J'ai froid... Il fait noir, si noir... J'ai peur...Pourquoi ne puis-je pas bouger? Pourquoi ces rires résonnent-ilsencore et toujours à mes oreilles? Est-ce que mes rêves se seraient également ligués contre moi...? Non... Ce n'est pas ça. Je suis...morte?
-Bah alors le monstre! Tu pleures? T'es toute mouillée... Et puis qu'est-ce que tu pues! Aaaaaaaah! Regardez! Regardez! Elle s'est pissé dessus cette conne!
Des rires... Beaucoup de rires... Je ne voulais pas ouvrir les yeux. Je ne veux pas revoir cette si jolie couleur dansles rainures du carrelage. Ce petit carrelage rose pâle piqueté depoints bleus. Je l'aimais beaucoup malgré les traces de pas qui le défiguraient. Ça me réconforte de voir que je ne suis pas la seule... à se faire marcher dessus...
-Debout sale pute! Lève-toi saleté de sorcière! Regarde... On a embellit ton visage crasseux et dégouttant...
Nouvelle salve de rires... Plus qu'avant il me semble...
-Non...
-Hein?! J'ai pas entendu la merde qui sort de ta bouche...
Une douleur plus prononcée dans mon ventre. Sur le coup d'une telle violence, je ne pus retenir mon corps... Ma bouche s'ouvrit dans un cri muet et je vis cette couleur tâcher ce beau carrelage... Cette couleur venait de sortir de ma gorge pour venir éclabousser les pauvres petits carreaux devant moi. De plus, mes yeux s'étaient ouverts d'eux-mêmes, ce qui ne fit qu'envenimer la situation...
-Aaaaaaaaah... Regardez ça... c'est dégouttant!
Je vis une petite chaussure toute vernie arriver vers mon visage. Sans trop savoir comment, je l'eus caché derrière mes mains en poussant une petite plainte. Le genre de plainte à faire rire les autres...
«Pourquoi... Pourquoi personne ne les entend?...Je...ne... Aidez-moi je vous en supplie...»
-Aaaaaaaaaaaaaaah! hurlais-je en me réveillant en sursaut.
Puis des pas affolés retentirent derrière ma porte,qui s'ouvrit l'instant d'après sur ma mère en robe de chambre. Lorsqu'elle me vit assise dans mon lit, la main sur ma poitrine et luttant pour reprendre mon souffle normalement, elle posa ses mains sur ses hanches et poussa un juron.
-Vraiment... Tu me désespère. Il faut que tu arrête de me déranger pour rien! Je bosse moi demain!
Puis elle sortit de la pièce en faisant claquer la porte pour bien me faire comprendre qu'elle en avait marre.
-Mais je..., murmurais-je, Désolée...maman.
J'attendis encore cinq bonnes minutes afin de retrouver un rythme cardiaque normal. Puis je me glissais à nouveau sous les draps pour tenter de me rendormir, priant pour ne pas revivre à nouveau ce cauchemar...ce souvenir de mon enfance...
Je me réveillais en plein milieu de la nuit. Pas comme après un cauchemar, non... Mais j'avais les yeux grands ouverts. Je me relevais et allais à la salle de bain pour me rafraîchir le visage. Je me mis en face du lavabo et me regardais dans le miroir. Mes cheveux coupés au carré étaient ébouriffés, certainement en me tournant et retournant pour trouver le sommeil, mes yeux étaient bouffis et gorgés de sang et des cernes profondes creusaient mes orbites. Si quelqu'un me croisait ainsi, je serais bonne pour l'hôpital ou l'asile... Je fis couler un peu d'eau pour qu'elle soit glacée. Puis je me frottais énergiquement le visage afin d'ôter les derniers signes de terreur. Je coupais le robinet en m'appuyant de la main gauche sur le rebord du lavabo puis me regardais à nouveau dans le miroir. Je vis une silhouette partir, du coin de l'œil. Je tournais ma tête le plus vite possible mais elle avait déjà disparu.
-Ma pauvre fille tu deviens vraiment cinglée...dis-je avec sarcasme.
Je me séchais le visage avec une serviette et revins me mettre au lit pour m'endormir aussitôt d'un sommeil profond et sans rêves.
Le week-end se passa et se finit ainsi que la dernière semaine des vacances. Les cours et ce bahut ennuyant redevinrent mon quotidien. Ce matin, tout allait étrangement bien: mon cauchemar récurent ne m'avait même pas rendu visite pour me tirer d'un des seuls et rares moments où je pouvais me retrouver seule avec moi-même. J'avais revêtu une de mes tenues préférées. Un sweat à capuche noir, un jean souple, noir également et un tee-shirt noir orné d'un cadran doré aux chiffres romains. Une phrase en anglais y était inscrite:
Times Flies When You Having Fun
Ce qui expliquerait mon impression de surplace, comme si tout s'était figé depuis ce jour...
-Hé oh! On se réveille!
-Hein? Euh...quoi?
Une salve de rires. Je pris alors conscience de la prof, consternée, avec la même position que ma mère prenait lorsqu'elle était remontée contre moi et mes «stupides et idiotes crises». Je me crispais un peu sur mon siège alors que tous les regards étaient braqués sur moi.
-Il faudrait songer à se réveiller!
Elle secoua la tête en signe de désapprobation.
-Franchement! Tu es désespérante... Quand vas-tu enfin te comporter comme tout le monde?
Elle retourna à son tableau et continua son speech sur la vie de ce «grand homme qu'est Jésus».
«Je ne veux pas être comme tout le monde... Je veux être moi! Et puis à quoi bon croire en ce ''Dieu miséricordieux et plein de bonté''? Pouah!... Les dieux ne sont que des chimères inventées par les Hommes afin de satisfaire leur emprise sur leurs semblables.»
Pendant toute la durée du cours je fixais l'horloge et égrenais les secondes avec elle. Lorsque la sonnerie retenti, je rangeais mes affaires en vitesse et sortis la première, ignorant au passage les boulettes de papier qu'on me lançait, ainsi que les réflexions et insultes à mon sujet. J'avais l'habitude maintenant...
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The Writer-Origins
HorrorLe journal d'une jeune fille devenue tueuse sous la contrainte, relatant ses origines avant son nouveau nom: The Writer