Paire de mots

L'opéra

Leo peint, il peint beaucoup que ce soit des portraits ou bien des paysages. Il a de nombreux admirateurs malgré qu'il ne soit pas très ponctuel avec les dates butoires de ces oeuvres. Leo aime peindre, un peu moins quand il doit le faire dans un temps impartis mais il faut bien gagner sa vie.

Leo s'inspire de tout mais ce qu'il aime par dessus tout c'est les peintures des dieux grecs et romains. Il les représente avec grâce et puissance, dominants et dominés. Cette passion pour ce sujet peut s'expliquer par le fait qu'il soit né dans un univers essentiellement composé de peintures antiques italiennes. Sa mère est guide dans le célèbre musée d'art ancien de Rome alors, depuis tout petit, des lors qu'il n'avait pas école, Leo s'amusait à reproduire les grandes oeuvres de ses aînés. Un jour, il est devenu à son tour un grand compositeur de formes et de couleurs.

Il vivait toujours à Rome mais plus dans la maison familiale. Le jeune peintre avait trouvé un appartement pas très cher dans un quartier calme et ouvert sur un parc. Il aimait bien décorer ses tableaux avec les arbres majestueux du parc notamment l'hêtre centenaire qui se retrouvait souvent sur ses oeuvres.

Mais Leo était en manque d'inspiration ces temps-ci. Des toiles inachevées jonchaient sur le sol de son atelier ainsi que des expériences colorées mais rien n'allaient . Chaque oeuvre avait un défaut qui le faisait recommencer. Pendant des jours et des jours il peingnait des corps, des paysages à n'en plus finir mais aucuns n'étaient parfaits . Leo sortait dans le parc admirer les étendues vertes et fleuries mais c'était insuffisant. Il allait visiter le musée de sa mère et revoir les magnifiques fresques de son enfance mais l'inspiration était toujours absente.

Un jour, dans le parc il croisa Aline, une vieille amie du lycée,assise sur un banc. Ils étaient tous les deux en option arts-plastiques jusqu'à ce qu'ils se séparent à l'université. Elle est rentrée dans son pays natal, la France, s'étant découverte une passion pour la pâtisserie.
Leo était surpris de la retrouver ici en Italie. Elle avait changé, un visage plus fatigué, des cernes prononcées, des cheveux plus courts et un style vestimentaire plus strict qu'auparavant.
Elle était plongée dans un livre qui semblait passionnant vu toute l'implication et la concentration qu'elle y mettait. Ses yeux ne quittaient pas les fines lignes noires et détaillaient les quelques images colorées de chaques pages.

Leo était resté immobile durant sa contemplation ce qui attira le regard de la femme. Elle leva les yeux de son livre et les posa délicatement sur le peintre. Quelques années avaient passé, elle eut du mal à le reconnaître lui qui n'avait plus ses joues rondouillardes ni son pantalon parsèmenté de tâches de peintures.

Aline alla à sa rencontre, toute guillerette de revoir un ancien ami. Ils passèrent l'après-midi ensemble à ressasser leur passé commun et à raconter leurs vies respectives. La jeune femme était partie en école de pâtisserie et c'était spécialisée en chocolaterie mais elle avait besoin de changement et de renouveau. Exactement comme Leo, ils avaient tout deux besoins de changer, de se réinventer.

Les jours défilent et leur amitié se reconstruit au fur et à mesure. Leurs nombreuses rencontres stimulent des sentiments nouveaux et enfouis depuis longtemps. Ils se soutenaient et s'inspiraient mutuellement.
Leo recommençait à peindre et Aline à cuisiner.

Après mûres et mûres expérimentations, ils décidèrent d'un rendez-vous pour montrer le fruit de leurs travails. Ils se retrouvèrent dans le parc, l'un avec une enveloppe et l'autre avec une boîte blanche. Un sourire instantané vient orner leurs lèvres dés qu'ils se virent.
Ils se posèrent un moment avant de tendre tous les deux leurs présents. Un éclat de rire raisonna dans l'air avec deux mimiques complices.
Leo prit les devants et lui tendit son enveloppe. Aline échangea sa petite boîte contre l'enveloppe et tout deux commencèrent à découvrir l'objet de l'autre.

Aline déchira soigneusement les bords de l'enveloppe et tira le papier d'une blancheur éblouissante au Soleil. C'était une lettre de l'opéra de Rome qui passait commande à Leo pour son plafond. Une belle occasion pour Leo de montrer son incroyable talent. L'opéra était un lieu très visité, une belle prime était donc offerte à sa réalisation. Il avait carte blanche pour ambellir la salle le temps d'un festival consacré aux divinités romaines.

Leo, quand à lui, défit le noeud soigneux du ruban rouge entourant la boîte cartonnée. Il finit par soulever le couvercle et un gâteau se dévoila sous ses yeux. Le glaçage rouge flamboyait et se reflétait sur les bords de la boîte. Une petite cuillère en plastique blanche était posée à côté, il l'a prit et coupa une part de gâteau. Plusieurs couches colorées se supperposaient alternant un rouge vermeil et un crème clair. Il porta la cuillère à sa bouche et une armée de saveurs assailla son palais. Un mélange de fraise et de café constituait le gâteau.

Après leurs decouvertes, il se regardèrent dans le blanc des yeux avant de sourire une fois de plus.
Leo allait peindre l'opéra et Aline l'avait revisité. C'était le fruit de leur rencontre, de leur amitié, de leur union.