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[ «Bon. Pourquoi tu m'as appelé cette fois? questionna Vince, inquiet. ]

- Je sais pas, répondit Aude, fixant le lointain. On s'est encore foutu sur la gueule avec ma mère.

- Aïe. Comme d'habitude, non?

- Je sais pas. Peut-être ouais. Mais aujourd'hui c'était différent. J'ai vu quelque chose se briser dans son regard. Comme si elle avait perdu foi en tout.

- Ouuh, mais c'est qu'on joue les sensibles, plaisanta Vince.

- Putain, ta gueule. C'est pas tellement le moment.

- En même temps faut la comprendre. Avec une fille comme toi...

- Ouais, non en fait. J'me fous de ce que tu penses.

- Bon. Et avec Paul, ça va comment ?

Aude ne répondit pas. Elle faisait mine de contempler les nuages de fumée qui se mêlaient au paysage nocturne, tandis que Vince attendait, sachant ce que ce silence signifiait.

- C'est toujours pas le bon, reprit-il.   Pourtant t'étais à fond sur lui quand tu l'as rencontré. T'es difficile putain. Ton mec est beau, intelligent, sportif, la moitié des filles du bahut se l'arrachent et toi...

- Et moi c'est pas pareil. Et puis c'est pas moi qui étais à fond sur lui, c'est toutes ces groupies superficielles que j'entendais dans les couloirs du lycée. Je sais pas, c'est peut-être pas ça qu'il me faut.

- Mais Aude bordel, t'as eu cinq mecs en six mois, sérieusement, je te comprends pas. Y en a même pas un qui te plaisait?

- Ben qu'est-ce que tu veux, j'me cherche. Putain, j'suis arrivée à un stade de ma vie où même moi je sais plus qui j'suis.

- T'as quinze ans sérieux, t'as toute ta vie pour te trouver.

- Ouais mais je suis pas à l'abri d'un de ces coups de putes à la con putain, j'peux très bien claquer dans mon sommeil ou me faire niquer par une bagnole, je sais pas. J'ai pas l'temps, tu sais.

- T'es bien conne, toi. Si tu continues à cette vitesse, à 20 ans t'auras tout vécu.

- J'préfère ça que d'mourir débile, tu vois?

- Ouais, vite fait. Bon j'me les pèle ici, je rentre chez moi.

- Vive la fin de l'été, hein. Salut, mec.

- Salut cousine, on s'voit plus tard.

Aude regarda Vince s'éloigner avec un certain détachement tandis que la nuit s'assombrissait. Vince avait sûrement raison, Aude était peut-être juste difficile. Mais pourquoi n'arrivait-elle pas à tomber amoureuse ? Pourquoi est-ce que ça paraissait si normal chez les autres filles? Ne connaîtrait-elle jamais l'amour, ce sentiment si beau qu'elle écrivait si souvent? Ces questions se bousculaient dans sa tête et se percutaient douloureusement à la paroi de son crâne. La fumée se dissipait dans l'air froid de la nuit. Aude jeta son mégot et le piétina avec mépris, avant de s'avancer vers la sortie du parc.

Le réveil-matin en équilibre sur une pile de livres indiquait 22:32. Aude était rentrée chez elle sans dire un mot à sa mère et avait claqué la porte de sa chambre. Allongée sur son lit, elle contemplait le plafond comme s'il s'agissait d'une toile captivante dont elle observait les plus petits détails.

« Auuude! appela sa mère. Descends, y a quelqu'un pour toi.

- Putaaaain c'est qui encore ?! cria-t-elle en se levant de son lit »

Elle descendit les escaliers en trainant des pieds. Arrivée devant l'entrée, elle ouvrit la porte nonchalamment.

« Qu'est-ce que tu veux, toi? »

- Bonjour Aude, répondit Lila Palmer avec une once de mépris dans la voix. Contente de te voir également. »

***

Lecteurs, lectrices...
Chapitre un peu long, j'en conviens, mais j'en suis assez satisfaite dans l'ensemble. Je pense publier le prochain chapitre demain, pour l'instant le rythme de un chapitre par jour me va, je changerai peut-être plus tard quand ça ira trop vite pour moi. J'essaie de me fixer des objectifs pour commencer, pour voir ce qu'il en est. Merci de vos abonnements et de vos votes, votre soutien compte beaucoup pour moi! À demain...
Jeanne

AudeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant