Partie 4 - L'étincelle de la révolution (1/2)

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« S'il vous plaît, s'il vous plaît ! Un peu de silence, s'il vous plaît ! »

La foule était en effervescence. Malgré son portevoix, Thomas peinait à se faire écouter depuis le balcon surplombant la grande salle. Les quelques soldats qui l'entouraient frappèrent les crosses de leurs armes contre les rambardes de fer, amplifiant encore davantage le tumulte général.

« Ecoutez-moi ! tonna le commandant. Je comprends que vous ayez peur, je le comprends mieux que quiconque ! Je comprends aussi que vous puissiez douter de ce que nous proposons, mais il faut nous faire confiance ! »

Si, par endroits, les clameurs se transformèrent momentanément en murmures contrariés, le vacarme ne diminua pas.

« Impossible, Commandant, soupira le soldat à la droite de Thomas. Ils ne vous écouteront pas.

– Vous savez ce qu'ils veulent, ajouta celui qui se tenait à sa gauche. Vous savez qu'ils l'écouteront... elle. »

Son index était discrètement pointé vers une jeune femme blonde adossée à un mur de pierre, quelques mètres plus loin. Vêtue d'un uniforme militaire sobre, elle se cachait dans l'ombre, à l'abri du regard de la population. Thomas se retourna et posa ses yeux fatigués sur elle.

« Ils ont raison, admit-il. Tu sais que c'est toi qu'ils veulent voir. Tu es notre seul espoir de les convaincre, Annie. »

La jeune femme tritura l'extrémité de sa queue de cheval dorée, le regard dans le vide. Les dix ans qui s'étaient écoulés depuis l'attaque de la base de Waterloo avaient transformé la petite fille pleurnicharde et inconsciente en une belle et forte adulte, mais toujours aussi revêche.

« Je ne leur parlerai pas, dit-elle calmement. Ce n'est pas mon rôle, c'est le tien, Thom.

– Pas aujourd'hui, répondit celui-ci. J'ai beau être un prétendu stratège de guerre, j'incarne pour eux la peur et la fuite. A chaque fois que j'apparais, à chaque fois que je m'adresse à eux, c'est pour leur annoncer que notre base a été compromise et que nous devons évacuer vers la prochaine. Alors évidemment, quand ce que nous leur annonçons est d'une nature déjà effrayante, ils ne veulent pas écouter le type qui apporte toujours les mauvaises nouvelles.

– Je ne vois pas pourquoi ils m'écouteraient plus que toi. Je ne les connais pas, et ils ne me connaissent pas non plus.

– C'est là que tu te trompes, Annie. Sais-tu qui compose cette foule ? Des soldats, pour la plupart, mais aussi leurs familles qui les ont accompagnés. Je peux t'assurer que chaque enfant dans cette salle connait ton nom, sait ce que tu as accompli ces dernières années. Tu es un symbole pour eux. Tu es la courageuse humaine qui a su se dresser contre les machines.

– Conneries. » cracha Annie.

Au cours des années précédentes, les attaques de robots s'étaient faites de plus en plus fréquentes. Leurs repaires étaient découverts de plus en plus tôt, et les habitants devaient parfois évacuer avant même avoir fini de s'installer. Pourtant, l'armée rebelle ne faiblissait pas. Au contraire.

Avec le temps, ils avaient fini par comprendre de nombreuses choses au sujet de leurs ennemis. Non seulement avaient-ils pu déterminer une partie de leur fonctionnement mécanique grâce aux études de Mike le scientifique, mais ils avaient aussi été capable de décrypter nombre de leurs stratégies militaires. En les piégeant, les prenant par surprise, en les attaquant furtivement plutôt que brutalement, en se concentrant sur leurs points faibles, les rebelles avaient réussi à grandement limiter leurs pertes et à grossir nettement leurs troupes au fil des ans.

Un cœur battant dans une cage de ferOù les histoires vivent. Découvrez maintenant