Chapitre 3 , Alana, J'ai vraiment accepté ça, moi ?

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Je regarde cet homme qui dort à côté de moi.
Il m'a remerciée avant de s'endormir comme une masse. Je suis incapable de dire pourquoi...
Je repense à notre conversation au bar et durant la soirée. Ce mec me plaît, mais je sais qu'il n'est pas pour moi. Même s'il y a de l'électricité entre nous, j'en suis persuadée. Il semblait vraiment curieux de tester une femme noire mais il n'a pas l'air de vouloir s'engager. Je l'ai senti quand je lui ai parlé du fait que les filles veulent me caser. Il s'est raidi et je sais que cela veut dire : attention danger !
Quand j'ai rectifié le tir, il a semblé se détendre. Heureusement que je sais détecter les émotions des autres. J'ai un don pour faire parler les gens mais aussi pour savoir ce qu'ils pensent probablement avant même qu'ils ne le pensent.
Je sais orienter mes interlocuteurs dans mon sens, là est ma force. Cela a probablement été la raison pour laquelle mon patron m'a choisie pour manager le groupe à Londres. J'ai des centaines d'hommes et de femmes à diriger. Je suis sûre de moi. Je savais qu'en dévoilant à Chris cet aspect de mon caractère, je n'aurais pas besoin de le convaincre de passer la nuit avec moi.
Toutes mes bonnes résolutions concernant l'homme de ma vie qui devait se battre pour moi, étaient parties aux oubliettes au moment où nos regards se sont croisés. Je ne le regrette pas. Quelle nuit ! Cet homme fait l'amour comme un dieu. Il est aussi beau nu qu'habillé. Il a un physique d'athlète. Sentir son corps à la fois souple et ferme sur moi m'a excitée au plus haut point. Je ne sais pas ce qu'il fait avec moi. Il est hors de question que je lui montre mes doutes. Sur le plan professionnel, je suis féroce mais sur le plan personnel, je suis pétrie de doutes et je n'ai aucune confiance en moi. J'espère qu'il ne le découvrira pas trop tôt.
Comme si tu allais le revoir, ne rêve pas ma vieille ! Quoique s'il m'accompagne à Varsovie, on passera encore un super moment car sur le plan sexuel tous les deux c'est le pied ! Attention il a été clair, il n'est pas tombé amoureux depuis trois ans et ce n'est pas toi, qui le feras changer d'avis. Tu as bien vu comment il a regardé tes copines. On voyait bien qu'il aurait préféré que j'aie moins de formes. Depuis l'enfance, j'ai toujours eu entre cinq et dix kilos de trop. J'ai enchaîné les régimes années après années. Puis, j'ai appris à en faire un atout. Je ne cherche plus à maigrir depuis que j'ai appris à m'accepter telle que je suis actuellement, avec neuf kilos superflus. Mais le regard que les hommes portent sur moi, surtout ceux qui me plaisent, est quelques fois difficile à accepter, si je le sens plus ou moins méprisant. Je n'ai heureusement pas lu cela dans les yeux de Chris. Bizarrement, il me désirait. J'ai d'ailleurs fait une chose que je ne fais jamais. Je me suis exposée nue sous ses yeux. Moi, la complexée, j'ai fait ça ? Je ne sais pas si je pourrai le refaire. Sur le moment, j'ai pris mon pied.
— Dis donc, tu es en train de me mater, coquine ?
Heureusement que je ne rougis pas. Je me sens d'un coup gênée. Je vois maintenant de l'excitation dans ses yeux.
— Ça me plaît. J'ai bien aimé notre partie de jambes en l'air et je suis prêt à recommencer. Ce sera meilleur maintenant que je ne suis plus sous l'emprise de l'alcool.
— Et qu'attends-tu ? lui dis-je, d'un ton plein d'excitation.
Il me refait l'amour, plus tendrement. Il m'amène encore une fois à l'orgasme. Un orgasme plus que puissant. Je navigue dans un monde que je n'avais encore jamais exploré. Il n'y a pas à dire, ce gars est une bombe atomique au lit.
Après une douche bien relaxante, nous commandons le petit-déjeuner. Pendant que nous le prenons, il me suggère d'un ton neutre et plein d'assurance :
— Ne nous voilons pas la face, je ne cherche pas l'amour et c'est aussi probablement ton cas. Seulement, sur le plan sexuel, nous deux c'est explosif ! Je te propose que l'on se voie, lorsque l'envie nous prend. En gros, je te propose de devenir ma sex friend. Nous profiterions du plaisir que l'autre a à proposer sans tous les inconvénients de la vie de couple. Qu'en dis-tu ?
Je le regarde. Ses grands yeux verts semblent suspendus à mes lèvres. Il pense vraiment ce qu'il vient de me dire. Après un moment d'hésitation, j'acquiesce. J'ai la gorge sèche à l'idée que je viens d'accepter une proposition qui risque de se retourner contre moi un jour. Il est clair que tous les deux, nous ne serons rien de plus que des sex friends. Qu'il ne se battra jamais pour moi. Cependant, le sexe avec lui est si bon que ça vaut ma digression à mon goût. Il soupire de plaisir à l'idée de cette nouvelle relation sans lendemain. Je ne sais pas où cette histoire me mènera. Je doute en sortir complètement indemne. Mais après la nuit que je viens de vivre, je ne pense pas que je pourrai m'en passer. Du moins, pas dans l'immédiat...
— Nous sommes bien d'accord qu'il n'y aura pas d'attache entre nous. Nous sommes libres. Pas de crises de jalousie. On ne se raconte que ce que l'on veut bien partager avec l'autre. On peut aussi coucher avec qui on veut et faire ce que l'on veut. Plaisir, plaisir et encore plaisir. Rien de plus. Ça te va ?
Son ton est ferme. Il n'y a rien à attendre de cette relation. Il a posé les bases de notre relation. Je ne peux plus reculer.
— Oui, j'imagine que ça me convient.
Il me sourit, se lève, s'approche et me dépose un léger baiser sur les lèvres. Cela ne nous suffit pas. Nous ne tardons pas à sceller notre accord au creux des draps. Pas de doute, notre entente sexuelle est juste magique. Elle nous a emportés tous deux dans un monde féerique, loin de cette chambre d'hôtel.
Nous devons rendre la chambre avant midi.
— Je vais y aller. Ce midi je déjeune chez mes parents. Tu me donnes ton numéro ?
J'opine du chef.
On s'échange nos numéros et on se quitte à l'entrée de l'hôtel après un baiser pas moins enflammé que ceux que l'on a échangés à plusieurs reprises cette nuit.
J'ai follement envie de lui envoyer un message. Je sais que ce n'est pas une bonne idée. Je me promets dans le taxi qui me ramène chez moi que je ne l'appellerai pas et ne lui enverrai jamais de messages avant qu'il ne prenne de mes nouvelles. En gros, nos parties de jambes en l'air ne dépendront que de son bon vouloir et non du mien. Cela m'évitera, je l'espère, de m'attacher à lui. J'ai été échaudée deux fois cela me suffit bien, je refuse de me faire des films à nouveau surtout que les termes de notre contrat sont clairs.
Le chauffeur me regarde, un sourire aux lèvres.
— Vous semblez bien songeuse !
— Disons que j'ai passé une bonne soirée.
— J'espère que tous les deux, ça marchera alors.
— L'avenir nous le dira.
Je n'ai pas à cœur de partager avec lui ce nouveau type de relation que je n'avais jamais encore vécu auparavant. Je n'avais jamais couché plusieurs fois avec un homme avec lequel je ne sortais pas officiellement.
À peine arrivée à l'appartement, je suis assaillie par les filles. À croire qu'elles me guettaient.
Il ne leur aura pas fallu longtemps pour frapper à ma porte toutes les cinq.
Je leur raconte en détail notre nuit et sa proposition.
— Tu as accepté ? demanda Sana presque choquée.
— J'espère que oui, s'enquiert Magdalin. Attends, c'est une bombe ! Tu es célibataire. Si en plus c'est un dieu au lit, comment refuser la proposition indécente de ce type ?
Nous rigolons comme à notre habitude. Les filles ont un avis partagé quant à mon choix. Toutes me soutiennent pour autant. Elles sont juste extraordinaires ! Brit, Sana et Flavie rentrent retrouver leur mari. Tanya, Magdalin et moi improvisons un déjeuner chinois sur le pouce.
J'apprends que je ne suis pas la seule à m'être envoyée en l'air cette nuit. Mes deux amies ont passé la nuit chez James et William. James semble vouloir prolonger son histoire avec Tanya. Ils ne cessent de s'envoyer des SMS.
— Dis donc, il est déjà accro James, la taquiné-je.
— Il semblerait. On doit se faire un ciné demain soir.
Je ne ressens aucune jalousie envers sa relation nouvelle. Nous sommes ravies pour notre amie.
Le lendemain, je passe ma journée à ranger et à m'organiser pour les jours à venir.
Une nouvelle semaine débute. Je n'ai pas eu de nouvelle de Chris depuis que l'on s'est quitté samedi dernier à midi.
Il me faut attendre le vendredi soir suivant pour recevoir un SMS de sa part.
— Salut, ça va ?
Bien que j'aie envie de le voir, je me retiens et ne lui réponds que le samedi en fin de matinée.
— Salut. Super et toi ?
Je décide de ne pas m'excuser pour le retard. Comme pour me rendre la monnaie de ma pièce, il ne répond que le dimanche matin.
— Repas de famille comme tous les dimanches.
— Moi, je me suis préparé du poulet rôti. Bon repas. À bientôt. Bises.
Il comprend que ce n'est pas la peine d'insister. Je n'ai, à nouveau, de ses nouvelles que le mercredi suivant. J'ai tellement de travail que je n'ai pas eu le temps de penser à lui. J'en suis satisfaite.
— Coucou, que dirais-tu d'un restaurant samedi soir ?
— Pourquoi pas !
Je veux paraître détachée pour qu'il n'ait pas l'impression que je suis à l'affût. Ce qui est bel et bien le cas pourtant. J'ai envie de le toucher, de le voir et encore bien autre chose... je dois l'avouer.
— Un restaurant indien à Southall ?
— Parfait.
— Rendez-vous à Broadway à 18 h 30, alors. Bises.
J'aime bien flâner par là-bas. Dans ce quartier populaire, on n'a pas J'en profiterai pour m'acheter des épices aussi. Je ne réponds pas à son SMS.

Samedi est vite arrivé.  Dix-sept heures trente, je suis à Southall. Je trouve une robe indienne qui me va à merveille et quelques épices. Un peu avant l'heure du rendez-vous, j'ai fini mes achats et je l'attends. Il est à l'heure, qualité bien appréciable. Il me fait une bise sur la joue et m'observe.
Je suis surprise. Je ne peux m'empêcher de le lui faire remarquer.
— J'ai quelque chose qui ne va pas ?
— Non, c'est juste que je suis étonné. Tu as coupé tes cheveux ?
Je souris, que suis-je bête ? En effet, j'ai changé de tête, j'ai retiré les tresses que je portais lorsque je l'ai rencontré et j'ai remis des tresses plus courtes.
— C'est comment dirais-je... à peu près cela.
— À peu près ?
— C'est ça, en fait.
Il n'insiste pas. Ce qui m'arrange bien. Je n'ai pas envie de lui donner ces détails. Nous rentrons dans le restaurant qui nous semble le plus correspondre à nos attentes.
Le cadre est typique d'un restaurant indien, une photo de Shiva, de la musique indienne et plein de tableaux qui ne laissent pas de place au doute.
Il est encore vide. Nous commandons des cocktails alcoolisés et deux menus entrée, plat, dessert.
— Il faut que je t'avoue que je ne suis pas fan de leur dessert, mais bon je ferai un effort, je lui annonce sur le ton de la confidence.
— Si tu veux tout savoir, je pense la même chose, me confit-il sur le même ton et en me faisant un clin d'œil complice. Tu as un léger accent français si je ne m'abuse ?
— En effet. Mes parents adoptifs sont français, du moins ma mère, mon père, lui, est allemand. Ils vivaient ici lorsqu'ils m'ont adoptée. Nous avons déménagé en Bretagne, lorsque j'avais dix ans.
— Tu parles plusieurs langues, alors.
— Oui je suis trilingue, je parle l'anglais, l'allemand et le français.
— Je parle aussi relativement bien ces deux langues. J'allais souvent en France, lorsque j'étais petit et j'ai appris l'allemand à l'école. Comme je travaillais beaucoup avec l'Allemagne avant, ça m'a permis de me perfectionner, ce n'est pas une langue facile à parler mais je m'en sors pas trop mal.
— C'est marrant, ça !
— Ils vivent encore en France tes parents ?
— Oui, ils sont retraités, ils ont acheté leur maison là-bas et ne comptent plus bouger. Je vais les voir quatre fois dans l'année. Eux viennent une ou deux fois cela dépend.
— Ça fait longtemps que tu es revenue ?
— Presque deux ans. J'ai eu l'opportunité d'obtenir un super poste. Je n'ai pas hésité une seule seconde.
— Je veux bien te croire. Tes parents t'ont donc adoptée alors qu'ils étaient âgés ?
— Pas tant que ça ! J'ai trente-deux ans. Mes parents en ont le double. Ils caressent l'espoir d'avoir des petits enfants. Dans la mesure où ma carrière me prend tout mon temps à l'heure actuelle, je n'ai pas vraiment le temps d'y penser.
— Moi, j'ai trente-trois ans. Je ne suis pas pressé d'en avoir personnellement. Ma sœur a deux enfants, Meghan, sept ans et Henri, dix ans. Ils sont souvent pénibles et capricieux. Ça ne donne pas franchement envie d'en avoir...
— On ne supporte que ses propres enfants, tu ne le savais pas ?
On nous amène nos repas. C'est un délice.
Il m'a fait du pied une bonne partie de la soirée. Il a envie de moi c'est évident.
Deux heures plus tard, nous nous demandons où nous irons passer la nuit. Nous convenons que nous n'irons ni chez l'un, ni chez l'autre dans un premier temps. Nous optons donc pour un hôtel à proximité.
Dans la chambre, qu'il a de nouveau payée, il se jette sur moi pour m'embrasser.
— J'ai terriblement envie de toi.
— Ah bon ? Ce n'est pas l'impression que tu m'as donnée pour le moment...
Je le taquine un peu. Il prend ma main, la pose sur la braguette de son pantalon. Je peux constater qu'il me désire plus que je ne le pensais. Sa chair est tendue. Je la baisse et libère l'objet de son désir pour moi. Il me laisse faire quelques instants haletant à souhait. Puis, il me repousse.
Il me dévore de baisers et me plaque au mur. Il passe la main sous ma robe et glisse ses doigts dans ma vulve qui ne tarde pas à devenir encore plus moite.
— Je vois que tu n'es pas en reste. Tu mouilles, humm j'adore.
Il me regarde droit dans les yeux, sort ses doigts et les lèche.
— Tu as bon goût à ce que je vois. Je crois que je vais aller m'abreuver de ce pas de ce délicieux nectar.
Il ne m'en faut pas plus pour mouiller davantage.
Il s'agenouille devant moi, dans l'entrée, comme s'il ne pouvait pas supporter d'attendre que l'on soit bien installé pour me lécher. Il fait glisser ma culotte le long de mes jambes, en parsemant mes cuisses de petits baisers qui se rapprochent de plus en plus de leur cible. J'écarte les cuisses et je pose ma jambe sur son épaule pour lui faciliter l'accès à ma chatte. Enfin, il commence à me dévorer.
— Une vraie fontaine à ce que je vois.
Je gémis sous le savant cunnilingus qu'il me prodigue tel un expert. Il m'écarte les lèvres de sa langue merveilleuse. Ma vulve est littéralement en feu. Je convulse de plaisir. J'ai chaud et je suis de plus en plus humide. Il boit toute la sève que je lui offre avec un appétit sans faille. Je suis haletante. Je sens mes tempes battre fort. Tout mon corps est en émoi. Je me caresse les seins avec douceur. Il lève la tête, me regarde dans les yeux appréciant ce moment.
Je n'ai jamais ressenti des sensations aussi merveilleuses. Aucun homme ne m'a jamais léchée aussi divinement. Pourtant j'ai eu pas mal d'amants avant. Avec cet homme, je me sens libre et ouverte à tout. Je brûle de désir.
Je peine à reconnaître les gémissements qui s'échappent de ma bouche. Je sens que je vais être balayée par un orgasme dévastateur. Mes cuisses se crispent. Sa langue se fait plus invasive. J'atteins enfin le paroxysme de la jouissance en un cri libérateur. Il se redresse, baisse son pantalon en toute hâte pour libérer entièrement son sexe bandé. Je l'excite vraiment. Je ne peux qu'apprécier cette découverte. Il sort un préservatif de sa poche qu'il déroule rapidement sur sa queue, relève une de mes jambes afin de pouvoir me pénétrer profondément. D'un coup de hanche, il est en moi. Il entame de longs va-et-vient à un rythme effréné. Il sait maîtriser ses envies. Il ne me semble pas pressé de jouir. Bien au contraire, il savoure le plaisir d'être en moi. Il me fixe de son beau regard vert, se délectant certainement du plaisir qui se reflète dans mes yeux. Par moments, il baisse la tête pour regarder le point où nos corps se rejoignent, comme s'il ne pouvait se rassasier de moi. Nous émettons des petits gémissements. Ses mouvements se font plus rapides et plus profonds. Nos souffles sont saccadés, haletants lorsqu'une vague déferlante nous envahit. Lui, jouit pour la première fois de la soirée et moi pour la seconde. Je ne me doutais même pas que cela pouvait m'arriver deux fois en si peu de temps. Il m'embrasse de ses lèvres douces puis s'éloigne de moi presque à contrecœur. Je dois me faire des idées. Il se dirige vers la salle de bains où il va jeter son préservatif usagé et se lave les mains. Je suis affaissée contre le mur de l'entrée, sonnée par les sensations qu'il m'a fait éprouver. Il faut que je me reprenne. À mon tour, je vais faire une rapide toilette, puis je le rejoins au lit. Nous nous glissons sous les draps et discutons un moment face à face. Puis, je me retourne et il s'endort en me tenant collée dans ses bras.
Je n'arrive pas à croire que je suis là, avec ce type splendide qui dort près de moi. Mon cœur bat la chamade contre son torse. Je sais que pour lui, je ne suis qu'un plan cul, mais comme j'aime être avec lui ! Comme s'il lisait dans mes pensées et les approuvait, il me serre plus fort. Son souffle est léger. Les battements de son cœur à lui sont normaux. Il semble paisible, serein. Je ne sais pas ce que je ressens pour lui mais une chose est sûre, il me fait du bien. Peter et tous les autres sont maintenant jetés aux oubliettes sur le plan sexuel.
Je n'arrive pas à fermer l'œil de la nuit, trop de pensées tourbillonnent dans ma tête. Quand il ouvre les yeux cinq ou six heures plus tard, je lui demande :
— Quel âge avais-tu, la première fois que tu as couché avec une fille ?
— C'est une question directe, au réveil. Tu vas toujours aussi droit au but à ce que je vois !
— Oui toujours, le blabla est inutile à mon goût. Il s'agit d'une perte de temps et le temps c'est de l'argent. Je déteste tourner autour du pot, car je n'en vois pas l'intérêt. Je te rappelle d'ailleurs que tu n'as toujours pas répondu à ma question. N'essaie pas de noyer le poisson, je suis tout ouïe.
Je lui délivre mon plus beau sourire.
— Et toi ?
Il se moque de moi, non ?
— Tes parents ne t'ont pas appris que c'était très impoli de répondre à une question par une autre ?
Cette fois, il y répond sans plus se défiler.
— J'étais jeune. Je crois que j'avais quinze ans. C'était avec une amie de ma mère. Elle avait une quarantaine d'années.
— Tu plaisantes ?
— Eh non ! Elle m'a appris tant de choses ! Une femme d'expérience. Nous nous voyions en cachette. Son mari n'en a jamais rien su et mes parents non plus. Notre histoire a duré un an, jusqu'à ce que je rencontre ma première petite amie. J'ai décidé à ce moment-là de mettre un terme à notre relation. Elle n'avait plus rien à m'apprendre. J'ai initié ma copine comme Marge l'avait fait avec moi. Quand je me suis séparé de Lizzie trois ans plus tard, j'ai couché avec pas mal de filles à la fac. Il y a cinq ans, j'ai rencontré Candace, j'ai cru que nous ferions notre vie ensemble, mes parents l'adoraient, c'est elle qui m'a quitté deux ans plus tard comme tu le sais. Depuis, je profite du plaisir que m'offrent les femmes jusqu'à pourquoi pas rencontrer la femme de ma vie...
Mon cœur s'emballe, dans un moment fou, je m'imagine qu'il parle de moi. Il ne laisse rien transparaître. Il reprend :
— À ton tour, vas-y, raconte-moi ta vie sexuelle passée !
Je souris malgré une pointe de jalousie dans le cœur. Tout cela à cause de Marge, Lizzie et Candace, qui ont toutes réussi à atteindre son cœur. Elles ont compté pour lui d'une manière ou d'une autre. Marge car elle a été la première et les deux autres parce qu'il les a aimées.
— Eh ohhh ?
Il me sort de mes réflexions. Je prends une bouffée d'air et démarre l'histoire de ma vie. Mais je change d'avis, je veux d'abord savoir quelque chose avant.
— Pourquoi vous vous êtes séparés si ce n'est pas indiscret ?
— Pour tout te dire, elle a rencontré un autre mec. Elle le trouvait plus intéressant que moi.
— Il doit être parfait alors. Car moi je te trouve bien intéressant du peu que je te connais...
Il me sourit ravi de ce compliment que je viens de lui faire.
Je lui parle de ma première fois à dix-huit ans, avec Duncan. — Après lui, j'ai couché avec pas mal de mecs comme lui à la fac.
Je lui raconte aussi mon histoire avec Eddy, un jeune apollon antillais avec qui j'ai entretenu une relation de quelques semaines. Il n'y avait pas d'alchimie entre nous. Il m'a quittée pour une autre. Heureusement, je n'étais pas amoureuse de lui. Puis, je lui parle de Peter et de ce qu'il m'a fait.
— Eh bien, dis donc. Tu as l'air encore marquée parce qu'il t'a fait, non ?
— Oui, tout comme toi j'ai l'impression. Bref deux grands amours pour moi. Mais, je crois n'avoir jamais vraiment été aimée par un homme.
— Ça viendra j'en suis sûr. Il faut juste rencontrer le bon.
Et pourquoi pas toi gros crétin ? Je me garde de balancer ce que j'ai en tête.
— Je crois que j'ai couché avec des hommes de toutes origines, des Africains, des chinois, des Antillais, des Arabes, des blancs.
— Tu as une préférence ?
— Non, cela m'a permis de tester toutes sortes de calibres, des petites, des grosses !
— Et où me situes-tu ?
— Dois-je vraiment répondre à cette question ?
— Évidemment !
— Alors, je te mettrais un dix-huit sur vingt.
Il paraît quelque peu sceptique. Je décide de lui expliquer ma note.
— Au cas où j'en rencontre un mieux plus tard, qui sait...
— Dans ce cas, je me contenterai du dix-huit.
— As-tu un type de femmes en particulier ? Je sais que je suis curieuse, j'ajoute comme pour justifier mes questions pas des moins embarrassantes dans l'ensemble.
— Pas vraiment. Pour être honnête, tu es la première femme non typée européenne avec qui je couche. J'avoue que le résultat est hallucinant. J'adhère totalement et je compte me glisser en toi aussi souvent et aussi longtemps que tu le souhaiteras.
Il vient de noyer le poisson, là...
— À moins que tu ne rencontres... fais-je, feignant de paraître la plus détachée possible.
Il balaye cette supposition de la main.
— J'en doute fort. Je préfère profiter de ce que tu m'offres. C'est trop bon de faire l'amour avec toi. Rien ne vaut cette expérience.
J'aime sa réponse.
— Nous parlons tous deux en connaissance de cause.
— Je te rappelle tout de même que tu n'es pas moins expérimenté que moi. Je ne regrette pas mes choix de vie passé.
La seule différence, c'est que je ne couche jamais deux fois avec des partenaires non officiels, du moins jusqu'à notre rencontre. Cela, encore une fois, je me garde de lui en faire part.
— Je ne te ferai jamais de reproche la dessus. C'est tout à mon bénéfice.
J'ai droit à un grand sourire. Je fonds, mais qu'est ce qui m'arrive ? Heureusement qu'il ne sait pas ce que j'ai en tête. Je doute que cela lui plairait...
— Tu sais que j'adore faire l'amour avec toi ? Je lui dis, espiègle.
— Vraiment ? Et que ressens-tu lorsque je te fais l'amour ?
— Tellement d'émotions... Je vois un monde en couleur.
Je me retourne sur le lit et observe le plafond.
— Je me retrouve à chaque fois au septième ciel.
Je n'ai pas besoin de le voir pour savoir qu'il sourit. Il se retourne sur le dos et fait comme moi.
— Et toi ? Que penses-tu de ma prestation ?
— Si je reviens, c'est bien la preuve que ça en vaut la peine. Tu es une bombe sexuelle. Si je m'écoutais je t'épouserais sur-le-champ.
— Juste pour du sexe ? Il t'en faudrait peu...
Nous éclatons de rire. Il se rapproche, me pose un baiser sur les lèvres et se tient d'un coude. Il reprend son sérieux.
Même si je sais qu'il plaisante, je me sens grisée. J'aime ce genre de paroles légères entre nous.
— Ah ! Ah ! Trêve de plaisanteries. As-tu dormi ?
— Non, j'étais trop excitée à l'idée de refaire l'amour.
— Dans ce cas, tu aurais dû me réveiller. Regarde dans quel état je suis, me dit-il, en repoussant les draps afin que je constate qu'il a autant envie de moi, que moi de lui.

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⏰ Dernière mise à jour : Jan 10, 2017 ⏰

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