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  Il était désormais 8h du matin. Lauren ayant vu mon embarras, probablement grâce à mes joues qui s'étaient teintes de rouge avait pris la sage décision de quitter le bain à bulles après quelques minutes de malaise durant lesquelles je ne savais plus où me mettre. Je n'avais pas pu m'empêcher de suivre ses formes voluptueuses du regard lorsqu'elle m'avait finalement laissée seule. Pourtant, ce n'était pas dans mes habitudes de faire cela. Elle était une exception.

  Ma valise était bouclée et remplie par la même occasion d'armes en tout genre, bien que j'y avais mis des vêtements. Les personnes de mon âge ont le même arsenal dans Call of Duty ou encore GTA. Sauf qu'actuellement, nous sommes dans la vraie vie et c'est une nécessité pour moi d'être équipée de la sorte. Mon corps svelte ne me permettait pas de me défendre contre un gang complet. Alors qu'avec tout ça, je le pouvais. Enfin bref, ce matin c'était le grand départ mais je n'avais aucune idée d'où aller. Nous devions éviter les grosses agglomérations par dessus tout. En fait, nous devions éviter de rester aux Etats-Unis à tout prix. Mais avec mon statut de fille de l'homme le plus recherché du monde, le FBI voulait déposer un joli (notez l'ironie de cet adjectif utilisé dans ce contexte) mandat d'arrêt international contre moi. Heureusement, ce n'était pas encore le cas. Ma tête n'était mise à prix que dans le pays de l'oncle Sam, qu'on appelle également "pays de la liberté". Quelle ironie quand on sait que les prisons sont surpeuplées et que j'ai pourtant déjà une place réservée sur une chaise électrique dans une prison miteuse du Texas.

  Je me posais tellement de questions que je n'entendis pas la belle Latina rentrer. Elle était vêtue de vêtements semblant plutôt chers. Comme quoi, son activité de prostitué lui rapporte pas mal d'argent. Elle portait une veste en jean Levi's trop large pour elle qui recouvrait un crop top Adidas ainsi qu'un jean noir, Levi's également et des Doc Martens hautes. Elle était vraiment hot et badass. Je fus sortie de mes pensées qui la concernaient par une belle voix rauque qui s'avérait être la sienne, évidemment.

«-On part tout de suite? Demanda-t-elle.

- J'aimerais bien mais je n'ai aucune idée d'endroit où aller et nous n'avons pas de voiture.

- Il y a mon pick-up. C'est pas le grand luxe mais il est plutôt rapide, spacieux et c'est le seul truc que j'ai pu ramener de chez mes parents quand mon père m'a chassée il y a un peu plus de 2 ans, alors que je venais d'avoir 18 ans. Dit-elle, en se grattant la tête puis passant sa main dans ses cheveux d'ébène, d'un geste maladroit. Elle s'était visiblement crispée. J'avais l'impression qu'elle me cachait quelque chose mais je ressentais une forte empathie à ce moment précis. Je lui lançai donc un sourire compréhensif et rassurant.

-Et où peut-on aller?

- Bah on peut aller jusqu'à l'aéroport de Chicago et on prendra ensuite le premier vol pour la Havane? J'ai toujours rêvé d'aller à Cuba car je suis originaire de là-bas.

- Les services de renseignement sont au courant de la présence de mon géniteur ici et donc de la mienne...

- J'ai une idée. On peut rejoindre le Canada en voiture puis on prendra l'avion une fois là-bas. D'ailleurs si tu veux prendre un vol pour un autre pays, pas de problème. C'est juste que je parle seulement l'anglais, l'espagnol et un peu le français. Donc ça serait pratique.

- Je suis cubaine aussi Lolo. Aucun problème pour moi. J'aimerais vraiment y retourner car je suis née à Cojimar. Ton plan me semble parfait. La vie de fille d'un chef de gang t'irait mieux qu'à moi. Ou encore mieux, tu ferais une bonne flic ahaha. Dis-je en plaisantant mais je me rendis compte que seul mes éclats de rire s'entendaient dans la pièce. Mes blagues n'étaient pas toujours drôles mais elle aurait pu sourire. Or, elle avait le regard dans le vide et semblait extrêmement mal à l'aise.

  Après des derniers mots échangés avec Normani et nos bagages remplis de vêtements et armes en tout genre, nous montions dans le pick-up de la belle ténébreuse en direction du pays des érables, des caribous, de la poutine, de Justin Bieber et Drake. Enfin bref, le Canada quoi. On en avait pour un peu moins de 9h de route jusqu'à Toronto. Je louerai une chambre d'hôtel là-bas pour qu'on prenne le vol de demain en direction de la Havane et qu'on soit pleinement reposées.

  Nous roulions maintenant depuis cinq heures. Lauren m'avait laissé prendre le volant dès notre départ de Chicago et mes pieds commençaient sérieusement à me faire souffrir à cause de la pression sur j'exerçais sur la pédale d'accélérateur. À vrai dire, je ne respectais pas les limites de vitesse et je m'en foutais complètement. La belle brune à mes côtés semblait pourtant sereine comme si nous roulions au pas. Je trouvais ça étrange car par moments, nous frôlions les 200km/h mais elle regardait simplement son téléphone en chantant sur la chanson Chocolate de the 1975. Enfin, c'était plutôt du playback. Nous étions actuellement dans les embouteillages à Detroit. La frontière était vraiment proche et heureusement car je commençais à fatiguer. Dans une demi-heure, les portes du Canada s'ouvriront à nous et je pourrai enfin ressentir un sentiment de presque-liberté. La ténébreuse à mes côtés avait remarqué mon état de somnolence et me prévenait donc quand les voitures avançaient. Elle me promit également de faire une pause à Windsor, juste derrière la frontière dans l'Ontario pour que je puisse me dégourdir les jambes, manger un peu et aller aux toilettes car il était un peu plus de 13h et les gargouillements de nos estomacs se mêlaient désormais aux instruments et à la voix des différents chanteurs qui passaient à la radio. La jeune femme me signala que la route était dégagée et que nous pouvions donc passer de l'autre côté de la ligne imaginaire entre notre pays et son voisin du Nord.

  La dernière demi-heure s'était passée sans encombres et nous étions enfin sûres de ne pas se faire arrêter. Car par ma faute, Lauren était désormais recherchée aux USA pour complicité auprès d'une association de malfaiteurs et ce, par ma faute car j'étais égoïste. Mais je l'avais sauvée des griffes des disciples de mon père et elle m'empêchais de me sentir terriblement seule. Je ne voyais que des avantages à l'avoir avec moi même si je me méfiais encore un peu d'elle car elle n'était qu'une inconnue que j'avais croisé moins de 24h auparavant.

Hey tout le monde. Je suis de retour et c'est de loin le plus long chapitre que je poste (1100 mots).

Je posterai le prochain chapitre à 60 votes sur celui-ci. Alors à bientôt j'espère :)

Red Moon [Camren]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant