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Bip, bip, bip.
Le réveil indiquait 7:00.
Le réveil. Ça faisait longtemps qu'Aude ne l'avait pas entendu sonner. Deux mois, en fait. Elle se leva de son lit en marmonnant qu'elle détestait sa vie. Nonchalamment, elle se dirigea vers la salle de bain, dans l'optique de prendre une douche. Elle traînait des pieds sur le parquet recouvert de vêtements et entra dans la salle de bain. Elle jeta un œil sur sa chambre avant de fermer la porte et se dit qu'il faudrait qu'elle la range, à un moment ou à un autre.

Elle se déshabilla lentement, une bouffée de flemme l'avait saisie à son réveil. Elle n'avait pas envie d'aller en cours. Elle n'avait pas envie de revivre le même cauchemar ennuyeux. Elle n'avait pas envie de bouger. À quoi bon se dépêcher? Les animaux ne se précipitaient pas gaiement pour aller à l'abattoir, alors elle ne voyait pas pourquoi elle le ferait.

Aude sortit de sa douche vers 7:45. Elle devait partir à 8:00. Elle ne se pressait pas pour autant, descendant mollement les marches des escaliers. Le sol de la cuisine était froid. Ses pieds engourdis semblaient s'enfoncer dans le carrelage tant elle se sentait lourde, sa tête lui pesait et son corps ne répondait pas. Elle s'assit sur une chaise en bois usé, devant la petite table. Il y avait dessus des miettes, des morceaux de pain, des traces de confiture et des couverts sales. Sa mère était passée par là, trop pressée et en retard pour ranger quoi que ce soit. Aude se releva et sortit une bouteille de lait du frigo, un paquet de céréales du placard. Elle se rassit à la table en traînant des pieds, les yeux à demi-ouverts, menaçant de se refermer. Après son petit-déjeuner, elle prit ses affaires de cours et sa veste en simili-cuir noir et sortit de la maison. Elle ferma la porte puis s'engagea sur le trottoir, se dirigeant vers l'arrêt de bus. 8:03. Le bus passait à 8:05. Zut. Elle l'aurait. Elle n'arriverait pas en retard en cours, elle rentrerait en même temps que tout le monde, perdue dans la masse. Elle ne se ferait pas remarquer dès le premier jour, elle ne susciterait pas l'attention. Elle ne manquerait pas l'ennuyeuse présentation du professeur du premier cours de la journée.

Aude était même en avance, elle se retrouva à attendre le bus. Ce qui ne lui arrivait jamais. Elle l'attrapait tout le temps de justesse.

Elle se trouvait là, devant l'arrêt, à regarder le goudron et l'herbe sèche qui poussait autour. Aude posa son regard sur un objet curieux qui gisait dans le décor. Il brillait dans le soleil. Elle s'en approcha prudemment, comme s'il s'agissait d'un trésor perdu, ou d'un objet de valeur. En se penchant, elle soupira de déception. Un pauvre miroir. Brisé, de surcroît. Elle le prit dans ses mains et le regarda attentivement. Banal, vide d'histoire. Un pauvre petit miroir fendu, de quelques centimètres. Un miroir de poche avec un cadre rond en plastique noir. Elle regarda ce qu'il reflétait dans un second temps : une pâle jeune fille, l'air maussade. Ses cheveux foncés portaient des reflets de soleil, des mèches brillaient à la lumière. Ses yeux, noircis au crayon, étaient dénués de lumière. Elle semblait vide, comme si elle n'attendait plus rien de la vie. Pourtant, malgré les brisures du verre, elle crut voir, dans le coin des lèvres de la jeune fille, une petite courbe, une fossette. Une ombre qui semblait tenir en son coin un dernier espoir. À cet instant, Aude sentit monter à ses yeux deux larmes, dont elle ignorait l'origine. Elle ne les laissa pas sortir. Ce miroir était finalement un bel objet.

Interrompue par l'arrivée du bus scolaire, elle rangea machinalement le petit miroir dans sa poche, sans y penser. Elle monta à bord du bus et s'assit sur une place à l'arrière, seule. Par la fenêtre, le ciel éclatait de lumière bleue et elle ferma les yeux sous l'éblouissant soleil. Ironique, quand on a passé l'été à se plaindre de son absence. Sur le trajet, elle relut sa discussion avec Inès pour la énième fois et colla sa tête contre la vitre, souriant niaisement.

Arrivée à destination, Aude semblait assurée et confiante, mais cela n'était qu'apparence : une vague d'angoisse s'abattait sur elle. Cela ne lui arrivait jamais, surtout pas un jour de rentrée. Seulement, elle pressentait certaines choses pour cette nouvelle année scolaire. Un renouveau, un changement... Mais pour le moment, à part un bâtiment gris et repoussant, Aude ne voyait rien. Elle avançait tranquillement dans cette grande allée grisonnante qui ne lui avait pas manquée depuis qu'elle l'avait quittée l'année précédente, regardant d'un œil critique les nouveaux visages. Les nouveaux étaient nombreux. Il y avait toujours beaucoup de nouveaux élèves à l'entrée en seconde. Aude les regardait rapidement du coin de l'œil, tentant de prévoir ceux qu'elle allait détester. Certaines têtes ne lui inspiraient rien, si ce n'était qu'une profonde lassitude. Certains lui renvoyèrent un regard chaleureux, timide ou simplement méprisant.

Aude avait reçu quelques jours auparavant un papier qui lui indiquait sa classe, la salle où elle devrait se rendre et son emploi du temps. Les cours allaient donc commencer directement. Aude soupira à l'idée de commencer une nouvelle année scolaire. Comme elle aurait voulu y échapper ! Elle se dirigea néanmoins vers la salle indiquée, elle serait en 2nde A, salle 113.

Arrivée dans la salle, elle ne prit pas soin, à la différence des autres élèves, de choisir sa place. À quoi bon? Elle savait qu'elle n'aurait pas d'ami, Vince n'étant pas dans la même classe. Elle se résigna à s'asseoir au deuxième rang, sur le côté droit de la salle. Elle ne faisait pas attention aux élèves qui entraient. Elle rêvait simplement à Inès. Elles avaient prévu de se voir dans le courant de la semaine, sans fixer de date précise. Aude éprouvait pour elle un sentiment nouveau, qu'elle ne pouvait définir. Elle fut coupée dans ses pensées par l'entrée d'un professeur.

« Bonjour les Secondes A. J'suis Monsieur Retton, votre prof d'anglais et également votre prof principal. Avant une présentation plus complète de ce que sera cette année scolaire, on va commencer par faire l'appel. Ici, les absentéistes sont très mal vus, surtout un jour de rentrée.»

Aude savait qu'elle ferait bientôt partie des élèves "mal vus". Cela la faisait doucement rire.

«Ok, on commence. Gabriel?

- Présent.

- Mark?

- Là !

- Emma?

- Présente !

- Anthon?

- Présent.

- Inès ?

- Présente. »

Aude tomba de sa chaise, abasourdie. Elle connaissait cette voix.

***
Lecteurs, lectrices...
Voilà pour ce chapitre 10! Un peu plus long que d'habitude je crois... Hey! 200 vues sur cette fiction! Amazing! C'est trop cool, j'y crois à peine! Aha, pour certains, je m'enflamme complètement mais bon... C'est beaucoup pour moi, merci à vous. J'espère que vous aimez cette histoire. Si c'est le cas, faites-le moi savoir en commentaires :)
J'vous aime bien vous.
Jeanne.

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⏰ Dernière mise à jour : May 03, 2017 ⏰

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