Mon histoire - Bisexualité

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Tout a commencé avec elle.

Elle avait les cheveux les plus beaux du monde. D'une couleur châtaine et d'un volume qui la faisait ressembler à une lionne. Puis il y avait ses yeux. J'avais tenté de trouver quelque chose, n'importe quoi, qui égalait le vert de ses yeux, mais rien n'était comparable. La férocité de ses cheveux et le vert brillant de ses yeux lui donnait l'air d'être en vie. Ensuite, il y avait sa voix. Je ne l'avais jamais entendu murmurer. Non, lorsqu'elle devait parler, c'était haut et fort, sans crainte, fière de ce qu'elle avait à dire. Alors que moi, les rares fois où je parlais, je murmurais. À ses côtés, je me sentais plus forte et en sécurité. C'était à ses côtés que me venaient ces rares moments de bonheur où je ne doutais pas de la valeur de la vie. Dans ces moments là, j'oubliais que je voulais mourir.

J'avais huit ans.

Tout a commencé avec la peur.

Il y avait ce jeux auquel elle jouait. On devait user de notre force, sans frapper, seulement pousser, pour mettre notre adversaire ( qui était aussi notre ami ) à terre et faire en sorte de le garder à terre. Je n'ai jamais été forte. Mais elle y jouait, alors je voulais y jouer aussi. La première fois, elle a gagné et s'est assise sur moi pour me garder au sol. La deuxième fois, j'ai gagné et j'ai fait quelque chose que je regretterais durant des années. Je me suis assise sur elle en me disant que, si elle pouvait le faire, alors moi aussi. Mais c'était elle. Et j'étais moi. Alors elle m'a crié " Descends de moi, espèce de lesbienne ! ". Ouch. C'est une douleur que je n'oublierais jamais. Pas qu'elle ait dit ça pour me blesser. C'était une "insulte" courante à notre âge dans un quartier ou quelque chose du genre n'étais pas accepté. Et puis, elle n'étais pas sérieuse, c'était pour blaguer. Cinq minutes plus tard, elle avait oublié qu'elle avait prononcé ces mots et avait passé à un autre jeux. Mais pas moi. Car, c'est la première fois que les questions ont fusées dans ma tête. Est ce que ce que je ressentais pour elle était plus que de l'amitié ? Bien que mon coeur avait toujours répondu oui, mon cerveau me suppliait de dire non. Mais les questions qui me faisaient le plus peur étaient celles en "et si" . Et si je l'aimais ? Et si ce que je ressentais était mal ? Et si mes parents l'apprenaient ? Et si mes amis l'apprenaient ? Et si tout le monde l'apprenaient ?

Et si je décidais d'aimer sans limites ?

Puis s'en est suivi le déni.

Durant des années, j'ai simplement refusé d'admettre la vérité. Pas à ma famille, mais à moi-même. J'ai tassé mes questionnement dans un coin et continué ma vie. À ce moment là, je savais déjà la vérité. Mon coeur avait la réponse à toutes mes questions. Mais la peur n'importe quoi. N'est ce pas ? En tout cas, elle a dominé cette fois. J'ai appris à faire taire mon coeur. Pas si facile, je vous le dit; ça m'a pris des années de pratiques. Et c'était une mauvaise idée. À passer trop longtemps à ignorer ses sentiments, on fini par oublier comment aimer. Mais c'était ma façon de survivre. Pas seulement face à cela, on s'entend, j'avais d'autre préoccupations. Encore aujourd'hui je ne sais pas si, dans la mesure où je revenais en arrière, je déciderais de changer la façon dont j'ai pris soins de la situation. Chose est que ça m'a donné le temps. Le temps de m'habituer à la situation au fond de moi pour que, longtemps plus tard, ce soir plus facile d'accepter la vérité. Lorsque ce serait vraiment important.

Alors je suis restée dans le placard jusqu'à mes 14 ans. À cette mesure, je suis surprise de ne pas avoir trouvé Narnia.

Puis la confusion, l'interrogation.

Tout est revenu à l'adolescence. La période de questionnement. On en parlait même en classe. Au début, c'était rien d'important. Tout le monde me disait que c'était normal de se poser la question vers cet âge là. Le moment où c'est devenu vraiment critique c'est lorsque tout s'est mis à me revenir. Elle. La bataille, bref, tout. On me parlait de l'homosexualité et je ne ressentais ni dégoût, ni haine. En fait, pour être tout à fait franche, lorsque l'on me parlait de lesbiennes, je n'étais pas très à l'aise. Mais j'acceptais ces gens très facilement en général, j'ai toujours été très ouverte d'esprit. Mais lorsque je pensais à la possibilité d'être lesbienne, je ressentais tout sauf de l'acceptation. C'était la peur qui dominait comme toujours. Je ne suis pas stupide et j'avais déjà ma théorie. Alors un jour, j'ai posé la question à ma sœur. Est ce que c'est possible de ne pas aimer les homosexuels parce qu'on a peur d'en être un nous même en sachant au fond de nous que c'est le cas ? Aujourd'hui ce n'est pas un secret que la réponse à cette question est positive. En fait, c'est souvent le cas. Mais, encore à cette époque, je ne voulais pas l'admettre. La peur, mes amis, la peur. Alors j'ai refermé la boîte de Pandora et l'ai remise à sa place. Mais, cette fois, elle ne voulait pas se laissée faire. Il faut dire qu'après six ans à être laissé dans son coin, on commence à être impatient d'être mis en liberté pour de bon.

Et la guerre entre mon cerveau et mon coeur a commencée.

Et finalement, l'acceptation.

Pour moi, c'est le temps qui m'a été le plus utile. Ensuite, il y a eu les réponses auxquelles j'ai eu droit chaque fois que je me questionnais. Si je pouvais donner un conseil à un LGBT en déni ou en voie d'acceptation ce serait le suivant: ne pas de brusquer, ne laisser le temps, et ne jamais hésité à chercher de l'information. Finalement, le temps est venu où j'ai accepté que les filles ne me laissaient pas indifférentes. La question n'étais plus " Est ce que je ressens vraiment quelque chose pour les filles ? " mais " Est ce que je ressens quelque chose pour les garçons ?". C'est à ce moment que la bisexualité entre en jeux. Bien sure, il ne m'a pas fallu six ans pour venir à bout de cette question. Avant l'âge de 16 ans, j'avais déjà ma réponse et les coming out ce sont mis à arriver. Oui, en effet, vous pouvez le dire, je suis très mauvaise pour garder un secret.

En huit ans, j'ai parcouru un long chemin, mais je suis consciente d'en avoir encore un long à parcourir.

Mayday - Kind of a RantBookOù les histoires vivent. Découvrez maintenant