thirty five

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C'était le pire dîner de ma vie. Nadine n'a pas arrêté de poser des questions plus gênantes les unes que les autres. Des questions du genre "Vous avez déjà couché ensemble ?", "j'espère que vous vous protégez ?", "Vous vous voyez finir votre vie ensemble ?", et j'en passe. Des questions qui ne faisait qu'affiner ma décision quoi. Mon sang bouillait, mon cerveau était débordé de travail. Avec toutes ces pensées débarquant de nulle part, ça devait être difficile pour lui de tout gérer. Mais hélas, tout ce travail n'a finalement servit qu'à me donner un mal de tête atroce, puisque j'étais toujours aussi perdue.

Nadine me souriait, me regardant droit dans les yeux, comme si rien ne s'était passé trente minutes plus tôt. Même si j'avais envie de tout sauf de ça, je souriais poliment en retour, pour ne pas alerter Neymar. En parlant de lui, il avait l'air vraiment heureux, et il n'y avait rien d'autre qui pouvait me faire autant plaisir. Voir ce sourire scotché sur son visage, sentir cette bonne humeur qu'il dégageait... il était vraiment adorable, ce soir la.

-Déstresse Jasmine, me chuchota-t-il soudainement à l'oreille, me tirant hors de mes pensées.

Il prit ensuite mon poignet pour retirer la fourchette que je piquai fortement dans un bout de viande. "Il ne faut pas être devin pour savoir que tu es dans tous tes états dis donc", me nargua ma conscience avec sa voix aiguë de sorcière. Je secouai la tête pour ne plus l'entendre avant de poser mes yeux sur Nadine, en face de moi. Son regard noir me transperçait, au point de me donner un horrible frisson dans le dos. Ça faisait longtemps que je ne m'étais pas senti comme ça, c'est-a-dire pas à ma place. La dernière fois c'était quand j'étais encore dans ma famille adoptive. Et il n'y a rien de plus horrible que de se sentir de trop, je vous assure.

-Je... je vais rentrer. Annonçai-je soudainement en détachant mon regard de Nadine pour le poser sur le brun a ma gauche.

Ce dernier perdit son sourire en me regardant fixement dans les yeux, cherchant surement le problème.

"Le problème mon cœur ? Le problème c'est que je suis enceinte de toi depuis trois putain de semaines. Le problème c'est aussi que ta mère ne m'aime pas sans même avoir prit la peine de me connaitre. Le problème c'est surtout que toi aussi tu ne m'aimeras plus quand tu sauras que je porte ton gosse. Le problème c'est que moi je t'aime tellement que je ferais tout pour te garder. Et le plus gros problème ? C'est que je dois me séparer de ma propre chair pour que tu m'aimes toujours."

A cette pensée, les larmes me montèrent aux yeux. Je pinçai mes lèvres avant que mon regard ne se pose sur Nadine qui leva les yeux au ciel, agacée.

-Excusez-nous deux secondes, lança Neymar en saisissant mon poignet avant de se lever, m'entraînant avec lui.

Je le suivis du mieux que je pus avec mes talons -qui me faisaient au passage horriblement mal-, jusqu'à atteindre la cuisine. Il ferma la porte derrière nous avant de se retourner vers moi, me lançant un regard qui traduisait toute son incompréhension. Il allait parler quand je me jetais dans ses bras, en éclatant en sanglot. Je relâchai alors toute cette pression emmagasinée depuis l'annonce de la grossesse jusqu'à maintenant. Je ressentais à présent ce besoin de verser toutes les larmes qui ne voulait pas se manifester depuis ce matin. Et la seule personne qui était là pour moi à cet instant, c'était lui. Lorsqu'il resserra encore plus fort ses bras autour de moi, mes larmes redoublèrent d'intensité. Neymar ne disait rien, il ne faisait aucun mouvement, rien. Mais je le sentais, qu'il me tenait fermement, tout comme moi, qui utilisais toutes les forces de mes bras pour le garder contre moi.

Après quelques minutes dans cette position, mes sanglots s'atténuèrent, nous plongeant dans un silence morbide. Neymar me tenait toujours aussi fermement, et ça me rassurait plus qu'autre chose. Mais le fait de ne pas voir sa réaction me rendait folle. Il était beaucoup trop silencieux. Je me détachai alors de lui, avant de lever timidement la tête en sa direction. Il me lança un regard vide de compréhension. Son expression faciale avait perdu toute sa lumière, et ça, ça me pinçait le cœur.

Love or hate ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant