Mu

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Il était l'heure de prendre le thé.

Coups de pendule.

Les tasses se mirent à chanter.

Tout fumant

Le chaud breuvage enivrait les corps

Arquait les membres

Provoquait de longs soupirs d'extase.

Hinata gémit

Quelques fois

Les doigts rougis

La lippe brûlée.

Sa chair était marquée

Sa perruque chambardée

Rabattue sur une face dont on ne voyait les traits.

S'échappèrent des larmes

Et du lait onctueux

Crachats de peine honteuse ;

Et les âmes frémirent

Les lèvres se pincèrent.

Chacun saisissait l'insaisissable

L'inconcevable torture que subirait la servante bien assez tôt.

Celle-ci se retira

La tête basse

Sans dire un mot.

Dehors, ses jambes fléchirent

Ses sanglots ragèrent.

Hinata attendait.

Hinata voulait vivre

Tuer ses désirs

Avant que les bokutōs  n'eussent raison d'elle.


Il est l'heure de prendre le thé.

Claquement d'heure.

L'herbe

Tout près

Goutte la rosée.

Les sens se perdent

Épousent la démesure et l'encens.

Calme et tiède

Le mature breuvage dévore les membres

Déchaîne les corps

Fait geindre un peu.

Hina pleure encore

Pleure toujours

De longues larmes jaillissent ;

Que sa peau est rougie.

Tous les sabres forcent

Cherchent en elle fourreau.

La servante se retire

Tremblante

Se hâte d'une leste foulée.

Ses doigts défont le kimono de soie

Entaché de disgrâce

Et d'une détermination froide

Elle le jette au feu.


Il sera l'heure de prendre le thé.

Il sera temps.

S'éteindront des désirs

Étranglés de fichus ardents.

Hina sourira

Tuera

Mourra.

Elle attend dans la souffrance que se délie son histoire.

MuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant