La fille dans la Brume

Lost (1)

Enfin !!

Elena ne tenait plus en place ce samedi matin, jour tant attendu du Minshaska. Cela faisait seulement dix minutes qu'elle s'activait à se préparer et elle était déjà sur le point de sortir.

-Elenaaaa...

C'était le râle plaintif et fatigué de son père qui aurait bien attendu encore deux ou trois heures avant d'être réveillé.

- Calme toi, fais moins de bruit, il n'est que cinq heure du matin !

- Papa je ne veux pas rater une seule seconde de plus de cette journée. Déjà qu'on a plus le droit d'aller se baigner dans la forêt !

Et avant qu'Eric Marin est pu réplique quoi que ce soit, la jeune fille avait déjà claqué la porte.

Elle n'a même pas prit mon arme en plus... pensa le quinquagénaire en trainant les pieds vers son lit.

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Une fois la vallée dévalée jusqu'au village, constatant que Maya cette fois ne l'attendait pas, Elena en profita pour aller réfléchir dans un coin ombragé, entre deux maisons abandonnées.

En réalité elle était complétement perdue et n'était pas certaine de vouloir revoir ses amis. Quelles informations pouvait-elle leur donner ? Lesquelles cacher ? Allaient ils seulement la croire ou serait-elle trahit par ses Imprévisibles qui s'inquièteraient sur son état de santé mental ?

Elle se détestait de douter d'eux à ce point mais avait-elle seulement le choix ? De plus, depuis son "rêve" elle ne répondait à aucun de leurs appels, ne doutant pourtant pas que cela allait les inquiéter.

Elle en avait tellement assez de tout, marre des cours, marre de rester enfermer, marre que sa vie soit si ennuyeuse et pourtant si compliquée, et puis surtout tellement peur pour l'avenir ! A quoi bon rester ? Pourquoi ne pas partir, s'enfuir?

Pourquoi pas?

Peut-être parce qu'Elena sous ses airs courageux avait en fait très peur et ne savait pas si c'était son avenir au village  ou celui, périlleux mais tellement plus intéressant, en dehors, dans l'inconnu (qui d'après ses calculs allaient s'avérer moins long) qui l'effrayait le plus. En plus, elle serait seule si elle s'employait à voyager maintenant, ce qui n'était pas très malin...

Les yeux fermés, appuyée contre le vieux mur en miette, accroupie dans l'herbe sèche et les brindilles, elle se laissa aller à l'écoute de ses 5 sens. Un oiseau chantait mais il était loin. Le vent était très léger et lui chatouillait les oreilles, faisant à peine danser ses cheveux, lassent. Ça sentait le lichen et la poussière. Bof. Sa tête lui faisait mal mais elle ne changea pas de position pour autant et lâcha ses mains au sol pour tâter à l'aveuglette. Une branche, de la terre sèche, un truc qui avait l'air vivant et qu'elle relâcha très vite en essayant de ne pas paniquer, un brin d'herbe qui s'élançait vers le ciel... Elle dut ouvrir les yeux pour profiter de ce sens-là, et dans une lenteur extrême, dévisagea avec neutralité chaque reflet du soleil sur les feuilles, les bouts d'acier ou de plastique qui tombaient de la gouttière. Tout était si beau !

Il ne manquait que le goût.

Alors, comme droguée, les yeux dans le vague comme si elle ne faisait plus parti de son corps-et de toute façon ça n'avait plus aucune importance-elle prit la première chose qui lui sauta dans la main-une brindille- et l'apporta lentement à sa bouche qui salivait déjà à l'idée de croquer dans quelque chose de plus consistant que son jus de fruit du matin.

-Elena ?!

L'interpellée sursauta légèrement, secoua la tête puis dévisagea la silhouette qui la dérangeait dans son repas de rêve. Elle mit un temps avant de comprendre, que la personne-dont elle ne pouvait deviner le visage à cause du soleil qui l'aveuglait- n'était autre que Maya. Son timbre était reconnaissable entre mille.