Chapitre V

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Cette fois, c'est elle qui vint à moi. J'étais assis sur un banc en face du port à profiter de l'air marin quand quelqu'un pris place à côté de moi.
Quand je me rendis compte que c'était elle, je n'en croyais pas mes yeux.

Même quand je ne la cherchais pas, je finissais par la trouver.

-Content que tu sois encore en vie, plaisantai-je.
-Moi aussi.

Inutile de préciser qu'elle paraissait effroyablement sérieuse.

-Tu as trouvé la réponse que tu cherchais ?

Elle soupira.

-Tu sais, je ne suis pas stupide. Je suis parfaitement consciente que je ne la trouverai pas dans le ciel.

Cette réponse me déstabilisa.

-Alors pourquoi chercher ?
-L'espoir. J'avais peur de le perdre si je n'y mettais pas un peu du mien.

Silence.

-Je peux te poser une question bizarre ?
-Ce sont mes préférées.
-Il y a quelques mois, je t'ai vue pleurer en pleine nuit dans le parc. Je n'étais pas tout à fait sûr que c'était toi. Maintenant je le suis. Pourquoi ?

Un instant j'osai espérer qu'elle exprime un sentiment de gêne à l'idée que quelqu'un ait pu la surprendre dans un moment aussi intime. Qu'elle se fige, que ses joues rosissent, n'importe quoi... Pourtant elle n'en fit rien.

-Parce que ça faisait trop longtemps que je n'avais pas cherché, j'imagine. Être détruit physiquement ou moralement, avoir le cœur brisé... Toutes ces douleurs ne sont rien face à la perte de l'espoir. C'est ça qui nous fait tenir sur nos deux jambes, c'est notre essence même. Un être humain sans espoir n'est qu'une ombre qu'on ne peut même pas qualifier de vivante.

Je me demandais d'où lui venaient ces réflexions qui paraissaient mûrement réfléchies. Comme si elle avait lu dans mes pensées, elle dit :

-Il n'y rien de fascinant en moi, Luke. Je n'ai pas de sombres secrets. Je suis simplement venue, j'ai vu, et j'ai perdu.

Puis elle disparut dans la foule.

La Valse du Rossignol [LRH]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant