Chapitre 1: le réveil

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      Noir, noir. Un noir profond m' englobait. La dernière chose dont je me souvenais, c'est une voiture me fonçant dessus. Sinon, tout autour, rien. Le silence. Je ne me rappelais plus de rien à part mon nom, mon âge. Et, surtout, ce souvenir atroce. Soudain, je sentis quelque chose de froid et de douloureux. Je compris que c'était mon corps et, comme si c'était un signal, je me remis à entendre. Comme c'était doux, après être restée dans ce noir silencieux. Même si ce son ne se caractérisait que par des " bib, bib, bib", il était le bienvenu. Puis j'ouvris les yeux, et je découvris où j'étais. Je me trouvais dans une chambre immaculée. Il n'y avait aucun meuble, à part le lit où j'étais allongée et la machine qui faisait des "bib". Sur mon corps, plein de je-ne-sais-pas-quoi collé avec du scotche, des aiguilles avec de nombreux tubes reliés au mur et deux autres appareil médical. Je n'entendis pas la porte s'ouvrir tout de suite. Quand elle claqua, je tournai légèrement la tête pour voir qui était entré. Je n'en eus pas le temps, car cette personne, qui s'avéra être un homme, se jeta à mon cou en criant, non pas pour m'étrangler, mais pour me faire un câlin. Puis il se mit à sangloter :

- Aline ! Tu nous as fait tellement peur, on a tous cru que tu allais y passer. J'étais convaincu que tu finirais de l'autre côté après la puissance que tu as utilisée.

Il continua de pleurer, pendu à mon cou comme à une bouée. Dans ma tête, j'avais l'impression de le connaître mais je n'arrivais pas mettre le doigt sur son nom, comme lorsque l'on a une idée mais que l'on arrive pas à se souvenir de son contenu. Alors je me décidai à lui poser la question.

- Excuse-moi, mais qui es-tu ?

Ma propre voix me surprit, elle était enrouée, comme si mes cordes vocales n'arrivaient pas à se remettre en route après plusieurs jours d'inactivité. Tandis que je me faisais cette réflexion, l'autre s'était arrêté de pleurer. Il me regardait, incertain, comme s'il croyait que je lui faisais une farce mais en même temps envisageait que je dise la vérité. Il repartit en courant de la chambre en criant "Docteur ! " d'une voix désespérée, me laissant seule avec mes questions. C'est bizarre de savoir des choses tout en ne se souvenant pas de sa propre vie, de ce que l'on a vécu. A chaque fois que j'essayais de me rappeler une seule période de mon existence avant l'accident, je tombais sur un trou noir, une sorte de vide qui m'oppressait. Soudain, j'entendis des éclats de voix devant la porte, et je me dis que ces gens ne devaient pas être très respectueux des règles pour parler aussi fort dans un milieu médical. Une personne réussit à rentrer, cela devait être un médecin car il portait une étiquette du nom de "Docteur Kappervalst" sur une blouse blanche. Il vint vers moi pour m'examiner, et en profita pour m'enlever les aiguilles maintenues avec des pansements, me laissant seulement les deux fils de la machine qui fait "bibib" et un troisième.

- Il doit y avoir des questions qui te turlupinent, pas vrai ?

Je n'avais même pas remarqué qu'il avait arrêté de m'examiner, quand il s'approcha de moi. Je sentis une odeur de cigarette entremêlée de celle des médicaments. Je réfléchis calmement au question que je voulais poser, en faisant fi de l'odeur exécrable émanant de sa blouse.

- Quel est le nom de la machine qui n'arrête pas de faire "bib, bib"?

Il se mit à rire. Mais c'était un rire apaisant, bienveillant, comme s'il m'invitait à boire un chocolat.

- Je ne m'attendais pas à ça, je pensais plutôt que tu m'aurais demandé ton nom, ce que tu fais ici ou autre chose.

- Mon nom, je le sais, c'est Aline et j'ai dix-sept ans. Ce que je fais ici, ça parait évident : je suis arrivée après avoir été percutée par une voiture.

- Une voiture ? Pourquoi dis-tu que tu t'es faite percuter par une voiture ? me demanda-t-il en s'asseyant sur le lit.

- Le dernier souvenir que j'ai, c'est... c'est deux lumières s'approchant à grande vitesse vers moi et, tout autour, du noir. Alors j'en ai conclu que ça se passait la nuit, et qu'une voiture fonçait sur moi.

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