AU COMMENCEMENT

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Juin 2006...

Je suis assis sur mon lit, les coudes sur les genoux, la tête enfouie dans mes mains, je ne comprends pas les tourments qui m'assaillent, je me rends compte que mon corps ne réagit plus qu'à une seule chose.

Le sexe.

J'ai de plus en plus de doutes, je sais que j'ai envie de certaines choses, mais dans mon esprit adolescent je ne saisis pas l'importance que ces pensées ont sur moi. Tous les mecs de mon âge se masturbent mais est-ce que tous les mecs de mon âge se soulagent autant ? J'ai l'impression de ne faire que ça, d'avoir besoin de ça, comme si ça m'était vital.

Ca fait quelques semaines que je n'arrive même plus à prendre de plaisir lors de ma délivrance, je me sens juste soulagé sur l'instant mais la seconde d'après j'ai déjà envie de recommencer, je me sens enfermé dans mon propre corps, comme si je n'étais plus maître de moi-même quand mes mains s'activent enfin sur mon membre.

Je suis un mec, je sais que le sexe a une place importante dans ma vie, à dix-sept ans n'importe quel abruti a les hormones en ébullition mais pourquoi moi je me sens à part ? Je me vois comme un obsédé qui ne pense qu'à ça. Et plus j'y réfléchis, plus je suis convaincu que je ne suis pas normal.

Je n'ose même plus proposer à une fille de sortir, la dernière m'a dit que j'étais un pervers névrosé, et plus le temps passe, plus je me dis qu'elle avait raison. J'ai la sensation que mon besoin n'est pas rationnel, je me branle six à sept fois par jour, voir dix fois quand je me stimule devant un film ou internet. J'ai l'impression de devenir un animal en rut, je suis constamment excité, je suis épuisé, j'assouvis mes pulsions mais ça ne change rien, mon besoin augmente.

Je me sens seul et à l'écart. Comment expliquer mes pensées obsédantes ? Et à qui ? Personne ne comprendrait, personne ne m'aiderait, personne ne veut savoir...même pas moi.

Je voudrais que ça s'arrête, je voudrais retrouver une vie normale, comme n'importe lequel de mes potes, je voudrais sortir avec des filles et me comporter correctement, je voudrais arrêter de me planquer dans les chiottes ou les vestiaires pour me branler quand la pression est trop forte.

Putain ! J'arrive même à bander quand mes coéquipiers du foot prennent leur douche. Mais c'est quoi cette merde ? Je ne suis pas gay bordel ! J'aime les femmes, j'aime leurs courbes, mais j'ai l'impression que ma queue ne fait même plus la différence.

-Evan !

J'entends ma mère m'appeler depuis la cuisine, je me sens coupable de ne pas réussir à lui en parler, nos parents sont censés nous aider non ? Mais comment aborder un sujet aussi peu conventionnel, comment discuter ouvertement de sexe avec ses parents ?

Je devrais. Je sais que je devrais. Mais je ne peux pas.

Je me lève de mon lit et regarde par la fenêtre, Max m'attend dans sa voiture, je lui ai donné ma parole que je l'aiderais à faire les courses pour la soirée, on fête ses dix-huit ans ce soir et il s'est arrangé pour que ses parents ne soient pas là. On s'est rencontré y a quelques années et depuis ce mec est comme mon frère, c'est le seul à qui je pourrais tout dire sauf que les mots ne sortent jamais de ma bouche.

Je soupire en fermant les yeux, je sais que ce genre de soirée éclate n'importe quel ado en pleine crise sauf que pour moi c'est une torture. Des filles, de l'alcool, des filles, de la musique, des filles, et maintenant même le premier mec qui oserait me toucher obtiendrait ce qu'il veut de moi sans insister. J'ai la gerbe avant même que la soirée ait commencée.

Je prends ma veste, mon sac, et dévale les escaliers. Ma mère s'affaire dans la cuisine en prévision du dîner, mon père a invité quelques collègues et je sais d'avance qu'elle va y passer des heures pour que tout soit parfait.

-Max t'attend dehors.

-Ouais j'ai vu m'man !

Elle m'embrasse tendrement avant de me laisser filer.

-Bonne soirée chéri, et souhaite lui un bon anniversaire de notre part.

-Bien sûr je lui dirai, à demain !

Je sors en claquant la porte, Max a laissé tourner le moteur et m'attend patiemment en tapant le volant au rythme de la musique qui sort des enceintes. Ce mec est mon double, et également mon opposé, il est blond alors que je suis brun, les yeux bleus alors que les miens penchent vers le caramel, plutôt extraverti alors qu'en société je suis plutôt renfermé.

Je monte dans la voiture après avoir jeté mon sac à l'arrière, le son est fort mais ça a l'avantage de m'empêcher de penser, mes obsessions s'évanouissent mais je sais que ça n'est que pour une courte durée.

-Ca va mec ?

-Ouais...j'ai hâte d'être à ce soir

-Moi aussi ! Bon par contre j'ai réussi à me débarrasser de mes vieux mais pas d'Anna, faudra supporter ma sœur, j'espère qu'elle ne fera pas trop chier

Il s'engage dans la rue en direction du supermarché alors que ses paroles s'immiscent en moi.

Anna. Merde !

J'ai toujours vu cette fille comme ma sœur jusqu'à ce qu'elle commence à avoir des formes, et que je prenne conscience de mon problème, depuis je suis obsédé par elle, chaque fois que je me branle c'est son visage et son corps que je vois, je ne peux pas m'en empêcher, ma queue pense à ma place. Je trouve ça limite incestueux, je me dégoûte, et si Max savait ça il me tuerait. On est des frères, mais la sœur d'un frère c'est sacré.

Putain je suis dans la merde...

ADDICTOù les histoires vivent. Découvrez maintenant