OS.

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Ian savait qu'il était là et qu'il le regardait. Il le savait parce qu'il entendait sa respiration sifflante, et qu'il sentait son odeur si particulière ; tabac, sueur et parfum pour homme versé en trop grande quantité sur sa peau. Parfois, son odeur était trop forte : un mélange de son odeur habituelle mêlée à celle du sang séché ou alors à celle de la crasse. Au fil du temps, Ian s'y était habitué et l'odeur de Mickey lui faisait maintenant tout simplement perdre pied.

Ian rabattit la couverture un peu plus sur lui, y enfouissant presque la tête. Tournant le dos à Mickey, allongé sur le profil gauche, il se demandait quand est-ce qu'il allait lâcher l'affaire et s'en aller. Il espérait qu'il s'en aille, et de toute évidence c'était mal connaître le fils Milkovich. Il s'accrochait comme une sangsue pour ne pas le laisser sombrer, sans résultat.

Mickey attendait dans un coin de la chambre, assis sur une chaise, dans l'attente d'un quelconque geste. Mais Ian ne bougeait pas. Ses si beaux yeux qui avaient fait craquer Mickey plus d'une fois se perdaient dans le vide. Il se demandait même, parfois, qu'est-ce qu'il foutait là et, putain, qui il était vraiment. Cette impression de tomber encore plus bas au fond du gouffre sans pouvoir se sauver le rongeait un peu plus tous les jours.

- Ian...

Mickey se leva et Ian se crispa, quand il sentit le matelas s'affaisser derrière lui. Un frisson lui parcourut le corps, des pieds à la tête, quand il sentit la main froide et rugueuse de Mickey sur son épaule légèrement dénudée. Même s'il appréciait le contact, Ian se déroba : il ne voulait pas que Mickey le touche, c'était trop difficile à supporter. Mickey retira finalement sa main en faisant la moue ; il comprenait, au fond. Il ne savait qu'un quart des choses qui se passaient dans la tête de son petit-ami, mais il avait compris l'essentiel : il se sentait minable et il ne voulait plus l'autoriser à l'aimer.

Au fond, Ian voulait se laisser aller dans ses bras. Même si c'était rare, il aimait les étreintes avec Mickey. Il aimait sentir ses bras musclés se refermer sur son dos et son visage au creux de son cou. Mais il se l'interdisait. Mickey méritait mieux que quelqu'un comme lui. Avant qu'il n'arrive cette après midi, il était seul. Tout le monde était à l'école ou au travail. Ou bien ailleurs, il s'en fichait éperdument. Et c'était tout ce qu'il voulait : être seul. Mais de toute évidence, Mickey en avait décidé autrement.

Ce dernier regarda simplement Ian pendant quelques secondes. Il ne voyait pas la totalité de son visage, seulement son profil droit mais ça lui suffisait déjà. Il aimait le regarder. Ce qu'il appréciait le plus chez Ian, c'était ses longs cils et ses taches de rousseurs. Ça lui donnait un air terriblement enfantin et adorable.

- Va t'en.

Ian sentit sa voix se briser. Il se contenta d'enfouir la tête un peu plus dans son oreiller moelleux et sous la couverture. Pendant ce temps, Mickey le regardait la bouche ouverte. Il cherchait ses mots. Il voulait dire quelque chose mais rien ne sortait. Il avait rarement entendu Ian parler de cette façon. La fêlure dans sa voix lui retourna l'estomac.

- Non, c'est mort Gallagher je partirai pas.

Ian serra les dents mais ne répondit pas. Il sentait déjà le corps de Mickey se blottir contre le sien, sous la couverture. Il n'avait pas besoin de regarder pour savoir qu'il avait retiré son jean sale, et qu'il ne portait que son caleçon et son t-shirt ; il sentait ses jambes chaudes contre les siennes, son sexe contre ses reins et l'odeur de la lessive qu'il utilisait pour ses vêtements. Pour une fois, c'était lui qui ne portait qu'un simple boxer. D'habitude, c'était l'inverse. Quand ils se retrouvaient au lit, sans pour autant faire quelque chose, Mickey était toujours celui qui ne portait qu'un caleçon, ou même parfois rien.

Ian soupira quand il sentit le bras de Mickey passer sur sa taille, afin de l'attirer contre lui un peu plus qu'avant. Il pouvait tout sentir dans son dos ; ses pectoraux, son coeur battre, ses abdominaux, son sexe. Un frisson lui parcourut le corps sans qu'il ne puisse le contrôler. Mickey le remarqua et ses lèvres s'étirèrent en un petit sourire. Puis, il blottit sa tête contre la nuque de Ian et se contenta de le serrer dans ses bras, aussi fort qu'il le pouvait.

Seule fois Where stories live. Discover now