Ken

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L'orbe rouge flotte encore

Suit son cours.

Hina se réveille comme piégée dans un tableau

Effleurée par le prude regard de son artiste.

Elle grimace et se détourne

Craint les révélations qu'occasionne la lumière

Mais il ne part pas

La nargue un peu peut-être

L'enlace encore

Couvre son cou de murmures peinés.

D'un pouce mal assuré

Hinata sèche ses joues

Demande d'un regard ce qui l'attriste tant.

Le voyageur comprend son mutisme

L'appréhende d'un sourire :

Elle ne s'exprime plus de cette manière depuis longtemps.

"Ce tyran dont tu prends les ordres, lui dit-il, je suis venu t'en libérer. Pourtant je ne vaux pas mieux que lui... Tu t'es offerte à moi par habitude d'un odieux devoir et non par consentement, et cela je ne peux me le pardonner."

La servante ne laisse rien paraître

Son doigt courre plutôt de douceur

Sur le torse de son mystérieux amant.

"Serait-ce signe que tu ne m'en tiens point rigueur ?"

La jeune femme sourit.

"Si tu es bonne à ce point, il n'est qu'un autre acte que je te demande de m'excuser. Je te le jure, tu seras sauvée à l'aube. Je veux te voir vivre allègre et libre...
Mais pour cela, le rouge devra couler."

Hina sait. Hina entend. Hina se fige.

Elle sent le doute se densifier

Étouffer ses désirs.

Alors elle fuit.


L'eau frémit tout juste au fond des cuisines.

D'une main experte

Hina broie les feuilles de Pur Eh

Qui saturent l'air de leur doucereuse odeur boisée

Parfum des vices.

Le chat surgit en miaulant

Grimpe sur la table et s'assied.

Les deux êtres se fixent avec défiance

Les prunelles du démon brillent comme deux mauvais soleils ;

Ceux d'Hina le mettent à nu.

Elle croit savoir quel genre de créature lui fait face

Mais les préjugés ne dessinent que sentiers trompeurs.

"Comme tu es laide, minaude le félin en souriant. Penses-tu vraiment qu'un seigneur se battrait pour si peu ?"

MuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant