes doivent rester les précédentes. Nous ne devons pas penser. Nous ne devons pas leur faire de l'ombre.
Sachez que je cherche l'Homme avec un grand "H".
Je cherche à comprendre qui nous sommes, pourquoi en sommes-nous là et quel est donc ce monde.

Éponine : Outrée, je suis de voir combien de fois vos fréquentations du village vous ont perturbées ! Votre père aurait-il eu donc raison?

Célie : Mon père ? Ha ha, mais voyons, Éponine. Dans peu de temps il voudra que j'épouse Léandre. Un homme que je n'aime pas. Pour lier nos familles et nos richesses, afin qu'ils puissent satisfaire leurs ego durant un temps . Il n'est que le reflet de notre monde.

Éponine : Se lève. Ne parlez pas ainsi de votre père !

Célie: Tendre Éponine. Vous direz à ma très chère mère,que je m'envole vers des contrées lointaines et ne reviendrais, que lorsque j'aurais percé les mystères de la nature humaine.
Sort de la pièce avec sa valise et s'en va.

Éponine : Voilà qu'elle se prend pour un vulgaire volatile. Je dois prévenir monsieur Dorante et madame Adeline. Sort précipitemment de la pièce.

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Disons que j'ai tenté quelque chose de nouveau.

Scripturient.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant