PROLOGUE

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Le samedi soir est par excellence le soir où les étudiants sortent afin d'oublier un peu leur quotidien morne et stressant. Ce n'était pas le cas de Bettina, jeune femme de vingt deux ans qui avait un petit emploi dans un McDonald's dans le centre de Paris. Mais aussi un petit job de babysitter dès que la famille pour laquelle elle travaillait l'appelait. Ce n'était clairement pas ce qu'elle avait espéré petite, rêvant d'être sous les feux des projecteurs, d'être danseuse. Seulement il y avait la réalité qui ne lui permettait certainement pas de vivre de ses rêves, oh triste réalité. Mais elle continuait de danser dès qu'elle pouvait et bénissait ces moments de liberté factices qu'elle se construisait en s'évadant pour son passe-temps.

« Allez Bet', dis que t'es malade et rejoins moi, y a une grosse ambiance à coup sûr, tu peux pas me faire ça ! »

L'avait supplié Alice, sa meilleure amie depuis l'enfance. Elle connaissait Alice et ses plans étaient bien souvent assez foireux. Puis, elle savait que, même si elle avait dépassé la majorité, vivant encore chez sa mère, elle devait lui rendre des comptes et ainsi lui demander la permission.

« Mais fais genre tu viens dormir chez moi ! Qu'est-ce que t'as là ! Allez, je t'en supplie Betty, me fous pas un plan ! »

Avait alors rétorqué son acolyte lorsqu'elle avait émit les embûches qui pouvaient faire entrave à la soirée si prometteuse comme elle lui avait vendue, pas étonnant qu'elle soit dans le marketing. Bettina avait cédé et se portait alors malade à son travail bien que sa soif d'argent était toujours présente. Elle avait besoin d'argent pour se louer son premier appartement, c'était vital, elle ne pouvait plus vivre aux crochets de sa mère.

Si seulement elle s'était un peu plus méfiée de cette soirée ...

Elle avait donc décidé d'aller dormir chez son amie, se chargeant d'un sac de sport dans lequel elle avait mis ses affaires pour la soirée et celles pour le lendemain. Elle se préparait alors en compagnie de sa soeur de substitution en dansant sur une chanson lascive d'un rappeur qu'Alice affectionnait tout particulièrement parce qu'il était « trop canon » selon ses dires. Bettina avait levé les yeux en l'air mais les paroles de la chanson en écoute faisaient écho chez elle tandis qu'elle tentait une énième fois de tracer son trait de liner afin de mettre en valeur son regard mielleux. La différence de carnation entre les deux jeunes femmes n'était pas aussi importante en regardant de près, et pourtant ... Alice avait  un teint chaud mais pas bronzé, ni foncé. Bettina, elle, avait un teint de porcelaine, presque translucide.

Je l'ai vue apparaître, pâle comme une aquarelle, j'ai vu son ombre avant de la voir elle.

Il y avait du monde, beaucoup de filles en tenues courtes et beaucoup de garçons qui se voûtent. Les deux meilleures amies se dirigèrent vers le bar. Bettina n'était pas à l'aise, mais elle savait qu'avec plusieurs shots de Tequila, tout allait aller pour le mieux. Un. Puis 5. Tout s'était passé extrêmement vite et elle était déjà sur la piste de danse avec sa soeur de coeur. Merveilleuse, sérieuse, mais rieuse, périlleuse, elle dansait mais elle n'ouvrait pas les yeux. Elle se laissait porter par la musique, le mouvement de ses hanches se collait au rythme lascif du tube diffusé par les hauts parleurs qui étaient disposés de partout autour d'elle.

Plongée dans ses pensées colériques, elle danse comme si elle en avait envie.

« Bet' ! Y a un mec là-bas, il fait que de te regarder, viens on va le voir ! »

S'exclama Alice par-dessus la musique assourdissante. Il lui semblait que son coeur avait pris le rythme des basses qui résonnaient, comme si son coeur ne faisait plus qu'un avec ce rythme effréné. Elle était perdue et n'avait pas compris un seul mot que sa chère amie lui avait crié. Elle avait parlé de quelqu'un qui la regardait, instinctivement elle avait regardé autour d'elle et tombait sur un regard enchanteur et rieur, n'était-ce pas ... ? Non, elle devait sûrement rêvé. Sans qu'elle n'ait pu répondre à son amie, elle la tira vers ce mystérieux mâle qui en effet était bien entouré. Il était fortuné. N'était-ce pas ce qu'elle cherchait ?

Il disait s'appeler Malcolm.

« Viens t'asseoir. »

Lui avait-il dit d'un ton suave tout en tapotant la place à côté de lui avec un sourire carnassier. Elle était sa proie, mais elle a le moral dans les talons, elle en a marre des bas-fonds. Il lui passait un verre dont le contenu était son propre alcool, de ce qu'il disait. Un. Puis 5. Se mêle à ça, la poudre blanche. Un. Puis elle perdit le contrôle.

Deux grammes dans le sang, deux dans le nez, tape, tape, tape, tape, tape dans le néant.

Plus tard on la retrouvera dans une boîte mal fréquentée. Elle dansera, comme elle l'avait rêvé, vêtue de porte-jarretelles, à tourner autour d'une barre. Tout cela en prétendant aimer ce qu'elle fait et aimer que les mecs la touchent. Alice ? Elle ne la connaissait plus. Elle avait réussi à avoir son appartement et ne voyait plus sa mère. Alors, les cuisses endolories, elle danse et colle au rythme dans cette vie sans coloris, plongée dans ses pensées colériques, elle danse comme si elle en avait envie.

                  Au moins elle est en vie.

Puis un soir, elle trouvera dans sa loge une lettre à son nom, du moins, au nom de son autre Elle, « Betty. »

     « Prends hyper soin de toi, K. »

De quoi redonner goût à la vie.

AquarelleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant