Une princesse dans son temps

Révolution

     Il fait froid dans cette partie de la France au mois de décembre. L'air froid qui me caresse le visage et la nuque me rappelle incessamment que l'année touche à sa fin. Je regarde tout autour de moi, un petit flocon tombe sur mon bras nu, alors je sors pieds nus sous la neige.

     Je m'éloigne de la douce maison chaude et reposante de mes parents pour prendre un chemin qui ressemble en tout point au tournant que va prendre ma vie. La maison en bois de mes parents est entourée de nuages et de flocons qui flottent comme si le temps allait s'arrêter,comme si la terre allait arrêter de tourner. Le bruit du ruisseau me parvient, il n'est pas encore gelé par le froid mais cela risque de ne pas tarder. Ma robe ne tarde pas à me coller à la peau, le lin est doux et si blanc. Plusieurs flocons se collent à la longue tirade de mes cheveux bouclés. Mes boucles noires me collent à la peau et se plaquent sur les contours de mon visage. Le paysage n'en est que plus beau, les montagnes qui apparaissent devant moi semblent infinies, le ciel est gris est reflète bien mon humeur ...

     Je voudrais que le temps s'arrête pour de vrai et que l'on n'arrive jamais en janvier. Aujourd'hui, c'est mon anniversaire et j'ai 18 ans. Nous sommes en 2120 et Paris me parait déjà si près. Lorsque j'étais petite mes parents m'ont fait faire de nombreux voyages à la capitale pour me dévoiler ses secrets et me montrer la beauté d'une ville meurtrie. Je baisse la tête au moment où le souvenir d'une balade sur le Pont Neuf en pleine nuit, seule et bien, me revient. Mon regard se pose alors sur elle. Je ne peux pas m'empêcher de regarder chaque jour la marque sur mon poignet. Elle signifie tellement ...

     La neige continue lentement son ascension et je suis toujours les pieds dans la neige, le regard vide. Je m'enfonce un peu plus dans la brume comme pour m'évader. Mes petits pieds s'enfoncent dans la neige,elle me brûle la peau mais c'est une douleur supportable. Un flocon tombe sur ma marque. Je ne suis pas prête pour cette vie, je ne veux pas me battre pour prouver quoi que se soit sur moi.

     Mes parents et moi nous habitons dans un petit village au cœur des montagnes. Nous sommes d'une famille aux revenus assez modestes. Mes parents m'ont appris la valeur des choses. Mon père a fait la guerre des mondes. Enfin plutôt la fin mais il y a perdu beaucoup :des amis, de la famille, et, le plus important, son innocence. Et donc aujourd'hui c'est pour lui un honneur que sa seule fille soit marquée. C'est comme un miracle. Il dit que c'est une grâce de Dieu. Je le vois plutôt comme une malédiction. Mais, je repense à ce moment, à ce dur combat, qui encore aujourd'hui a laissé sa trace sur le monde. Il faut donc reprendre cette histoire depuis le début.

     Au XXIème siècle, une nouvelle guerre a séparé le monde : celle du terrorisme. Les nations n'ont trouvé aucune solution contre cette barbarie sauf une qui s'est avérée nécessaire, la guerre. Cette décision a déchiré le monde entre ceux qui espéraient et ceux qui tuaient. Les chefs d'État ne trouvant aucune solution démissionnèrent tous au fur et à mesure,les peuples commencèrent à se massacrer entre eux. La reine d'Angleterre fut assassinée et le reste des monarques qui existaient se sont ligués pour enfin sortir le monde de cette terreur et pour ne pas en arriver à utiliser les armes nucléaires. Les monarques,jurant avoir une solution à cette guerre qui développait la fin du monde, ont proposé de passer un accord avec leurs peuples. Les monarques trouveraient un moyen pour sauver le monde et en échange les peuples devaient se soumettre à des monarchies absolues qui se devaient plus modernes par rapport aux anciennes monarchies. Les peuples étant coincés entre l'esclavage et la mort, ils ont choisi de vivre. En seulement dix ans, le monde fut débarrassé des fanatiques et chaque peuple se retrouva de nouveau sous l'allégeance d'un roi et de sa religion. Personne ne sut jamais comment des rois avaient pu avoir la solution plutôt que d'autres, et c'est pour cela que les hommes recommencèrent a croire en des droits qui seraient divins, car quand la menace est absolue il n'y a plus que les miracles qui puissent nous sauver.

     Chaque religion et chaque pays vivaient unis autour d'un pacte. Ce pacte régissait ainsi la vie de ceux qui gouverneraient par la suite pour que jamais ne se reproduise l'horreur que le monde avait vécu. Les hommes connaissaient alors les erreurs commises par les religions parle passé, mais il était hors de question qu'une guerre telle que celle contre le terrorisme ne se reproduise un jour. Des monument savaient été détruits, les villes les plus belles du monde réduites à l'état de cendres. Le monde eut beaucoup de mal à s'en remettre,et à cette époque, il avait misé sur une nouvelle génération.

     Voici les nouvelles générations. Il avait été conclu que durant l'année qui suivaient ses dix-huit ans, chaque prince de chaque pays devrait choisir sa future épouse entre trois filles marquées. Donc, durant l'année de la naissance de chaque héritier, trois filles naissaient marquées. Personne ne savait réellement d'où provenaient les marques mais elles étaient toujours identiques et grandissaient sur la peu de chaque "prétendante". Ces trois filles venant de milieux très différents : une fille appartenant a la noblesse, une appartenant à l'ancienne bourgeoisie et une fille issue d'une famille plus modeste. L'année qui suivaient ses dix-huit ans, chaque fille devrait se rendre au château. A partir du 1er janvier, elles recevaient chacune une lettre pour passer du temps auprès du prince auquel elles étaient destinées pour que celui-ci fasse son choix. Durant cette année-là, elles passaient plusieurs tests aidant le jeune dauphin à faire son choix. En général, la fille choisie était celle de la noblesse, ce qui faisait souvent penser à un mariage d'intérêt plus qu'à un mariage d'amour. Cela montrait aussi la vanité de certains princes. Les deux autres filles, quant à elles, n'étaient presque jamais choisies et le prince leur désignait par la suite un fiancé. Bien souvent, les nouveaux prétendants des demoiselles appartenaient à la famille royale et donc les deux autres filles se retrouvaient avec l'un des cousins ou des oncles du prince et elles étaient donc condamnées à passer leurs vies à la cour à regarder le dauphin et la nouvelle dauphine. Pas génial comme vie ... Cette pensée me fit frémir, je ne pourrais jamais regarder cet homme dans les yeux.

     Car voilà, je m'appelle Aryana, et je suis marquée. Mes parents on dû me présenter à la cour royale à l'âge de seulement dix mois,lorsque la marque sur mon poignet, qui n'était qu'une tâche étant bébé, s'est transformée rapidement en une cicatrice qui par la suite fut approuvée par le roi et la reine en personne et finalement par le pape lors de mon baptême. Ah oui ! J'ai oublié de l'expliquer : chaque marquée doit être reconnue devant la religion de son pays. La France, étant autrefois catholique, dût le redevenir durant le grand changement. J'ai aussi dû avoir une éducation drastique et donc un précepteur. Durant toute mon enfance, j'ai dû apprendre l'histoire de la France, et à en écouter mon maître, je repensais à cette époque appelée Renaissance.Notre technologie est en effet beaucoup plus avancée mais nous sommes revenus à un régime qui frôle l'esclavage et qui s'est remis à croire que la solution se trouvait sous la gouvernance de personnes qui serait élues par des dieux. Je ne suis absolument pas d'accord avec ces idées là. Mais on ne me demande pas mon avis.