Auto-publié sous forme de livre, vous pouvez lire l'histoire entière ici !
« Enfant d'un monde qui vient de naître, Riddim n'est rien.
Ni fort, ni courageux.
Ni femme, ni homme.
Ni adulte, ni enfant.
Juste un battement de cœur. »
/Trigger Warning...
Je pense de plus en plus souvent à Guadrevin. Je sais que je ne devrais pas. J'ai Amha auprès de moi. Elle m'apporte bonheur et réconfort. Nous parlons de notre futur. Nous rêvons de faire un enfant. De voyager. Nous avons tant de projets.
Mais la vie à Abar me manque.
Même Feths. Je pense parfois à lui. Mon époux.
Ses mains douloureuses ne me manquent pas. Son corps lourd sur le mien non plus.
Mais... Il reste une grosse part de ma vie.
Je ne sais pas quoi faire.
Je n'ose pas parler à Amha de mes regrets.
Avril 727
Nous avons relu le livre d'Amha. Il est enfin terminé. Il est parfait.
Je n'ai jamais vu telle œuvre. Le plus bel ouvrage jamais créé. J'espère qu'il survivra à travers les âges. Qui sait, peut-être aidera-t-il nos enfants à s'engager sur la voie de la vie.
Mai 727
J'ai pleuré.
Je n'en peux plus.
J'aime Amha, mais Guadrevin me manque tant. Ce vide dans mon cœur me blesse tant que j'en deviens violent, mesquin.
J'ai tenu tant d'années pour me laisser ainsi couler ?
Juillet 727
Amha sent que quelque chose ne va plus.
Elle me regarde parfois, avec une pointe de tristesse dans les yeux. Je me sens misérable.
Quand nous faisons l'amour, je ne pense plus à elle.
Je pense à mon roi.
Mes sentiments se seraient-ils estompés ?
Août 727
Amha est un peu malade ces derniers temps. Elle vomit et est très pâle. Elle a des sautes d'humeur. Je ne sais pas comment la gérer, alors je m'efface.
J'ai toujours honte de moi.
La nuit dernière, elle m'a surpris en train de me toucher... Je pensais encore à lui.
Septembre 727
Je suis parti. Sans un mot. Sans lui dire au revoir. Je me sens misérable. Une ordure. Mais que pouvais-je faire ? Je n'arrivais plus à la regarder dans les yeux.
Je ne l'aime plus.
Quelque chose en moi s'est brisé.
Mon amour, ma passion, se sont envolés. Il ne me reste que l'amertume et la tristesse.
Et cette honte. Cette honte de ne pas avoir le courage de lui dire que mon voyage est enfin terminé. Que je peux rentrer chez moi. Mon vrai chez moi.
Auprès de mon roi.
Mon bien-aimé.
Guadrevin.
Octobre 727
Quand je suis arrivé à Abar, j'ai cru que mon cœur allait exploser. Rien n'avait changé. La cité prospérait. Je me suis avancé dans les rues, la peur au ventre.
Une sorte d'appréhension dans le cœur.
Et à ce moment-là, j'ai vu Feths.
Je ne pensais pas à lui, mais le revoir me fit un choc. Il avait changé. Ses cheveux lui tombaient maintenant au creux des reins. Et de nouvelles cicatrices barraient son torse.
En me voyant, il écarquilla les yeux. Le regard perdu.
Sans que je comprenne comment, je me retrouvais dans ses bras. Il pleurait. Il me serrait, sanglotant, en me demandant de ne plus jamais partir.
Je ne pus que le serrer à mon tour, toute ma peine explosant.
Ses lèvres, mouillées par les larmes, eurent le goût du bonheur.
Novembre 727
Contrairement à Feths, Guadrevin ne fut pas étonné de mon retour. Je crois qu'il se rendait à peine compte de mon absence. Cette idée me brise le cœur.
Néanmoins, nous avons repris notre relation, comme avant.
Mon cœur balance entre Feths et Guadrevin.
Et je ne sais pas comment réagir.
Au fond de moi, la voix qui me crie de retrouver Amha s'estompe de jour en jour.
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