Une grande armoire folle s'avançait vers le petit garçon, les portes claquantes et les rares affaires qui avaient tenu le choc se vidaient sur le sol de la chambre maintenant désordonnée du jeune garçon. Il courait à travers les pièces de la maison poursuivit par l'horrible monstre de bois qui par magie franchissait les portes en se rapetissant puis reprenant sa forme initiale. Parfois même les tiroirs de la cuisine s'ouvraient et se fermaient frénétiquement aux sons des pas de l'enfant. La maison commençait à être sans dessus dessous si bien que l'on ne pouvait plus discerner le plafond du sol. L'enfant finit piégé dans un angle du salon sans aucune échappatoire. Pétrifié par la peur il se renferma sur lui même hurlant à en mourir.
Un jeune garçon brun se réveilla en sueur de son lit. Les couvertures étalées sur le sol et le visage tout aussi désordonné. Ses yeux perçaient le noir de la pièce à la recherche de sa lampe de poche posée sur sa table de chevet. Il s'en emparra rapidement avec son manteau et ses pantoufles en évitant soigneusement le monstre de bois. L'enfant se dirigea vers la porte et traversa toute la maison jusqu'au salon sur ses gardes prêt à agir. Il franchit la baie vitrée menant au jardin forestier et le parcourut d'une traite jusqu'à l'arche de pierre au fond de celui-ci. Le garçon se hissa sur celle-ci et contempla le ciel étoilée.
Repensant à son horrible cauchemar, il se remit à geindre et à pleurer pour évacuer son angoisse et sa peur. Après avoir repris sa respiration et son calme, il s'amusa à faire des ombres chinoises avec sa lampe de poche et ses doigts. Vite lassé, il finit par réfléchir. Réfléchir sur sa toute petite vie, sur les légères disputes avec ses parents, sur ses amis à l'école. Il en avait des amis, beaucoup mais ça restait toujours insuffisant. Il avait besoin d'un ami capable d'être un père pour lui. Une figure forte et aimante. Ce n'était peut-être pas un ami dont il avait besoin, du moins pas un que l'on trouve à l'école ou au club de sport mais ami plus adulte.Les étoiles se mirent à bouger et le sol à se rapprocher lentement. L'arche de pierre s'était déplacée sur elle même. Se transformant peu à peu en une figure humaine.
Le petit garçon prit peur craignant à un nouveau cauchemar sans issus et sans fin. L'enfant était pris aux pièges entre les tourelles du géant de pierre qui lui servait de doigts. Délicatement l'ancien rocher déposa le garçon au sol et s'assit dans un bruit sourd.Le géant rocailleux contemplait les étoiles et l'humain contemplait le géant suivant ses courbures, ses arrêtes, ses faces lisses ou éffritées. Pendant un moment où l'on crut voir bouger la voûte céleste, l'enfant déplaça son regard sur le même spectacle que le golem observait (avec émerveillement s'il on aurait pu voir ses yeux).
"C'est beau." Laissa échapper l'enfant absorbé par la scène.
"Oui. Plus beau encore qu'en journée"
Cette voix d'outre tombe, à la fois lourde et grave qu'appaisante avait transcendé l'instant merveilleux. Tout à chacun aurait pris peur entendant le bruit articulé des paroles du golem mais pas l'enfant. Car en lui il n'y avait que le ciel noir décoré d'étoiles et un être dont la présence le rassurait.
Chaque nuit, qu'elle soit bordée d'étoiles ou de simples nuages. Un ami extraordinaire sort de sa torpeur immobile de contemplation pour faire résonner les échos d'une amitié irréelle.
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Paire de mots
PoetryLa poésie est présente dans chaques pages de la vie, même si elle n'est pas en vers ni en rimes. Elle est là sous les bavures et les taches d'encres, sur les feuilles arrachées et les lignes désordonnées. C'est un recueil, ni de nouvelles ni de poés...