La forêt

64 8 2
                                    

C'était il y a quelques années, j'avais 9 ans si je m'en souviens bien. Je passais mes vacances chez ma tante dans le Val-d'Oise avec ma soeur, Stéphanie. Ma tante habitait dans une petite maison, il fallait emprunter un petit escalier pour y entrer. On y allait peu, mais à chaque fois, moi et ma soeur on s'amusait beaucoup. On chassait les lézards, on grimpait dans le grand arbre qui était dans le jardin, on imaginait qu'on était dans un grand vaisseau spatial et qu'on capturait des aliens, des délires de gosses quoi.
Et on se promenait dans une forêt.

Cette forêt se situait à une cinquantaine de mètres de l'endroit où habitait notre tante. Elle était grande et épaisse : la lumière du soleil ne passait presque pas, seuls les quelques rayons qui pouvaient se faufiler éclairaient la forêt le jour. On jouait à cache-cache, au loup, ce genre de choses quoi. Mais on ne pouvait pas aller bien loin : Il y avait un grillage et notre tante nous avait formellement interdit de le passer. On avait toujours respecté cette règle, mais au fil des années, notre curiosité montait de plus en plus. On inventait des histoires, comme quoi passée cette barrière nous mènerait dans un autre monde, ect... Et pendant ces vacances, notre curiosité a pris le dessus sur notre obéissance.

C'était une nuit. On avait décidé d'y aller le soir pour que notre tante ne nous surveille pas. Stéphanie avait peur d'y aller, moi aussi je dois l'avouer. Cette nuit était plutôt froide pour une nuit d'été, c'était l'une des choses qui m'avait un peu angoissé. Mais l'excitation avait vite repris le dessus, et sans faire un bruit, on avait passé le jardin et la grande porte. Quelques minutes après, on était dans la forêt. On connaissait la chemin par coeur, ce n'était pas la première fois qu'on empruntait ce sentier. La nuit, la forêt était plus sombre, je croyais voir des ombres bouger à chaque instant et chaque bruit me faisait sursauter, et à ma soeur aussi. On aurait pu faire demi-tour, mais lorsqu'on regarda devant nous, on était arrivé devant le grillage.

Ma soeur et moi, on s'était regardés, presque en même temps. Aucun de nous deux n'osaient avancer. Ce n'était qu'un bête grillage, mais à l'instant, c'était une muraille infranchissable pour elle et moi. Après quelques secondes, qui semblaient durer une éternité, je brisai le long silence qui régnait dans le bois.

"J'y vais."

Ma soeur ne dit aucun mot, et un peu anxieuse, elle monta sur le grillage. Arrivés en bas, on regardait autour de nous. Rien. C'était juste la même forêt. Rien qui changeait, pas un nouveau monde. Juste la même forêt, ou ma soeur et moi, on s'amusait régulièrement. J'étais déçu, ma soeur aussi apparemment. Mais je décidai de continuer, par curiosité. Cette partie de la forêt nous était totalement inconnue, on pouvait vite s'y perdre, mais on ne pensait pas à ça sur le coup. Jeune, je ne connaissais pas la prudence, et je ne me souciais pas de savoir si je pouvais retrouver mon chemin ou pas. La forêt était plus calme que jamais, aucun bruit, aucun son. Je marchais peu à peu, seuls mes pas faisaient du bruit, dans cette forêt endormie. Après quelques minutes, une chouette brisa le silence. Je sursautai et je me retournai pour voir Stéphanie.

Mais elle n'était pas derrière moi. J'ai paniqué, je cherchais autour de moi, mais rien. Ma soeur n'était nul part. Je criais son nom, mais rien à faire, elle n'était pas là. Alors que j'étais au bord des larmes, je vis quelque chose bouger. Je n'avais pas bien distingué ce que c'était, mais j'espérais de tout mon coeur que c'était ma soeur. Approchant tout doucement, j'appelais à voix basse Stéphanie. J'hésitais à avancer, mais je ne pouvais m'arrêter. J'allais toucher la forme, quand j'entendis un grognement. Comme un grognement de chien, mais en plus grave, quelque chose que je n'avais jamais entendu. Reculant très rapidement, je ne quittais pas des yeux le buisson, et la silhouette qui en sortait petit à petit. Et là, je vis la chose la plus horrible que je puisse voir de ma vie.

Ce qui était sorti du buisson ressemblait à un sanglier. Mais plus long, plus gros, et avec une tête plus humaine. Je remarquai aussi qu'il avait des pattes d'ours et surtout des dents crochues. La bête était recouverte de sang et me fixait de ses yeux rouges, en s'approchant tout doucement de moi. Je ne respirais plus. On entendait seulement son grognement, de plus en plus fort et menaçant. Sans réfléchir, je me retournai et couru aussi vite que je le pouvais. Je ne me retournai pas, mais je savais qu'elle me poursuivait, j'entendais du bruit derrière moi, et plus des grognements mais des cris. Des cris à vous glacer le sang, que quand vous les entendez, vous savez que si vous ne faites pas vite, la bête va vous tuer.

Moi aussi je criais, je pleurais même. Personne ne resterait de marbre face à ça, surtout quand on a 9 ans. Et là, je vis le grillage. Sans attendre, j'ai sauté et grimpé. Au moment ou la bête allait m'attraper, elle s'arrêta net devant le grillage. Elle restait devant, marchait à côté, mais ne le passa pas. Au bout de quelques secondes, elle s'en alla, et elle disparut dans les profondeurs dans la forêt. Quand je fus rentré, ma tante m'attendait. Elle savait ce que nous avions fait. Après lui avoir raconté l'histoire, elle appela la police et les secours, pour rechercher Stéphanie. Mais rien, elle demeura introuvable, et au bout de quelques semaines, les recherchent s'arrêtèrent.

A partir de ce soir là, ma vie ne fut plus la même. J'avais perdu l'envie de rire et de m'amuser. J'avais perdu toute mon innocence. J'avais perdu ma soeur. Et si je raconte tout cela 12 ans après, c'est qu'une équipe de recherche a trouvé un corps, ou plutôt, un squelette dans une grotte dans la forêt. Après vérification, il s'agit des os de ma soeur, Stéphanie. Elle n'est pas morte de faim ou de soif. Le squelette n'était pas entier, et il y avait des traces de griffes qui lui avait arraché la moitié du crâne, du haut jusqu'à l'oeil. D'énormes traces de griffes.

Creepy Pasta Et HorreurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant