Chapitre 2: Qui sont-ils ?

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C'est donc aujourd'hui, aujourd'hui que ma vie va être bouleversée...enfin ça, c'est ce que dise mes parents. Bah ouais ! Tu ne vas pas me faire croire que lorsque tu entres au lycée ta vie change du tout au tout, comme-ci tu avais gagné à l'Euro Million ! Oh que non ! Tu ne vas non plus m'affirmer que tout ce que tu as pu ressentir auparavant n'est plus rien...juste un souvenir sur lequel tu en peins d'autres...plus...comment dire. Joyeux ? Non. Moi, je n'y crois pas, ou plutôt je ne veux pas y penser à cette "légende urbaine". J'ai déjà abandonné depuis bien longtemps. Personne ne le sait, il n'y a que moi qui enfoui ce secret en mon cœur meurtri où y coule un sang plus noir que les abysses, plus sombre que les ténèbres, plus obscur que tous les cauchemars réunient tous ensemble. Je suis un monstre...comme disaient les autres. Je sais que je vais rester la même, quelque soit le lycée, quelque soit ma nouvelle vie, mes nouveaux rêves et projets. Mais d'abord...est-ce que j'en ai ? Je suis la fille banale. Celle que tu trouves dans les couloirs avec sa capuche sur la tête essayant tant bien que mal de marcher droit, l'air assurée. Toujours seule, dans son coin...sûrement au toilette entrain d'écrire et d'écouter de la musique pour faire passer la pause. Bon. Mentalement je pense être prête à encaisser. J'avoue. Je n'ai même plus peur d'être isolée, ni même jugée. Pourquoi alors au fond de moi je sens mon coeur se compresser quand je pense à ça ? Une appréhension ? Non, juste l'adrénaline. Je devrais plutôt oublier. 

Alors que mon réveil avait déjà sonné depuis dix bonnes minutes, je terminais de me préparer pour ce jour si spécial aux yeux de tous. J'avais finis par manger et me laver, je me dirigeais en direction de mon sac lorsque je contemplais avec effroi mon reflet...

"C'est ma tête...ça ?!" 

Je posais mes fesses sur la chaise en bois blanche et fixa ce visage blanc, cerné et cette masse de cheveux ébouriffés. 

"C'est une BLAGUE ?!!"

Je parlais seule dans ma chambre tandis que j'attaquais la partie la plus ambitieuse de ce début de matinée...mes cheveux. Je brossais avec vivacité la grosse masse rousse frisée et les attachais en une sorte de gros chignon qui laissait échapper de jolies petites mèches bouclées sur mon cou et juste devant mes yeux verrons. Le jour où je parviendrais enfin à les attacher correctement on devra me décerner une médaille ! C'est un réel combat chaque matin, en général j'abandonne et affronte à la place ces deux yeux étrangement différents. Je les déteste...comme mes cheveux...comme tout ce qui a chez moi. Après tout. Je suis un monstre. 

J'avais fait un effort surhumain en ce qui concerne mes vêtements et mon apparence en général, comme ça je me dis que cela peut me sauver. Juste le temps d'une journée. Je retouchais une dernière fois mon mascara, mon blush, mon gloss rosée puis satisfaite...en quelque sorte, je replaçais correctement ma jupe plissée noire, mon collant et mon gros pull vert foncé que j'aimais tant ! Je nageais dedans, mais dieu c'est que je l'appréciais ! Brièvement j'entrevis les aiguilles de ma montre qui avaient filé à une vitesse lumière. Paniquée je me jetais en direction de la sortie, claqua la porte automatique et balança mon sac à dos sur mes épaules.

Une fois l'air du 5 septembre matin engouffrée dans mon écharpe et ma veste, je pus me réveiller correctement et à toute vitesse, je m'élançais en direction de l'arrêt de  bus. Malgré les indications claires et précises de ma mère sur le petit bout de papier je parvins à me perdre dans ce petit village. Je suis vraiment pas douée dans ce qui est de me retrouver...Je soufflais péniblement et cherchais du regard une quelconque aide...mais rien. Tandis que la panique bouillait en moi, je vis au loin, juste sur l'autre trottoir, deux garçons entrain de marcher en sens inverse. Ils semblaient avoir mon âge. Peut être qu'il parviendront à me dire où se trouve l'arrêt de bus. Dans cette situation que devrais-je faire ? A- Suivre les deux gars en silence et voir où cela me mène. B- Leur demander mon chemin avec un grand sourire pas du tout crédible. Je me croyais limite entrain de passer mon permis...bref. Je choisis la réponse A ! Oui. Je suis pas du tout doué en ce qui concerne les échanges. Ce n'est pas que je ne sais pas parler, non, juste que j'ai peur de me tromper. Je n'avais pas non plus envie de balbutier devant eux et me taper la honte de ma vie, je l'ai déjà assez vécu ! Je mettais mise discrètement derrière eux, gardant tout de même une distance raisonnable entre nous, j'essayais de les suivre tant bien que mal  malgré leur grande foulée. Il faut dire que du haut de mes 1m50 il m'était en général impossible de ne pas courir derrière les autres. J'accélérais la cadence en apercevant au loin mon bus bleu et gris anthracite avalant d'autres adolescents dans son entre couvert d'un même tissu bleu marine moche et sale. J'étais désormais à côté des deux compères, curieuse de voir ce qu'ils faisaient depuis tout à l'heure je jetais un regard furtif en leur direction. Mon coeur rata un battement en m'apercevant que les deux me fixaient avec insistance comme-ci ils cherchaient à découvrir quelque chose. Je détournais vivement les yeux et continuais mon avancée...surtout ne pas te retourner. Ne te retourne pas ! Trop tard, mes yeux noisettes et émeraudes fixaient déjà les deux jeunes hommes. L'un était châtain clair avec de beaux yeux azures, un visage assez large et des cheveux coupaient en brosse. Il avait de grandes oreilles et un sourire malicieux presque dérangeant. L'autre plus petit et un peu plus épais encra ses yeux sombres, cachaient par ses lunettes de vue, dans les miens me faisant manquer au passage un battement. Il était plus large d'épaule par rapport à l'autre, ses cheveux étaient eux aussi châtains mais légèrement plus foncés, il avait une mèche qu'il avait rabattu en houppette en arrière. Constatant qu'ils persistaient je soufflais d'agacement et montais à vive allure dans la bouche mécanique du monstre puant le pétrole et les années de manques de nettoyage. Je détestais les cars. Déjà parce que ça empester le rat mort, de plus parce que je n'avais jamais une place pour moi seule...et aussi parce que les sièges sont inconfortables, et qu'ils sont juste horriblement poisseux. Je préférais marcher...j'arrivais à mieux réfléchir sur ma vie, sur tout...et cela ne me permettais pas de rester assise et de patienter comme une attardée, de ne pas changer de position toutes les minutes parce que je commençais à avoir des courbatures aux lombaires ! Mais je m'égare. Encore. 

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