-Sirius ! Descend s'il te plaît, nous devons partir. m'appelle ma mère depuis les escaliers
J'observe une dernière fois les photos qui ornent le mur. Sa petite tête présente sur chaque photo, son sourire qui me hante. La revoir me fait l'effet d'un coup de poignard dans le coeur à chaque fois. Je m'égare dans mes pensées, tentant de ravaler les larmes qui menacent de couler sur mes joues parsemées de tâches de rousseur. J'entends le pas de ma mère dans les escaliers, assez lourd, mais dynamique. Elle frappe à ma porte et entre. Je sens une perle de sel roulée sur mon visage puis une deuxième, suivie d'une troisième et puis c'est un torrent de tristesse qui déferle de mes yeux.
-Sirius, chéri, ne pleure pas, s'il te plaît, je n'aime pas quand tu pleures. dit doucement ma mère tout en me serrant contre elle
Les mots me manquent, je suis incapable de répondre, la douleur, non, ce n'est plus la douleur, c'est tellement plus. C'est si profond que je ne peux pas mettre de mot dessus. Personne ne veut d'un mot qui décrit une telle douleur, ce serait bien trop lourd. Je me défais de l'étreinte de ma mère, et me relève difficilement, j'essuie mes joues.
-Ce n'est pas de ta faute, Sirius. Personne n'est coupable dans cette histoire, tu m'entends Sirius ? Personne.
-On y va ? demandé-je, la voix tremblanteMa mère hoche délicatement la tête et sort de ma chambre. Je prends ma valise et suis ma mère jusqu'à la voiture. Je m'installe à côté de ma mère et elle démarre la voiture. J'allume la radio et augmente le volume. Je la scrute, ses iris ne brillent plus autant qu'avant, de grosses cernes noires creusent son regard et lui donnent un air si malheureux que j'ai mal. J'ai mal pour elle, pour lui avoir retiré une partie d'elle. Elle me regarde et force un sourire, la commissure de ses lèvres la trahit. Ce sourire je le connais si bien, quand elle me dit que ce n'est pas de ma faute, elle le fait. Cette façon dérangeante d'essayer de me soulager alors que ces paroles si gentilles sont une douleur insupportable.
Je détourne le regard et fixe mes bras découverts à présent. Des cicatrices, partout. Ma peau est si tailladée qu'elle forme une seule et unique cicatrice. Un corps détruit par la perte, les regrets et le dégoût. Une profonde haine me ronge les os en permanence, une haine envers moi. Si rude, si détestable, elle est ancrée en moi comme sa mort. Sa mort, à cause de moi. Elle était si innocente, si douce. C'est gravé en moi que je lui ai enlevé la vie, qu'elle ne reviendra jamais. Je ne l'entendrai plus jamais dire "Sirius, tu viens jouer avec moi ?",d'ailleurs, je n'entendrai plus jamais sa voix douce et mélodieuse. Sa voix, c'est ça qui me manque le plus. Ça fait peu de temps qu'elle nous a quitté, mais ça paraît être une éternité. J'ai si peur d'oublier sa voix, son visage, ses mains, ses répliques. Ça m'effraie plus que la mort. La mort ne me fait plus peur, la mort est une douce amie maintenant, car quand la mort me prendra en traîtresse, je pourrais enfin la rejoindre.
•••
Ça fait bientôt quatre heures que nous sommes sur la route. Ma mère affiche un grand sourire en voyant la pancarte "Bienvenue au camping du Vensac". Je tourne la tête et regarde par la fenêtre. Ma mère s'arrête brusquement. Je tourne la tête avec précipitation et vois un garçon qui doit avoir entre dix-sept et vingt ans. Habillé d'un jean beaucoup trop grand, des vans déchirées, un t-shirt blanc, un sac à dos pendant et tout abîmé et un chapeau de paille posé sur sa tignasse bleue. Ma mère klaxonne, le jeune homme relève la tête avec nonchalance et élève sa main dans les airs pour s'excuser. Je remarque qu'il tient un paquet de chips au wasabi il me semble. J'ai une grimace de dégoût en imaginant la saveur de ces chips.
J'arrive devant notre bungalow d'un vert canard. J'insère la clé dans la serrure et pousse la porte. L'odeur du bois qui m'est si familière et la chaleur de ce mois de juillet me rappelle de doux souvenirs. J'observe l'intérieur du bungalow, assis sur le canapé. Ma mère me rejoint et prend place à côté de moi.
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I care
Teen Fiction-Tu attends quoi Icare ? -La vie. Deux adolescents, une vielle camionnette, quelques oreillers, deux couvertures, une pincée d'amour mais surtout des chips au wasabi.