Vivre pour toi

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Mon très cher frère,

Voilà six mois que tu nous as quitté, j'ai eu beaucoup de mal à accepter le fait que tu sois parti. Je suis resté un moment amorphe, je ne mangeais plus, ne parlait plus, ne dormait plus et ne sortait même plus. En te perdant, j'ai perdu une partie de moi-même. Toi et moi on se complétait, jamais l'un sans l'autre. Ton nom est encore douloureux à prononcer, on évite de regarder les photos de famille. Je n'arrivais plus sans toi, tout me ramenait à toi. Puis quand j'ai pensé à te rejoindre, pensé à mettre fin à mes jours, elle est arrivée. Elle et ses longs cheveux bruns qui lui retombaient en cascade jusqu'aux reins. Elle et ses grands yeux vert émeraudes pétillants de joie. Elle et sa bouche charnue. Elle et sa voix envoûtante. Elle et son rire mélodieux. Elle m'a sauvé. Elle m'a redonnée goût à la vie, elle a permis de diminuer un peu la douleur que ta perte m'avait causée. Elle est arrivée à la boutique un jour de printemps, une douce brise soufflait dehors. Elle était entrée, avait passé la main dans ses cheveux pour les remettre en place, elle m'avait hypnotisée.

Et j'ai commencé à culpabiliser. Culpabiliser de sourire. Culpabiliser de rire. Culpabiliser d'être heureux, alors que toi, tu ne pouvais plus rien faire de cela. J'ai eu des remords, alors que de mon côté je reprenais gout à la vie toi tu n'avais plus la chance de l'être. Mais elle m'a fait prendre conscience que je ne devais pas m'arrêter de vivre, que cela ne te faisait pas honneur, que ce n'était pas ce que tu voudrais. Alors aujourd'hui je vis pour moi, mais surtout pour toi.

Tu me manques.


Lettres à mon frèreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant