Chapitre 5

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Mardi matin.
05 :15
Louis.

Ce matin, Louis n'avait pas attendu que son réveil sonne pour se réveiller. Il était sorti de son sommeil en pensant à sa soirée, et il n'avait pas pu s'empêcher de sourire. Le jeune homme s'était préparé un petit déjeuné des plus normaux et avait allumé la télévision. Tout en préparant ses œufs au bacon, il écoutait attentivement les informations.

« ... Les services de police auraient trouvés donc des traces de stupéfiants chez le jeune athlète. Nous passons maintenant à la rubrique politique. » Annonça le journaliste. « La nouvelle est tombée cette nuit, Barack Obama aurait décidé de retirer les troupes militaires américaines d'Israël d'ici deux mois. La paix avec le gouvernement israélien sera bientôt signée d'après le président. Barack Obama était en déplacement sur le territoire Israélien en tant qu'ami a-t-il déclaré. Plus d'informations concernant ce sujet au flash informations de dix heures, suite à la conférence publique que le président donnera sur ce sujet. »

Louis n'en croyait pas ses oreilles. Il avait laissé son bacon griller, bien trop attiré par la télévision à cet instant. Lorsqu'il découvrit ses tranches noires dans la poêle, il jura tout ce qui lui passait par la tête. Mais une fois avoir jeté la viande, il ne put s'empêcher de s'arrêter, et de sourire. Il pestait contre une tranche de porc alors que l'homme qu'il aimait allait bientôt revenir. Il se trouvait vraiment idiot.

Mardi matin.
07 :15
Zayn.

L'alarme avait sonné. Ils étaient tous prêts. Et ils montèrent tous dans ces camions, qui les emmèneraient sur le terrain de leur prochaine mission. Tous savaient. Tous savaient que peut-être, ils se jetaient dans la gueule du loup encore une fois. Mais c'était les ordres. Zayn avait dormi à peine trois heures. Il n'était pas vraiment physiquement en forme ce matin, et les autres l'avaient remarqué. Le métis faisait partit des plus jeunes du bataillon, ils n'étaient pas beaucoup, mais les plus anciens veillaient sur eux comme sur leurs fils. Tous savaient que le jeune Malik avait certains problèmes personnels, et le seul sentiment qu'ils laissaient paraître à son égard à cet instant était de la protection.
« Tu t'es levé tôt ce matin. » Souffla l'un des soldats assis à ses côtés.
Zayn sourit en repensant à ce qu'il avait fait.
« A quatre heures il était debout ! » Ajouta un autre en souriant.
« J'arrive plus à dormir. » Répondit Zayn.
En effet, le pakistanais était debout depuis quatre heures du matin. Mais il se disait que s'il était resté dans son lit, il n'aurait jamais pu dire à l'homme de sa vie qu'il l'aimait. Il n'aurait jamais pu revoir son joli minois et sentir les forces le reprendre. Oui, Zayn se sentait en pleine forme mentalement et presque heureux.

Mardi matin.
07 :50
Louis.

Aujourd'hui, ils avaient annoncé de la pluie, le ciel était gris, mais pourtant, Louis était de très bonne humeur. Zayn lui avait dit qu'il l'aimait. Leur couple était officieusement réparé.
Louis passa les portes du bâtiment du journal plus ou moins en avance, il s'en fichait. Il ne pensait qu'à Zayn et un sourire des plus radieux trônait sur son visage, l'illuminant, alors que cela n'était pas arrivé depuis longtemps. Il monta à l'étage de la rédaction et s'engouffra dans le couloir en constatant que tout le monde semblait déjà là.
« Salut ! » S'exclama-t-il en faisant danser Eleanor sans qu'elle ne s'y attende.
« Wouh ! » Cria-t-elle surprise avant de rire.
Louis rit à son tour avant de sauter sur Niall, l'enlaçant chaleureusement.
« Merci. » Lui chuchota-t-il.
Il se dégagea, le regarda en lui tapant l'épaule et partit dans son bureau de bonne humeur.
« Danielle, Andy, Harry, Niall, venez dans mon bureau ! »
Les concernés se regardèrent, se demandant ce qui arrivait à Louis.
« Je suis désolé pour la réunion d'hier après-midi. » Commença-t-il une fois qu'ils étaient tous installés face à lui. « J'étais... Bref. Est-ce que vous pouvez me faire un petit topo de la direction qu'on prend pour ce numéro ? » Leur demanda-t-il en souriant.
Un peu perdus, la petite bande mit un certain temps à comprendre ce qui se passait. Danielle prit alors la parole, résumant les thématiques, les couleurs choisies, le style, ainsi que les principaux sujets.
« Bien, ok, tout est clair dans ma tête. Merci beaucoup. »
« Louis, ça va ? Parce que Niall t'a expliqué tout le book hier soir non ? » Questionna Danielle.
« Niall, tu lui as bien expliqué hein ? » Ajouta Andy.
« Oui. »Répondit le blondinet. « Mais monsieur Tomlinson a eu une importante conversation hier soir avec une certaines personne. Maintenant il semble vivre au pays des bisounours. » Sourit-il narquoisement, le regard rivé sur son chef.
Louis ne put une fois de plus, s'empêcher de sourire. Cela devenait presque automatique lorsque Zayn entrait dans ses pensées.
« Comment ça ? » Questionna Harry.
« Monsieur Tomlinson a parlé avec monsieur Malik hier soir. Et je crois qu'ils se sont rabibochés. »
« Non ?! » S'exclamèrent-t-ils.
« Sérieusement ?! » Ajouta Andy.
« Non, on ne s'est pas rabiboché, comme le dit si bien Niall ! » Protesta Louis.
« Pardon, vous avez plus ou moins eu une conversation quelque peu émouvante où monsieur Malik et toi-même avez pleuré comme des madeleines rien qu'en vous voyant, et où vous vous être clairement dit que vous vous aimiez. »
« Putain ! C'est vraiment pas trop tôt ! » Se réjouit Harry.
« Bon, d'accord ! » Rit Louis. « Mais je sais pas si on est vraiment un couple et tout ça. »
« Arrête de te poser des questions Tomlinson ! Vous êtes ensemble, fais pas chier ! » Rit Andy.
Personne ne voulait le montrer mais tous étaient soulagés que Louis aille visiblement mieux et que son couple était à nouveau d'actualité.

Mardi matin.
11 :00
Zayn.

Lorsque Zayn sortit du camion qui l'avait transporté lui et ses collègues sur le terrain, un effroyable sentiment s'empara de lui. A cet instant précis, une seule pensée envahissait son cerveau. Il se disait que plus jamais il ne jouerait à un jeu de guerre à la console. Parce qu'à cet instant, il avait le sentiment d'être ce soldat qu'on menait par le bout du nez tel un pantin. Tout en suivant les autres soldats au pas de course tel un automate, sa dernière pensée fut pour Louis, avant de réellement se concentrer sur cette importante mission. Les choses n'allaient pas être faciles, il le savait, il le sentait.

Mardi midi.
12 :15
Louis.

Louis riait de bon cœur aux conneries des autres, et tout le monde était heureux de le voir ainsi. Andy, Harry, Danielle et Niall s'en étaient donné à cœur joie de raconter les évènements de la veille aux autres, et tous purent sentir le bonheur qui planait sur leurs têtes.
« Bon, Harry, Liam, à quand le mariage ? » Questionna Andy en calmant ses rires, caressant la cuisse de Josh qui était à ses côtés.
Les deux concernés se regardèrent d'un air complice.
« On a pas encore vraiment choisit de date. » Répondit Liam.
« Il va falloir vous décider ! »
« Ouais, je veux avoir le temps de trouver la robe parfaite pour l'occasion ! »Rit Eleanor.
La tablée se mit à rire à la remarque de la jeune femme.
« On attend que Zayn revienne. » Souffla Liam, la main accrochée à celle de son fiancé, ne sachant pas vraiment comment aborder ce sujet.
Louis resta de marbre. Mais pour une fois, cette idée lui réchauffait le cœur. Pour une fois, il sourit à cette pensée. Parce que désormais, il attendait le retour de Zayn aussi impatiemment que les autres sans appréhender. Il comptait même être présent lors de son retour à l'aéroport.
Voyant Louis sourire, le regard dans le vide, ses amis comprirent que ce sujet n'était plus tabou.

Mardi après-midi.
14 :15
Zayn.

Les dés étaient lancés. L'après-midi avait plus ou moins bien commencée, jusqu'à ce qu'une bande de terroristes ouvre le feu. D'après leurs supérieurs, ils étaient bien plus nombreux qu'ils l'avaient imaginé. Zayn n'avait pas peur. Non, il n'avait pas peur parce qu'on lui avait apprit à sortir cette angoisse de sa tête. Il n'avait pas peur de ces gens qui ne semblaient pas aussi civilisés que lui, il craignait juste que par leur faute, il ne pourrait plus jamais revoir Louis. Et cela animait en lui cette sorte de rage.
Le feu était ouvert depuis environ une heure. Le but premier des soldats américains étant de protéger les victimes, les habitants n'ayant rien demandé, leur champ de tir était plus réduit qu'ils ne le pensaient. En revanche, les terroristes tiraient sans se préoccuper de toucher ou non une personne innocente.

Mardi après-midi.
15 :00
Louis.

Le prochain numéro avançait à grande allure. Louis s'était mit sérieusement au travail et ne semblait pas avoir le temps de rigoler. Voyant l'air très sérieux de leur rédacteur en chef, tout le monde avait reprit son travail en main et même Andy n'osait pas rigoler.
« Je peux te parler ? »
La voix légère d'Eleanor brisa le silence régnant dans le bureau de Louis. Celui-ci leva la tête.
« Oui, entre, assis-toi, ferme la porte si tu penses que c'est nécessaire. » Sourit-il.
Eleanor se contenta d'entrer et de s'asseoir.
« Comment tu te sens ? »
« Bien, je te remercie. Et toi ? » Se stoppa-t-il dans son activité.
« Je veux dire, tu es sûr que tout ton malheur est partit ? »
« Comment ça ? »
« Louis, ne fais pas comme si tu ne comprenais pas. Il est clair que depuis que Zayn est partit et jusqu'à hier, tu déprimais. Mais est-ce que tu es sûr que c'est terminé ? » Dit-elle plus froidement.
Louis perdit sa mine enjouée.
« Je sais pas, sûrement, je l'espère. On verra quand il rentrera. » Finit-il par sourire.
Inquiète mais pourtant soulagée, Eleanor ne réagit pas. Elle fit un faible sourire à son patron et retourna travailler.

Mardi après-midi.
15 :30
Zayn.

Les choses s'envenimaient dangereusement et de plus en plus rapidement. Le bataillon avait été séparé, Zayn avait vu trop de ses collègues tomber à son goût. Son gilet par balle l'étouffait de plus en plus et il avait du mal à penser correctement. Il ne restait plus que deux de ses frères d'armes près de lui : Noah et Austin. Les autres étant dispersés. Assis contre le mur d'une ruine, à l'abri des balles fusant dans tous les sens, les trois soldats étaient pris au piège.
« Merde. » Jura Noah en rechargeant sa mitraillette.
Zayn vit sur le visage du plus jeune des trois, Austin, une larme rouler sur sa joue noire de poussière.
« Austin, ça va ? » Lui demanda-t-il.
« Rassure-moi, on va pas mourir tout de suite ? » Tenta de plaisanter celui-ci.
« Non, on en a encore pour un quart d'heure tout au plus, ça va aller. » Répondit Noah cyniquement.
« T'es con. » Souffla Zayn.
Un cri les stoppa dans leurs activités. Ce n'était pas n'importe quel cri, c'était un cri qu'il n'aurait pas du entendre depuis au moins trois heures. C'était le cri d'un enfant apeuré. Les trois soldats se regardèrent. Zayn observa le plus discrètement possible le terrain derrière le mur en ruine et découvrit horrifié, une fillette en pleurs derrière les restes d'une vieille voiture noire.
« Putain, y a une gamine en plein milieu ! » S'exclama-t-il.
« Quoi ?! T'es sérieux ?! » Lui répondirent les deux autres, aussi horrifiés que lui.
« Elle sort d'où ?! » Questionna Noah.
« Qu'est-ce que j'en sais ?! J'l'ai pas pondu ! » Grogna Zayn, fatigué de son collègue bien trop bavard à son goût. « Elle va mourir si elle reste là. Il faut que j'aille la chercher. »
« T'es malade ou quoi ?! » Hurla Noah en attrapant son bras. « Tu vas te faire dégommer ! »
« Il est hors de question que je reste là, à attendre qu'elle meurt sous nos yeux. Couvrez-moi. »
Sans plus attendre, il leur fit un signe de la main et s'engouffra dans le terrain vague qu'était devenu le quartier. Les coups de feu qui avaient cessés depuis quelques minutes reprirent lorsque Zayn courut au secours de la petite fille. L'adrénaline remplissant son ventre, il se jeta derrière la voiture, à l'abri des tirs ennemis, près de la fillette. Zayn se donna quelques secondes pour vérifier qu'il n'avait pas été touché et reprendre le peu d'esprit qu'il lui restait. Puis il posa son regard sur la petite fille à sa gauche. Son cœur tressaillit. Elle était terrifiée, ses larmes avaient dévastées ses joues et elle tremblait de tout son être. Zayn lui fit signe de ne pas faire de bruit. Elle acquiesça. Il ne parlait pas sa langue, mais dans un moment pareil, il était simple de se comprendre en un regard. Dans les yeux de Zayn, on pouvait voir ce regard protecteur, ce sentiment qui le poussait à la protéger comme sa propre vie. Doucement mais rapidement, il posa son arme au sol de manière à ce que la fillette ne puisse pas l'atteindre. Puis il retira son gilet par balle.
« Malik ! Qu'est-ce que tu fous ?! » Hurla la voix de l'un de ses supérieurs à l'autre bout du terrain vague.
« Ce que certains n'auraient jamais osé faire ! »
Il enfila son gilet à la petite. Il lui fit rentrer ses bras ainsi que ses jambes à l'intérieur sans problèmes. Il prit son arme, attrapa la petite fille aux longs cheveux noirs et courut vers la ruine où il était précédemment. Ce trajet qu'il avait déjà fait en sens inverse lui parut étonnement plus long cette fois. La fillette était légère comme le vent, mais ses propres jambes n'avaient jamais été aussi lourdes, aussi lentes. Couvert par ses camarades, il tentait d'être le plus rapide possible, mais ce ne fut pas assez. C'était comme s'il l'avait entendu. Comme s'il l'avait vu. Elle était rentrée en lui comme une vulgaire cuillère plongeant dans un yaourt, lui arrachant un effroyable cri. Il trébucha, ralentissant sa course, mais il ne devait en aucun cas lâcher prise, pas maintenant. Il devait continuer, pour cette petite fille, pour Louis. Ca faisait mal, Zayn avait l'impression que c'était insurmontable, mais il finit par se jeter derrière le mur de la maison en ruine.
Il haletait, sa vision se troublait, les larmes dévalaient ses joues, mais il ne pouvait s'empêcher de fixer cette petite fille au regard d'ébène comme le sien, avec les mêmes longs cils que les siens. Le temps semblait s'écouler lentement, Zayn n'entendait pas les voix de ses camarades, ni les coups de feu, il était simplement absorbé par elle. Elle était apeurée, elle pleurait. Zayn mit un moment à comprendre qu'elle le fixait aussi, qu'elle fixait son torse. Il baissa alors son regard sur son propre corps, pour découvrir la tâche dont elle semblait avoir peur. Il paniqua à son tour.
« C'est rien ! Ca va, regarde, ça fait pas mal ! » Tenta-t-il de la rassurer.
Il essaya de sourire mais cela ressemblait plus à une grimace qu'autre chose.
« Zayn ! Putain t'es trop con ! » Râla Noah, paniqué par sa blessure.
« La ferme ! T'as pas eu les couilles pour y aller ! »
Le métis ne se sentait plus très bien, sa tête tournait de plus en plus. Il faisait une chaleur monstre mais il avait froid. A cet instant il comprit. Il comprit que rien n'allait bien. Sa blessure lui faisait atrocement mal et il pensait à Louis. Soudain, la peur l'envahit. Louis, il n'avait pas le droit de l'abandonner.
Zayn tendit les bras à la fillette. Elle ne comprit pas tout de suite mais finit par se loger dans ses bras. Le peu de chaleur qu'elle dégageait apaisa Zayn. Il n'était plus conscient de ce qui l'entourait, il n'était plus capable de penser. Seul le visage de Louis ornait son esprit. Le reste n'avait plus d'importance.

Mardi après-midi.
18 :45
Louis.

Louis était rentré chez lui avec une boule au ventre. La question d'Eleanor en milieu d'après-midi l'avait plus ou moins travaillé. Il avait déposé son gilet dans l'entrée, avait enlevé ses chaussures et s'était directement laissé tomber sur le canapé, pensant à Zayn. Il se demandait ce qu'il pouvait bien faire, il pensait à lui et l'énorme envie qu'il avait de le revoir. Il n'en pouvait plus. Voilà deux mois qu'il était en Israël, et quatre mois qu'il ne l'avait pas vraiment vu. La seule idée d'attendre le déprimait, parce qu'il ne savait pas réellement encore pour combien de temps exactement il en avait. Combien de temps il devrait encore dormir seul, manger seul, se doucher seul, combien de temps il devrait encore attendre avant de pouvoir à nouveau toucher son torse, ses muscles, tout simplement son corps.

Mardi après-midi.
19 :00
Zayn.

Il n'y avait plus ce petit poids chaud contre son corps. Zayn avait incroyablement froid. Il ne savait pas réellement où il était et n'entendait presque rien, peut-être seulement quelques murmures.
« Zayn ? Zayn ? Mec c'est pas le moment de nous lâcher hein ! Putain tu ne vas pas crever maintenant ?! »
Il eut du mal à reconnaître la voix agaçante de Noah. Puis il se souvint vaguement. La fillette, la balle perçant sa peau.
Il n'avait pas la force de répondre. Il était déjà trop loin. Les gouttelettes de sueur sur son front, la vue bien trop troublée, l'ouïe presque anéantie, le touché vide de ses fonctions, la bouche pâteuse, il avait juste envie de dormir.
« Zayn ! Dors pas ! Ne t'endors pas. »

His CrushOù les histoires vivent. Découvrez maintenant