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C'est par instinct que j'ai dirigé mon regard vers la porte d'entrée. Mon sang se glaça tandis que je suspendis mes mouvements et que je stoppai ma respiration. Ils étaient trois, trois hommes habillés de vêtements sombres qui semblaient avoir la vingtaine. L'un d'eux avait le crâne rasé et une cicatrice barrait son sourcil droit. Le deuxième était un asiatique à l'allure baraqués qui tenait une matraque dans sa main droite et la tapait sur la mitaine en cuir de sa gauche. Le dernier ne ressemblait pas aux deux qui l'accompagnaient. Il était fin, pas très grand, il se faisait facilement dépasser d'une tête par Dan. Il avait des cheveux très sombres qui lui tombaient sur les yeux. Ceux-ci étaient d'ailleurs d'un bleu ciel profond, et sa peau était très pâle, peut-être plus que la mienne, si ça pouvait être possible. Son regard était vide, sa mine semblait triste, désintéressée, il avait presque l'air ennuyé par la situation. Ils semblaient parler à Dan qui avait pris un air totalement effaré. Lorsque yeux bleus dégaina un revolver chromé de sa ceinture, que celui-ci se mit à luire à la lumière stroboscopique de l'épicerie et qu'il la braqua sur le pauvre blond sans défense, je fondus au sol, emprunte d'une panique sans nom.

- Je répète ma question, où est-il ? dit-il d'une voix étrangement calme.

- J-je ne vois pas de qui vous voulez parler...? bégaya Dan qui semblait rien qu'au son de sa voix être mort de peur.

Mon cerveau avait du mal à assimiler ce qui était en train de passer. Je n'arrivais plus du tout à discerner la réalité de la fiction, c'était comme si je m'étais retrouvée en un claquement de doigts propulsée dans une de ces séries z que regardait ma mère et qui passaient après le journal sur les chaînes d'informations. Je n'étais plus seulement spectatrice mais actrice et tout cela se passait presque dans un ordre qui aurait pu être dicté par un scénariste. Seulement, ce n'était pas un film, rien n'était truqué, et ce n'était pas face aux critiques que je m'exposais mais bel et bien à de véritables criminels. Paniquée, j'ai voulu jeter un regard vers Néo, mais je me suis rendue compte qu'il avait disparu. Je me retrouvais seule, au milieu d'une supérette prise d'assaut et sans aucun moyen de défense.

J'ai essayé de reprendre mes esprits, de me remettre les idées en place, et j'ai pensé qu'il fallait que je sorte de là, et vite. Qui que soit la personne qu'ils recherchaient, rien ne me disait qu'ils ne s'en prendraient pas à moi même si je ne l'étais pas. Je me hissai sur la pointe des pieds, toujours accroupie au sol, pour tenter d'apercevoir s'il n'y avait pas une sortie de secours quelque part aux alentours, quand soudain, je donnai malencontreusement un coup de genou dans une boîte de conserve qui se mit à rouler bruyamment sur le carrelage du magasin. Je me mordis la lèvre inférieure en rentrant ma tête dans mon cou alors que j'entendis remuer de l'autre côté du comptoir.

- Vas voir, il y a eu un bruit là-bas, si c'est lui, bute-le.

- Pigé.

Je ne pris même pas la peine de réfléchir à ce que l'homme disait et je me précipitai dans un étal de céréales, espérant ne pas me faire remarquer. Grâce à ma petite taille, je réussis à me glisser sans encombre dans l'ouverture et à me cacher derrière les boîtes.

Alors que je respirai difficilement, attendant avec réticences ce qui allait suivre, un bruit de bottes martelant le sol se fit entendre non loin de moi. Ma respiration s'accéléra alors que je tentais de me faire la plus silencieuse possible, néanmoins, les sanglots qui s'échappaient de ma gorge ne m'aidaient pas réellement. J'entendis comme le bruit de coups de pieds, et soudain, je reçus un grand choc dans ma cage thoracique qui me coupa le souffle et je me tordus de douleur en poussant un long cri de lamentation. L'instant d'après, on me tira de ma cachette et la lumière blanchâtre du rayonnage m'éblouit.

- C'est pas l'heure de jouer à cache-cache trésor, dit crâne chauve qui me tenait par le col de ma veste à quelques centimètres du sol.

Je haletai, comprimée par ses mains qui serraient ma veste sur ma gorge, et de petits points noirs se mirent à danser devant mes yeux alors que je sentais mes forces m'abandonner. Je donnais quelques coups de pieds et de poings dans le vide, cherchant vainement à me libérer de sa poigne, mais c'était peine perdue. J'étais complément à sa merci.

FugitifsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant